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Un racisme alarmant en Israël

samedi 17 avril 2010 - 05h:58

Stephen Lendman

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Les sociétés civilisées acceptent que tous les citoyens soient égaux, ou supposés tels. Israël rejette cette norme, y compris pour des juifs défavorisés.

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St Jean d’Acre, octobre 2008, la violence s’est déchaînée contre les Arabes israéliens - Photo : AFP




Mossava veut dire égalité, le centre juridique Mossava soutient l’égalité pour les citoyens arabes d’Israël - qui sont environ un million et demi, soit 20% de la population. Créé en 1997, « le centre s’efforce d’améliorer la situation sociale, économique et politique des (arabes israéliens), tout en préservant leurs droits nationaux et culturels en tant que Palestiniens. » Il défend aussi l’égalité sexuelle « dans toutes les sphères de la société ».

Par son communiqué de presse du 29 septembre 2009, « Le Haut Comité de suivi des citoyens arabes (une organisation qui représente les Arabes israéliens) appelle à un arrêt de travail général d’une journée le 1er octobre » pour protester contre la détérioration des conditions auxquelles ceux-ci sont confrontés et la carence d’Israël « à faire appliquer la justice pour les familles des 13 victimes arabes tuées par les forces de sécurité lors des évènements d’octobre 2000 », début de la Seconde Intifada.

Le comité appelle les institutions et entreprises commerciales arabes à respecter l’arrêt de travail pour s’opposer aux démolitions de maisons dans le Triangle et le Néguev ; aux constructions coloniales en Galilée et dans le Triangle ; à la discrimination dans l’attribution des ressources ; à la violence politique, à l’intimidation, aux incitations raciales et politiques ; et pour le droit des citoyens arabes « à exister et à vivre dans la dignité dans leur patrie historique ».

Pour le centre Mossava, l’actuelle Knesset est la plus raciste de l’histoire.

Le 21 mars, un article dans Ha’aretz de Jack Khoury et Dana Weiler-Polark, titrant sur les accusations ci-dessus, indique que le rapport de Mossawa montre « qu’en 2008, il y eut (12) projets de loi (et non 11 comme l’écrit Ha’aretz) définis comme racistes, » suivis de 12 autres en 2009, spécifiquement contre les Arabes israéliens.

Un article de Lizi Sagi et de Nidal Othman estime que, « Il n’y a jamais eu une Knesset aussi active pour proposer une législation discriminatoire et raciste contre les citoyens arabes du pays. »

Ils accusent les députés de droite d’être « à l’aise avec qui leur la législation présentée », dont une grande partie va à l’encontre des décisions de la Cour suprême, ou qu’ils modifient superficiellement des projets de loi illicites pour qu’ils soient adoptés. D’autres cherchent à nuire aux citoyens arabes, à les séparer des juifs, et « même à appeler à l’expulsion de (toute) la population arabe. »

D’autres mesures discriminatoires concernent les services, les allocations, et infligent un an d’emprisonnement à quiconque publiera ou dira quelque chose qui « exposerait le pays au mépris ou à un sentiment de gêne ».

Le ministre des Transports, Yisrael Katz, veut que les panneaux de signalisation traditionnellement en hébreu, arabe et anglais soient traduits en hébreu uniquement pour effacer l’identité historique. Mais ce faisant, il viole la décision de la Cour suprême qui reconnaît l’arabe comme une langue officielle israélienne.

D’autres mesures visent ceux qui achètent des terres et il y a la loi dite loi Nakba, dont la mouture initiale a été atténuée par le retrait de la peine d’emprisonnement, mais qui comprend une disposition qui supprime tout financement public à un organisme d’Etat qui célébrerait la Nakba. Les programmes des écoles arabes doivent retirer toute mention de la Nakba, en fait, en l’interdisant purement et simplement la loi dénie aux Arabes israéliens, leur identité et leur mémoire collectives, et le droit d’exprimer librement leurs opinions, surtout à propos de quelque chose de cette importance.

La loi d’Incitation menace de prison quiconque nie l’existence d’Israël en tant qu’Etat juif, démocratique, et la loi sur la Loyauté à Israël envisagée retire la citoyenneté à tous ceux qui refusent d’en prêter serment. Une autre mesure interdit encore les manifestations près des édifices publics officiels et de services sociaux, comme de tout autre bâtiment traitant du bien-être public. C’est la mesure à deux doigts d’interdire toutes manifestations critiquant la politique du gouvernement.

