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Turquie, terrain perdu d’Israël ??

mardi 19 janvier 2010 - 09h:28

Leila Mazboudi - Al-Manar

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Entre arrogance et humiliation, les Israéliens perdent les pédales avec les Turcs.

Ceci a été bien clair lors de la crise diplomatique qui a éclaté avec l’humiliation infligée à l’ambassadeur turc à Tel Aviv, suivie dans un intervalle de 24 heures par l’humiliation essuyée par l’entité sioniste qui a dû s’excuser deux fois avant qu’elle ne soit pardonnée. Et entre les deux, un premier tollé suscité par les médias, critiquant l’emballement israélien, puis une deuxième vague de critiques israéliennes, s’offusquant pour l’humilité israélienne qui a imprégné les excuses.

Ces camouflets qui frisent la bêtise perdurent depuis l’altercation de Davos, entre le Premier ministre turc Recep Tayeb Erdogan et le président israélien Shimon Perez. Cette occasion avait fait monter à la surface une position turque inattendue, et a lancé les spéculations sur un chamboulement de la politique turque à l’encontre de l’entité sioniste, après près de 50 années d’alliance, scellée d’une entente militaire conclue dans la deuxième moitié des années 90.
Jamais un responsable israélien n’avait été aussi offensé, voire aussi ridiculisé de face, devant les caméras, comme ce fut le cas de Perez.

Pour les Israéliens, alors que leurs anciens ennemis, les Arabes passaient en dégringolade vers le camp de la soumission, ce sont leurs anciens alliés qui continuent de passer à celui de la contestation.

Il y a quelques trente ans, ce fut le cas, certes bien plus catégorique, d’un pays voisin de la Turquie : l’Iran.

Pourtant, dans leurs positions officielles, les Israéliens avaient tenté tant bien que mal de cacher leur différend avec Ankara, affichant qu’il ne s’agit que d’un nuage d’été.

Mais c’est bien le contraire qui se manifestait.

Les responsables turcs ne ménageaient aucune occasion pour hausser le ton contre Tel Aviv : exigeant la suspension du blocus contre Gaza ; annulant une visite officielle à Tel Aviv, car les Israéliens leur ont refusé de se rendre à Gaza ; interdisant aux avions de chasse israéliens de participer à des man ?uvres conjointes, devenues pourtant un exercice annuel ; critiquant à chaque occasion la politique israélienne, "pour son refus de la paix" ; menaçant que jamais plus Ankara ne restera les mains croisées en cas de nouvelle agression contre la Bande de Gaza, ou en cas des menaces à la paix dans la région ; ignorant les mises en garde proférées en collaboration de la France, de ne plus pouvoir prétendre à la médiation avec la Syrie...

Et lorsque les Israéliens leur ont vendu des drones défectueux, (serait-ce par mesure de rétorsion ?), ils sont allés jusqu’à les menacer de les traduire devant la justice internationale. Une semaine avant la visite de Barak, dimanche, un responsable israélien est venu en catimini en Turquie pour régler l’affaire.

Lors de sa visite, le ministre de la Guerre a essayé de nouveau la politique de camouflage : comme si la crise qui avait éclaté il y a quelques jours n’était qu’un évènement passager. Présentant de nouvelles excuses. Comme si ses rencontres prévues avec le président, le Premier ministre et le chef d’état-major turcs n’ont pas été annulées. Comme si sa visite de quatre jours n’avait pas été écourtée à quatre heures. S’efforçant de flatter l’importance primordiale de la Turquie dans la région.

Mais après son départ, il a dû une fois de plus entendre les commentaires de l’irréductible Erdogan, lequel après avoir accepté les excuses de Barak, "qui est le deuxième partenaire de la coalition au pouvoir, tandis qu’Ayalone n’est qu’un vice-ministre des Affaires étrangères", a affirmé haut et fort que "la crise diplomatique avait bien montré que personne ne peut oser se jouer de la Turquie".

Politique des grandeurs ? Des lectures contraires sont fournies : la première, celle qu’Ankara est en train d’utiliser le conflit israélo-palestinien pour renforcer ses intérêts, dont, entre autres, promouvoir sa position régionale et pousser l’Union européenne à accepter son adhésion parmi ses rangs ? La seconde est qu’elle décidée à investir ses intérêts, et surtout ses atouts de force en faveur d’une solution juste de ce conflit ?

À la lumière de la fermeté affichée par les Turcs, d’aucun opterait pour la deuxième analyse.

Sachant que ses positions puisent leur force du fait qu’elle est un allié d’Israël, qui ose les critiques et les pressions auxquelles les autres ont renoncées, Ankara montre de plus en plus qu’elle peut faire d’une pierre deux coups : acculer au mur l’entité sioniste tout en réalisant ses propres intérêts. Du coup, l’entité sioniste est bien en position de faiblesse.



Du même auteur :

- Israël humilié après avoir humilié
- Rapport accablant : La mort sioniste qui dégouline sur les Palestiniens
- Plomb durci : la mort au ralenti dans la Bande de Gaza
- Menaces de guerres israéliennes : cri de détresse ou cri de guerre ??
- Indemnisations pour les Juifs arabes contre celles des réfugiés palestiniens ?

18 janvier 2010 - Al-Manar


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