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Les Américains menacés dans le ciel irakien

samedi 10 février 2007 - 05h:54

A. de La Grange

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La perte de six hélicoptères en trois semaines conduit à un changement de stratégie.

SÉRIE NOIRE dans un paysage irakien déjà bien plombé. Avec au moins six hélicoptères détruits en trois semaines, le corps expéditionnaire américain est gagné par un doute sérieux sur l’évolution du conflit. Le dernier drame, la chute d’un hélicoptère Chinook des Marines dans la province rebelle d’al-Anbar mercredi, a fait sept morts et précipité les choses. Hier, un haut responsable américain a confié que la doctrine d’emploi des hélicoptères en Irak allait être revue.

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L’utilisation probable par la guérilla irakienne de missiles antiaériens dernier cri pour détruire les hélicoptères va compliquer la tâche de l’armée américaine (US Army/AP)

Pour les forces américaines, ce nouveau défi lancé par les rebelles dans la « troisième dimension » est des plus inquiétants. Au fil des mois, elles n’ont en effet cessé d’intensifier leur recours à l’hélicoptère. Pour un corps expéditionnaire peu nombreux - il va passer de 130 000 à 150 000 hommes - par rapport à la taille du pays, l’hélicoptère est un moyen crucial. Au-delà des missions classiques d’attaque et de liaison, GI et Marines s’en servent de plus en plus pour installer des postes de commandement mobiles, dans le cadre de la numérisation du champ de bataille. Et, surtout, pour des missions logistiques. Les routes sont en effet devenues un cauchemar pour les patrouilles comme les convois d’approvisionnement, en raison des engins explosifs improvisés (IED) utilisés avec inventivité par la guérilla. Cette tactique des « road side bombs », copiée sur celle du Hezbollah au Liban-Sud, est responsable de la grande majorité des pertes occidentales. Voilà donc la mobilité de l’armée américaine menacée sur terre comme dans les airs.

Quelle est l’explication de cette vulnérabilité accrue des hélicoptères ? Le patron de l’état-major interarmes, le général Peter Pace, a avoué son trouble, évoquant un possible « changement de tactique, de techniques et de procédures de la part de l’ennemi ».

La grande question est de savoir si la guérilla irakienne est désormais dotée d’armes nouvelles, en l’occurrence de missiles antiaériens dernier cri. Cet automne, le général John Abizaïd, patron des forces américaines au Moyen-Orient, s’était déjà alarmé de l’apparition d’armes antichars de dernière génération - comme le lance-roquettes RPG 29 à double charge - sur le théâtre irakien. Des engins utilisés par le Hezbollah contre Tsahal l’été dernier.

Un message de l’Iran ?

Côté hélicoptères, rien n’est clair. Des sources américaines avancent l’utilisation intelligente d’armes classiques (mitrailleuses...) pour abattre ces hélicoptères, un moyen pour les rebelles de contourner les dispositifs antimissiles performants qui les protègent. D’autres sources font état de tirs de missiles sur ces appareils. « Si c’était le cas, cela pourrait changer beaucoup de choses, explique une source militaire, les Américains en Irak se trouveraient un peu comme les Soviétiques à la fin de l’Afghanistan, quand leur mobilité réduite au sol et basée sur les hélicoptères avait été gravement compromise par les missiles sol-air Stinger fournis aux moudjahidins ».

En filigrane se profile une question très politique. Ces armes antichars ou antiaériennes de dernière technologie sont forcément de fabrication russe. Avec de forts soupçons de transit par la Syrie ou l’Iran. Du conflit au Liban-Sud cet été, Téhéran a tiré une grande leçon : il faut mettre l’accent sur l’armement antiaérien. La fourniture de missiles aux insurgés irakiens serait-elle un message envoyé aux Américains, pour les avertir des dangers d’une campagne aérienne en Iran ? Ce n’est peut-être qu’un hasard, mais les Iraniens semblent avoir envoyé mercredi un autre signal, en annonçant avoir testé avec succès leur nouveau système de défense antiaérien russe TOR-M1...

Arnaud de La Grange - Le Figaro, le 9 février 2007


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