La loi sur la Prévention de l’inflation inclut des dispositions refusant toute protection et soins aux demandeurs d’asiles, et impose de longues peines de prisons pour les personnes reconnues « infiltrées » et pour les militants des droits de l’homme qui les ont aidées. D’autres mesures touchent à la liberté d’expression, de logement, de l’engagement politique, et aux droits des Bédouins dans les villages dits non reconnus, à une maison pour des dizaines de milliers d’entre eux qui vivent dans des conditions épouvantables, des mesures combinées aux dépossessions forcées pour judaïser du Néguev et de la Galilée.

Rapport 2009 du Centre Mossava sur le racisme

Le rapport commence par ces mots, « Presque tous les jours un nouvel Arabe israélien est victime d’actions racistes  ». Mossawa documente 271 cas, dans diverses catégories, confirmés par la presse et des rapports de police. « La plupart de la documentation se rapporte aux faits, » pas aux individus, mais leur nombre total dépasse de loin les faits évoqués.

Mossawa s’inquiète que les sévices des Territoires palestiniens occupés (TPO) franchissent progressivement la Ligne verte. Depuis le déclanchement de la Seconde Intifada (après la provocation d’Ariel Sharon le 28 septembre quand il est venu à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem), peu de confrontations entre citoyens arabes et israéliens s’étaient produites avant les violences d’Acre, en Galilée, en octobre 2008. Les incidents aujourd’hui « créent une séparation entre des communautés qui auparavant coexistaient pacifiquement.  » Résultat, les citoyens arabes israéliens sont confrontés à un avenir social, économique et culturel perturbateur.

En plus d’Acre, des groupes organisés ont aussi agressé des civils arabes à Jérusalem, Tibériade, Nazarett Illlit, Carmiel et dans d’autres villes - ce qui laisse supposer qu’il y en aura d’autres si des mesures ne sont pas prises pour y remédier.

Conclusions spécifiques de Mossawa

De 2000 à 2008, 43 Arabes israéliens ont été tués. Une seule fois, un agent de police a été inculpé et condamné, et à seulement six mois de prison pour assassinat. Un autre agent a été accusé et est toujours en service, « ayant bénéficié du soutien » de son commandant.

Depuis les procès des deux policiers, en 2006, les juges repoussent leurs décisions à six mois après la fin des procédures. De ce fait, les 13 familles des tués lors du déclanchement de l’Intifada attendent toujours que justice leur soit rendue, même si les recommandations claires de la Commission Or (créée pour l’enquête) n’ont pas été appliquées par le procureur général.

Deux juifs qui ont tué des Arabes ont été admis en hôpital psychiatrique et déclarés incapable, et n’ont pas été jugés. Quatre ans après que Natan Zadah ait tué 4 arabes, les enquêtes se poursuivent. Après sa mort, 15 résidents de Shefaram sont interpellés, suspectés d’être impliqués. Quatre Palestiniens de Jérusalem-Est ont été tués après qu’on ait tiré sur eux à plusieurs reprises, « même une fois qu’ils étaient manifestement paralysés ». Aucune enquête n’a été ordonnée.

La police a agressé et blessé 17 Arabes israéliens, une augmentation de 300% depuis 2008. Pendant la guerre de Gaza, la police a intensifié les violences et arrêté 700 citoyens arabes. Ils ne furent qu’un petit nombre à être inculpés.

Des civils juifs sont impliqués dans les incidents les plus racistes (environ 70), dix fois plus que l’année dernière. La plupart ciblent des Arabes et impliquent des agressions et des destructions de biens. Les incidents d’Acre en octobre 2008 ont conduit à faire expulser plus de 80 personnes de leurs maisons, la plupart avaient été « blessées à plusieurs reprises ». Même si elle a procédé à des arrestations, la police « a failli dans sa mission d’empêcher des confrontations de masses » et elle n’a pas arrêté les jeunes qui étaient impliqués dans les agressions d’Acre et Carmiel.

Les membres de la Knesset, d’autres personnalités publiques, et des rabbins sont mêlés à 29 incidents racistes, spécialement durant la guerre de Gaza et dans les campagnes électorales, notamment par le biais d’articles dans la presse de masse. La Commission centrale des élections (CCE) n’a pris aucune mesure.

Le New Israel Fund et l’Union du Football ont recensé 39 incidents racistes lors de compétitions, pas contre des Arabes mais contre des gens à la peau bien bronzée - chiffre qu’il faut comparer aux 32 cas recensés en 2008. 15 autres incidents « au profil racial et discriminatoire dans les services » sont relevés, un chiffre en baisse parce que maintenant les tribunaux imposent des amendes pour discrimination commerciale à base raciale.

