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Faire une fixation sur l’Iran est contre-productif

samedi 8 mai 2010 - 17h:53

Adrien Hamilton
The Independent

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Pour ceux qui se souviennent de l’époque de Nikita Kroutchev et de Fidel Castro, il y avait quelque chose de délicieusement rétro dans le sommet sur la Non Prolifération Nucléaire de cette semaine à New York avec le président Ahmadinejad, tout en sourires et barbe, sermonnant l’Occident notamment les USA et Israël, et la sortie de l’hémicycle des membres des délégations anglaises, américaines et françaises, les fesses serrées et l’air pincé, quand l’attaque s’est précisée.

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Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad

Ahmadinejad était ravi bien sûr. Quelqu’un qui se dit porte parole du Monde en Voie de Développement ne rêve que de réprimander des puissances occidentales dans un meeting international. Et d’ailleurs son discours - si l’on ose l’admettre et si on le débarrasse de l’habillage religieux - a été assez remarquable. La stratégie actuelle pour empêcher la prolifération d’armes nucléaires ne marche pas, a-t-il déclaré sans ambages ; elle a été développée pour protéger le monopole des Cinq Grands du Conseil de Sécurité et n’a pas réussi à empêcher la prolifération et ceci d’autant moins que ses membres ont aidé des pays comme l’Inde et Israël à devenir des puissances nucléaires en dehors du TNP (traité de non prolifération). Cette stratégie est désormais considérée tout simplement comme le moyen pour les puissances nucléaires de garder le contrôle des pays qui n’ont pas l’arme nucléaire.

C’est exactement ce que Washington ne voulait pas entendre, évidemment. Aux yeux de la Maison Blanche, et spécialement de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton (qui a pris soin d’arriver après le discours d’Amadinejad, bien que lui soit resté pour son discours à elle), c’est à cause de l’Iran que le programme d’Obama pour débarrasser le monde des armes nucléaires n’avance pas comme il le devrait.

Mais ce n’est pas Téhéran le fautif, c’est l’Amérique en brandissant Téhéran comme première menace à la paix mondiale. Si l’on met un instant de côté la question de savoir si Téhéran a vraiment le néfaste projet de suivre l’exemple de la Corée du Nord, on s’aperçoit que diaboliser l’Iran est devenu une tactique profitable pour les puissances nucléaires.

Les USA utilisent le programme nucléaire de l’Iran pour justifier leur inébranlable soutien à Israël. Israël utilise les déclarations belliqueuses d’Ahmadinejad pour demander l’aide de Washington avec la menace voilée d’attaquer unilatéralement l’Iran si les USA ne font rien.

Les Anglais voient en l’Iran le moyen de démontrer leur utilité aux Américains et de justifier leur programme nucléaire ainsi que la détermination des Conservateurs comme des Travaillistes à le poursuivre. Les Français, de leur côté, sont ravis que ce problème détourne l’attention de leurs propres réserves d’armes.

Que l’Iran soit, comme on semble le croire à Washington, une réelle menace nucléaire ou non est discutable. Les Iraniens disent que non, surtout pour des raisons religieuses qui ne doivent pas être rejetées à la légère. Le Pentagone et le vieil institut des affaires étrangères disent qu’ils n’en croient pas un mot. L’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA) reconnait avoir des inquiétudes mais aucune preuve des intentions malveillantes de Téhéran. Le réalisme politique incline à penser qu’étant donné les pressions et les menaces auxquelles l’Iran a dû faire face depuis la Révolution Islamique, ce ne serait pas étonnant qu’il souhaite développer le savoir-faire technique pour construire une bombe même s’il n’a pas l’intention de le faire.

Mais le fait est que l’Iran a signé le traité de non prolifération (TNP) et a accepté des inspections mêmes si elle étaient restrictives, et - en dépit de ce qu’affirme Madame Clinton- l’AIEA n’a relevé aucune violation aux règles. Si on étudiait raisonnablement la situation - mais en ce qui concerne l’Iran les USA pour des raisons inhérentes à leur histoire ne sont pas raisonnables - l’Occident et l’ONU devraient utiliser le TNP pour engager des pourparlers avec l’Iran et l’amener à accepter un contrôle plus serré des échanges de matériaux nucléaires et de compétences.

Mais nous faisons le contraire, nous essayons de vaincre ce pays et de l’acculer à se soumettre par des sanctions qui ne feront que renforcer la position de son gouvernement. Le problème que pose l’Iran est un problème intérieur et non extérieur.

Le constat de son Président est juste. Le TNP ne marche pas. Il est trop orienté, trop hypocrite et permet trop d’exceptions. Pour le Moyen-Orient, par exemple, où les USA et l’Angleterre se trouvent dans la délicate situation de soutenir que la paix ne peut y être maintenue que grâce à l’hégémonie nucléaire d’un pays, Israël, qui n’a pas voulu signer le TNP, tout en s’acharnant sur un pays, l’Iran, qui lui l’a signé.

Si Obama veut faire un nouveau départ il faudra qu’il élabore une nouvelle approche.

BP (Basic Politics) [jeu de mot sur le sigle de BP qui signifie : politique minimaliste NdT]

Devrait-on ressentir de la sympathie pour BP qui se bat avec sa marée noire off-shore dans le golfe du Mexique ? La réponse est non. La sympathie ne s’accorde ni avec ni aux grandes compagnies de pétrole. Ce n’est pas parce qu’elles sont trop grandes pour échouer, c’est parce que leur taille les rend incontrôlables. Le débordement du puits a été rendu possible par la déréglementation opérée par un comité dirigé par (vous l’avez deviné) Dick Cheney. Mais même ainsi, et même si la plate-forme était gérée par un sous-traitant, BP aurait dû exiger un plus haut niveau de sécurité étant donné l’expérience que la firme a accumulée dans la mer du Nord.

Mais c’est la teneur des critiques proférées contre la société BP par la Maison Blanche qui m’inquiète. Tout tourne autour du devoir de BP de payer pour le nettoyage (ce que la firme a accepté de faire) et non son devoir d’empêcher que la marée noire ne continue de se répandre. C’est de la politique bien sûr. C’est la même chose avec les banques : les leaders, même les plus respectables comme le Président Obama, sont obsédés par l’argent des contribuables et pas par la réglementation. Total, au large des côtes américaines ouvertes maintenant à l’exploitation pétrolière nous avons une catastrophe écologique qui n’aurait jamais dû se produire.

6 mai 2010 - The Independent - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.independent.co.uk/opinio...
Traduction de l’anglais : Dominique M.


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