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Un but iranien dans les dernières secondes...

lundi 24 mai 2010 - 08h:29

Abdel Bari Atwan

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Les dirigeants iraniens ont montré une agilité remarquable afin de gagner du temps face aux pressions américano-israéliennes pour que son programme nucléaire soit l’objet d’une inspection complète et que son processus d’enrichissement d’uranium soit stoppé, écrit Abdel Bari Atwan.

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Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad

Sa dernière concession, consistant à accepter que l’uranium faiblement enrichi soit retraité en dehors du pays, en Turquie et au Brésil, n’est cependant pas une surprise.

L’Iran a gagné cette manche et a placé un but mortel dans le filet américano-israélien en signant un accord avec la Turquie et le Brésil dans les dernières minutes ou plutôt secondes, avant que n’aboutissent les efforts des États-Unis pour obtenir une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies imposant des sanctions économiques contre l’Iran.

Les autorités iraniennes savent très bien comment jouer leurs cartes au bon moment sans perdre leurs positions stratégiques et leur indépendance. Leur acceptation du principe de l’échange - c’est-à-dire la remise de plus de 1200 kg d’uranium faiblement enrichi en échange de 120 kg d’uranium enrichi à 20% pour exploiter leurs réacteurs nucléaires à des fins pacifiques, sans engagement de stopper le processus d’enrichissement [...] - a redistribué toutes les cartes.

Et cela donne aux amis de l’Iran à Moscou et à Pékin de nouveaux arguments pour s’opposer aux sanctions que les États-Unis cherchent à imposer.

La diplomatie des États-Unis déployée pour rassembler les soutiens nécessaires à des sanctions contre l’Iran, a subi un coup puissant, sinon fatal, et a entraîné un retour à la case départ même s’il n’est que temporaire. La concession que le gouvernement iranien a faite est conforme à une précédente offre américano-française, la principale différence étant le choix de la Turquie comme lieu du processus d’échange mentionné plus haut.

L’Iran a touché deux oiseaux avec une seule pierre. Tout d’abord, il a fait se relâcher la pression des États-Unis sur les cinq États membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, en particulier la Chine et la Russie, et embarrassé l’administration américaine sur le plan diplomatique. Deuxièmement, il a gagné le soutien de la Turquie et du Brésil, les deux membres non permanents du Conseil de sécurité, en faisant en sorte que leur médiation réussisse et en leur faisant exclusivement une importante concession.

Il est naturel que l’administration américaine, qui a été prise par surprise, veuille jeter le doute sur l’accord, sur les intentions iraniennes sous-jacentes et sur les perspectives de succès en affirmant que l’Iran n’avait pas respecté les accords précédents.

Le porte-parole de la Maison Blanche Robert Gibbs a déclaré que l’expédition d’uranium iranien faiblement enrichi à l’étranger serait une étape positive, mais son insistance à obtenir un enrichissement de 20 % constituerait une violation directe des résolutions du Conseil de sécurité.

Ceux qui connaissent les secrets de la politique iranienne expliquent que les autorités iraniennes sont des adeptes de la « flexibilité », laquelle se caractérise par le réalisme, ce qui leur permet de faire marche arrière au bon moment. Ils se réfèrent à l’acceptation par l’imam Khomeyni d’un cessez-le avec l’Irak, après huit années de guerre, et à sa fameuse déclaration que l’accord était comme un calice au contenu empoisonné qu’il avait été contraint de boire.

L’accord avec la Turquie et le Brésil est un pas en retrait significatif montrant un « réalisme » soigneusement calculé. Son importance peut être comprise au vu de l’état de confusion qui prévaut actuellement dans le camp occidental conduit par les États-Unis. Ce camp comprend Israël, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, en plus de quelques membres d’importance moindre dont certains États du Golfe.

* Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du quotidien al-Quds al-Arabi, grand quotidien en langue arabe édité à Londres. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.

Du même auteur :

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18 mai 201 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.bariatwan.com/index.asp?...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach


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