Certains Américains célèbres s’expriment courageusement contre le sionisme, et ils méritent les remerciements des Arabes, écrit Ibrahim Nafie.

Ibrahim Nafie

L’ancien président américain Jimmy Carter se trouve confronté à une terrible bataille contre le lobby juif. Depuis son récent livre Palestine : Peace not Apartheid, Carter est devenu le mauvais garçon du lobby israélien et des néo-conservateurs. Il est apparu dans plusieurs débats avec des personnes pro-Israël et il a fait des conférences dans des institutions juives pour expliquer son point de vue, mais son sang-froid n’a pas réussi à lui apporter quelque chose d’autre en retour que la calomnie et l’injure.

Les supporters d’Israël ont accusé Carter de mensonge, de vol de plans et de documents, d’être affamé de publicité, et - devinez quoi - de racisme et d’anti-sémitisme.

En dépit du dénigrement, Carter a continué en cette direction. Quelques jours plus tôt, il a fait une conférence à l’Université de Brandeis, une institution essentiellement juive. Carter a parlé de son livre, en disant que son choix du terme « apartheid » avait pour but de pousser à la réflexion, car il souhaitait que les gens réfléchissent prudemment sur le traitement des Palestiniens par Israël. Il a ajouté qu’il avait utilisé le terme « juste » 28 fois dans son livre, car un accord de paix doit être juste afin de durer. La politique d’Israël envers les Palestiniens ébranlait la paix dans la région, a-t-il déclaré.

Dans sa discussion avec les étudiants à l’Université de Brandeis, Carter a rappelé sa précédente carrière politique, en notant que lorsqu’il avait présenté sa candidature pour le sénat, gouverneur de Georgia et président des Etats-Unis, ses rivaux se moquaient parfois personnellement de lui. Mais pas une fois, a-t-il dit, n’a-t-il été qualifié de menteur, de bigot et de lâche, ou accusé de plagiat et d’anti-sémitisme. « Cela blesse », a-t-il admis.

La campagne contre Carter montre combien le lobby sioniste est puissant. Il montre aussi que les figures célèbres n’ont plus peur de parler. Deux scientifiques politiques, Stephen Walt et John Mearsheimer, ont parlé au sujet du contrôle des médias et des groupes de réflexion par le lobby israélien. Leurs remarques ont fait d’eux la cible d’attaques, mais ils ne sont pas revenus sur leurs déclarations.

Je crois que les gens tels que Carter, Walt et Mearsheimer donnent un soutien précieux aux droits des Arabes. Ils travaillent de l’intérieur du système, offrant des arguments calmes et des avis posés. C’est quelque chose dont nous manquons dans le monde arabe, où les opinions sont souvent affectées par l’émotion.

Ces Américains qui dépeignent la réalité telle qu’elle est, en dépit des pressions sionistes, méritent nos remerciements et notre bonne opinion. Les groupes civils et des centres d’étude arabes ont besoin d’inviter ces personnes pour qu’ils donnent ici des conférences. Nous avons besoin d’apprendre d’eux et grâce à eux.

Est-ce qu’une organisation arabe inviterait Jimmy Carter afin que nous discutions de ses points de vue et écoutions ses conseils ?

6 février 2007 - Al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/830...
Traduction : M. Ahmed [Info-Palestine.net]