La Cour suprême, cependant, n’a pas abordé la situation sur les aéroports.

10 cas de discrimination religieuse sont recensés, qui incluent notamment une destruction dans un cimetière et un autodafé de livres saints.

La Knesset en 2008 a débattu de 12 projets de lois discriminatoires, et la Cour suprême n’a pas voulu toucher à la loi provisoire sur la Citoyenneté et l’Entrée en Israël, renouvelable tous les six mois. Elle rend les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza inéligibles aux permis de séjour s’ils sont mariés à un citoyen israélien, une mesure qui est préjudiciable à des milliers de famille chaque année.

Les dirigeants arabes israéliens sont systématiquement délégitimés. « Les dirigeants politiques israéliens, le gouvernement, la police et les conseillers juridiques du gouvernement se servent de la menace démographique pour durcir leurs positions politiques à l’égard des dirigeants de la minorité arabe, » notamment en leur interdisant de se rendre dans les Etats de la région qui n’ont pas reconnu diplomatiquement Israël. En les obligeant également à accepter Israël en tant qu’Etat juif pour pouvoir être députés, autrement dit, en les obligeant à renoncer à leur propre patrimoine.

Les dirigeants arabes qui contreviennent à ces dispositions sont soumis à enquête afin de les persécuter et les délégitimer. Pendant la guerre de Gaza, la police et les services de sécurité ont procédé à de nombreuses arrestations, en guise d’avertissement aux dirigeants arabes du pays. De plus, pour la troisième fois depuis le début des années 1990, la Commission centrale des élections a interdit à deux partis politiques arabes de se présenter aux élections nationales. Même si la Cour suprême a annulé cette décision, ça a jeté un froid dans la communauté arabe qui craint des mesures plus sévères à l’avenir.

Des juifs ont été eux aussi victimes de racisme, spécialement parmi les immigrés russes et éthiopiens, de même que des homosexuels.

Résumé des incidents racistes en 2008 et 2009 par le Mossawa

Nature  : 2008  : 2009
Violences policières depuis octobre 2000, nombre d’Israéliens arabes tués  : 41  : 42
Autres violences policières contre des Israéliens arabes  : 6  : 17
Agressions de civils juifs contre des Israéliens arabes  : 7  : 70
Incitations raciales  : 27  : 29
Discriminations religieuses  : 8  : 10
Discriminations dans les services publics  : 26  : 15
Cas de racisme liés au football  : 32  : 39 à mars 2009
Délégitimations de dirigeants politiques arabes israéliens  : 15  : 23
Projets de lois racistes à la Knesset  : 12  : 12
Discriminations contre des immigrés russes et éthiopiens et contre des homosexuels  : 6  : 14
 :  :
Total  : 180  : 271

Mossawa s’alarme devant l’augmentation des persécutions contre les Arabes israéliens et contre les Palestiniens sous occupation - on n’est pas loin peut-être d’être confrontés à des assassinats ciblés, à un nombre plus élevé de dépossessions, à des incarcérations massives et à la torture. Les Arabes israéliens sont déjà privés des droits qui sont accordés aux seuls juifs.

Les sociétés civilisées acceptent que tous les citoyens soient égaux, ou supposés tels. Israël rejette cette norme, y compris pour des juifs défavorisés, rejetés au profits des plus privilégiés à la façon dont l’Amérique traite les minorités, les pauvres, les défavorisés, les immigrés latinos sans papier déclarés en illégalité, et les musulmans persécutés en tant que terroristes.

Né en 1934 à Boston, Massachusets, il obtient son diplôme universitaire en lettres et sciences humaines à Harvard en 1956 et la maîtrise de gestion de Wharton en 1960. Analyste de recherche en marketing dans une petite entreprise familiale de 1967 à sa retraite en 1999, il consacre depuis son temps à des causes progressistes sur le monde vital et des sujets nationaux, comme la guerre et la paix, l’impérialisme américain, la position dominante des entreprises, les persécutions politiques, et toute une série d’autres questions sociales, économiques et politiques.

Voir son blog : http://sjlendman.blogspot.com/.

Son adresse courriel : lendmanstephen@sbcglobal.net.

Du même auteur :

- L’endoctrinement des jeunes Israéliens pour en faire des guerriers
- Défendre le sionisme : défendre l’indéfendable
- Punir Gaza

12 avril 2010 - SteveLendmanBlog - traduction : JPP


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