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Il est temps d’aller voir Gaza

samedi 17 février 2007 - 11h:26

Miko Peled - The Electronic Intifada

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De Nancy Pelosi et Hillary Clinton à George Bush et Condoleezza Rice, tous, les uns et les autres, se retrouvent pour soutenir l’agression d’Israël contre le peuple palestinien et son territoire.

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Ecolières sur le chemin de l’école dans le camp de Balata près de Naplouse. (AP/Ishtayeh)

Le conflit israélo-palestinien est un domaine sur lequel les libéraux et les néo-conservateurs en Amérique trouvent un terrain d’entente. De Nancy Pelosi et Hillary Clinton à George Bush et Condoleezza Rice, tous, les uns et les autres se retrouvent pour soutenir l’agression d’Israël contre le peuple palestinien et son territoire.

La critique du livre de Jimmy Carter, Palestine : la Paix, pas l’Apartheid en est en exemple. L’hystérie de la droite n’est pas digne d’être relatée mais l’oratrice à la Chambre, Nancy Pelosi, s’est vraiment surpassée dans son intervention : « Il est faux de suggérer que le peuple juif soutient un gouvernement, en Israël ou ailleurs, qui institutionnalise une oppression sur une base ethnique. » Faux de le prétendre ? Voici quelque chose de vrai à suggérer : Madame l’oratrice, il est temps d’aller voir à Gaza.

Dans Les Tribus triomphantes, sans doute l’un des meilleurs livres écrits sur le Moyen-Orient, le journaliste Charles Glass décrit les enfants de Gaza sur le chemin de leur école : « ... Les petites filles avec leur collier à frange blanc, les garçons conduisant leurs plus jeunes frères... avec leur sac de toile pour leurs livres sur le dos, les cheveux brossés vers l’arrière, le visage lavé... Des milliers et des milliers de pas d’enfants qui les conduisent sur les chemins poussiéreux de la porte d’entrée de chez leur maman jusqu’à leur école... De beaux enfants si innocents qu’ils pourraient rire, même à Gaza. »

Glass révèle que 56,6% des 1,4 million de personnes qui vivent à Gaza (si on peut appeler ça vivre) ont moins de 18 ans. Cela veut dire 792 400 enfants ; à Gaza, aucun cinéma, aucun théâtre, aucune salle de concert et aucun endroit pour les distractions ou l’amusement. Où jouent alors ces enfants ? Israël contrôle tous les accès, hors et dans Gaza, ne permettant jamais à ces enfants de voir le monde extérieur à cette minuscule bande de sable surpeuplée qu’ils appellent leur pays. Si ceci, Madame l’oratrice, n’est pas une oppression sur une base ethnique, qu’est-ce que c’est ?

« Gaza d’abord » était le slogan qui a fait démarrer les accords d’Oslo au début des années 90. Aujourd’hui, bien qu’innocents, des homme sans arme, des femmes et des enfants de Gaza sont emprisonnés, privés de nourriture et abattus par Israël, au grand jour ; il est évident que, au regard des accords d’Oslo, c’était un autre clou au cercueil d’une paix juste et durable. Puis, ce fut le désengagement de Gaza par Sharon, présenté faussement par Israël comme une « concession pour la paix ». Simulant un retrait de Gaza en faveur de la paix, Israël a resserré le n ?ud autour de Gaza et de son peuple tout en se débarrassant de son obligation d’assurer le bien-être des Palestiniens de Gaza.

Les gens considèrent Gaza comme un foyer de terreur, négligeant ou, peut-être, refusant de voir que les personnes de Gaza essaient, bien qu’inutilement, de résister à la terreur sous laquelle ils sont forcés de vivre. Près d’un million des 1,4 million de résidents sont des réfugiés ou des descendants de réfugiés, qui ont été contraints de quitter leur domicile en d’autres régions de Palestine, pour devenir emprisonné et appauvri dans Gaza.

Dans La Route pour nulle part, Tanya Reinhart écrit : « Depuis 1967, 280 000 personnes de Gaza sont passées par les prisons israéliennes, les cellules de détention et les salles d’interrogatoires. ». On ne peut pas ne pas faire le lien : les habitants de Gaza se sont fait un nom par leur résistance à l’occupation israélienne de la Palestine, avant même 1967, et ils ont payé chèrement cette résistance.

Le 11 décembre 2006, Jan McGirk montrait dans The Independent les effets de la terreur israélienne sur les enfants de Gaza : « Aucun enfant sain peut rester non affecté par la mutilation de la Bande de Gaza. Des camarades de jeu se font tuer ou mutiler fréquemment : au dernier bilan, les fusils israéliens avaient fait périr 88 enfants gazans et en avaient blessé 343 autres entre mi-juin et décembre 2006 ». Plus loin, elle écrit : « Dans les dures conditions de Gaza, des mères ont du mal à dire si leur progéniture est en train de pleurer d’effroi, de douleur ou d’abattement. Mais quand les mômes qui normalement sont chamailleurs restent silencieux, alors c’est le premier signe de cicatrices mentales d’une peur constante. ». Elle ajoute : « Muhammad, qui frapperait un plus petit que lui ou ferait voler en éclats des tasses s’il n’obtenait pas ce qu’il veut, a révélé lors d’une réunion après l’école que deux soldat israéliens avaient exécuté un jeune homme juste devant lui. »

En Amérique, les gens parlent toujours d’un « processus de paix » et la situation à Gaza et en Cisjordanie est qualifiée de conflit entre deux peuples qui n’arrivent pas à trouver un juste compromis. Peu osent dire que le seul processus qui est en cours est celui de l’oppression pour l’expansion. Les enfants palestiniens sont mis en prison, traumatisés, privés de nourriture et assassinés pour que les Israéliens puissent garder leur hégémonie sur la « Terre d’Israël ».

Gaza est un dommage collatéral, les enfants de Gaza sont sans importance et les dirigeants du monde éclairé, démocratique d’Occident, ne pourraient moins s’en soucier. Mais en dépit de son énorme puissance militaire, on peut et on doit remettre en cause l’autorité israélienne sur la vie à Gaza. La conscience populaire se doit d’agir, de sorte que cesse l’oppression à base ethnique, dont l’oratrice à la Chambre, Pelosi, dit qu’elle n’existe pas quand on en accuse Israël.


Miko Peled est Israélien, il vit à San Diego (Californie). Il est le fils du général israélien décédé, Matitvahu Peled et donc le frère de Nurid Peled-Elhanan, professeure à l’université de Jérusalem, dont la fille, Smadar, 14 ans, fut tuée dans un attentat à Jérusalem et deux fils sont refuzniks.

The Electronic Intifada - 13 février 2007
Traduction : JPP


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