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Irakiens persona non grata

jeudi 8 février 2007 - 16h:18

Laure Jouteau

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Syrie-Irak. La question des réfugiés envenime à nouveau les relations entre les deux pays.

Les relations diplomatiques entre la Syrie et l’Irak sont au plus bas, après l’attentat le plus meurtrier depuis 4 ans à Bagdad, qui a fait 130 morts samedi dernier. « Je peux vous assurer que 50 % des actes criminels et des attentats sont commis par des Arabes takfiris qui viennent de Syrie », a déclaré le porte-parole du gouvernement irakien, Ali Al-Dabbagh, sur la télévision publique Iraqiya.

Il a ajouté que le soutien financier accordé au terrorisme et touchant l’Irak venait de Syrie. La semaine dernière déjà, M. Al-Dabbagh avait dénoncé les mesures « hostiles » de Damas sur le dossier des réfugiés irakiens. Ces dernières semaines, la Syrie a, en effet, restreint les conditions de séjour des réfugiés irakiens, suspendu les vols de la compagnie nationale Iraqi Airways pour des « raisons techniques », et accueilli officiellement un chef religieux sunnite recherché en Irak pour « incitation à la violence confessionnelle », Hareth Al-Dari.

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Réfugiés irakiens - Ph. Google.fr

Depuis le 20 janvier dernier, le permis de séjour de trois mois renouvelables délivré aux Irakiens a été réduit à deux semaines renouvelables une seule fois. Les réfugiés doivent à l’issue de ces quatre semaines maximum repartir au moins un mois en Irak avant de pouvoir revenir en Syrie. Certains réfugiés témoignent de la difficulté à obtenir ce nouveau titre de séjour, pour lequel il faut « présenter des documents, dont un contrat de location », explique Mohamad à l’AFP. Plus d’une centaine d’Irakiens dépourvus désormais de permis de séjour se sont rassemblés devant le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) de Damas, espérant une intervention de l’Onu.

Plusieurs parlaient d’organiser un sit-in lundi dernier. « J’ai fui. Si je rentre, je suis mort. Ils ont tué mon frère. (...). Mais je suis contraint de rentrer en Irak pendant un mois », témoigne Hussein, un autre réfugié qui risque l’expulsion. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’Onu, il y a au moins deux millions d’Irakiens réfugiés à l’étranger, dont au moins 600 000 en Syrie. « Les réfugiés irakiens courent à la catastrophe. Cette décision a provoqué la colère des Irakiens à l’égard de la Syrie ».

Pourtant, après 26 ans de rupture des liens diplomatiques entre les deux pays, dirigés par des branches concurrentes du parti Baas, l’Irak et la Syrie avaient fait un pas l’un vers l’autre depuis le 21 novembre 2006, date de la première visite officielle du ministre des Affaires étrangères syrien, Walid Al-Mouallem, à Bagdad. Le président Jalal Talabani avait également effectué en janvier 2007 une visite officielle à Damas. M. Assad s’était alors engagé à « fournir toute l’aide nécessaire pour faire face aux opérations terroristes », selon M. Talabani.

M. Assad a réaffirmé, jeudi 1er février lors de son entretien avec Hareth Al-Dari, son attachement à « la stabilité en Irak ». Le président syrien a également souligné que son pays se voulait « à égale distance de toutes les parties irakiennes », et a souligné « l’importance des religieux dans la réconciliation nationale irakienne », selon Sana. Le cheikh Hareth Al-Dari dirige une association hostile à l’occupation américaine et réclame l’abolition de l’actuelle Constitution.

Il a également affirmé que les tentatives de réconciliation organisées par le gouvernement irakien n’étaient pas « sérieuses ». Les responsables irakiens ont prévu d’organiser une conférence ministérielle régionale sur l’Irak en mars avec l’Egypte, la Jordanie, la Syrie, l’Iran, la Turquie, l’Arabie saoudite, le Koweït, le Bahreïn, la Ligue arabe et l’Organisation de la conférence islamique.

Laure Jouteau - Al-Ahram Hebdo, semaine du 7 au 13 février 2007, numéro 648


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