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Les banques israéliennes très actives dans la construction des colonies

vendredi 30 octobre 2009 - 06h:43

Adri Nieuwhof - The Electronic Intifada

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Les investisseurs européens et états-uniens dans les banques Hapoalim et Leumi devraient s’attendre à des contrôles et des pressions plus approfondis de la part des militants internationaux pour les droits de l’homme pour les amener à abandonner leurs participations.

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Un panneau propose une offre spéciale pour un prêt hypothécaire de la banque Leumi pour construire dans la colonie Zufin près de Jayyous, en Cisjordanie occupée.
(Photo : Qui profite de l’occupation ? )




Plusieurs fonds de pensions et investisseurs financiers occidentaux détiennent des parts dans deux banques israéliennes : la banque Hapoalim et la banque Leumi. Les deux banques interviennent dans les colonies et proposent des prêts pour financer les activités coloniales illégales dans les territoires occupés palestiniens et syriens.

La banque Hapoalim, la première banque d’Israël, a été créée en 1921 par le syndicat israélien Histadrut et l’Organisation sioniste mondiale. Elle fut nationalisée en 1983 puis privatisée à nouveau en 1996. Fondée en 1902, sous le nom de de Banque anglo-palestinienne, la banque Leumi est la deuxième banque d’Israël. Les deux possèdent des agences dans les colonies Gilo et Pisgat Ze’ev, situées en Cisjordanie occupée. La banque Hapoalim a également des agences dans la colonie Ramot, dans Jérusalem-Est occupée, de même que sur le plateau du Golan occupé. Dans le même temps, la banque Leumi entretient des agences dans les colonies Ma’ale Adumim, Oranit, Kiryat Arba et Katzrin, toutes en Cisjordanie occupée.

Les colonies d’Israël dans les Territoires palestiniens et sur le plateau du Golan syrien occupés violent la Quatrième Convention de Genève qui interdit à la puissance occupante de déporter ou transférer une partie de sa propre population civile vers le territoire qu’elle occupe. Par conséquent, les agences locales de ces deux banques dans ces colonies sont tout aussi illégales que les colonies.

Les banques Hapoalim et Leumi sont impliquées dans d’autres violations du droit international en accordant des crédits hypothécaires aux colons pour l’achat de biens dans les colonies. Le 12 juillet 2009, le journal israélien Makor Rishon indiquait que la banque Hapoalim accordait de tels crédits dans tout le pays, y compris en Cisjordanie occupée. Le journal révélait aussi qu’une agence de Jérusalem de la banque Leumi débloquait de ces crédits pour l’achat de maisons dans les colonies israéliennes sans aucune difficulté. Effectivement, la volonté de la banque Leumi d’aider les colons dans l’achat de biens est ouvertement affichée sur un panneau publicitaire dans la colonie Zufin. Zufin a été construite sur les terres confisquées au village palestinien de Jayyous, situé dans le nord-ouest de la Cisjordanie.

Pour le projet Vue de Zufin, des parcelles privées constructibles sont en vente avec des offres spéciales de prêts hypothécaires par la banque Leumi, comme affiché sur le panneau. En prêtant de l’argent pour l’achat de maisons dans les colonies illégales, les banques Hapoalim et Leumi encouragent le transfert de la population civile israélienne vers les territoires occupés, en violation du droit international.

Les deux banques proposent de surcroît des crédits pour des projets de constructions de colonies. Digal Investments and Holdings, entreprise de construction et véritable société immobilière israélienne, développe une communauté fermée dans la colonie Nof Zion, dans Jérusalem-Est occupée. La banque Leumi a accordé un crédit à Digal pour la construction de 287 unités de logement, une synagogue et un centre commercial à Nof Zion. Les recherches conduites par le groupe Qui profite de l’occupation ? ont révélé que la banque Hapoalim était en outre engagée dans la construction de colonies avec deux projets à Ma’ale Adumim et un à Har Homa. La construction des colonies est une violation du droit international.

La banque Hapoalim soutient aussi le développement d’entreprises israéliennes dans des zones industrielles situées en Cisjordanie. Construites sur les terres d’où les Palestiniens furent expulsés, les zones industrielles sont une atteinte au droit international. Les emplois proposés par ces entreprises dans les zones industrielles visent à attirer des civils israéliens qui vivront dans les colonies. Mais les déchets produits par les zones industrielles polluent les terres agricoles palestiniennes voisines, ils sont un danger pour l’environnement et la santé publique en Cisjordanie. Au cours de ces deux dernières années, la banque Hapoalim a accordé des prêts à cinq entreprises israéliennes (Doron Furniture, Ronopolidan, Ram Quality Products, Ewyg Advanced Technologies et Tzarfati Metal & Vehicle Services) qui opèrent dans les zones industrielles de Cisjordanie de Barkan et Mishor Adumim.

Les deux banques ont prêté aussi de l’argent au consortium City Pass. City Pass a décroché le contrat avec Israël pour la construction d’un projet de transport urbain qui reliera Jérusalem à plusieurs colonies illégales. La convention de financement entre le consortium City Pass et les deux banques prévoit pour 420 millions de dollars de prêts à court terme et 100 millions de dollars de prêts à long terme. Parce qu’il contribue de façon importante à l’occupation israélienne de la Cisjordanie, deux entreprises françaises engagées dans ce projet, Alstom et Connex (filiale de Veolia Transport), ont fait l’objet de pressions pour résilier leurs contrats.

Tant la banque Hapoalim que la banque Leumi ont des relations avec des institutions financières et des investisseurs financiers européens et états-uniens. Par exemple, deux importants fonds de pension néerlandais, ABP et PGGM/PFZW, ainsi que le fond de pension d’Etat du gouvernement norvégien détiennent un nombre important d’actions dans les deux banques. De plus, William Blair & Company, société mondiale d’investissement basée à Chicago, a conclu une alliance stratégique avec Poalim Capital Markets, filiale de la banque Hapoalim. Et selon des informations parues dans le quotidien d’affaires israélien Globes, la banque Hapoalim a pu étendre ses opérations à l’extérieur d’Israël grâce à sa filiale turque Bankpozitif Credi Ve Kalkinma Bankasi.

Tout comme les entreprises impliquées dans le projet de tramway à Jérusalem et qui opèrent dans les zones industrielles d’Israël montées sur la terre occupée, les investisseurs européens et états-uniens dans les banques Hapoalim et Leumi doivent s’attendre à des contrôles et des pressions accrus de la part des militants internationaux pour les droits de l’homme pour les amener à abandonner leurs participations.

* Adri Nieuwhof est avocate consultante spécialisée dans les Droits de l’Homme.

Du même auteur :

- Veolia toujours mêlée à l’occupation israélienne
- Faire dérailler Véolia et Alstom avec Omar Barghouti
- La société civile montre sa force morale
- Ceux qui se rendent coupables de crimes de guerre devront rendre des comptes avec Daniel Machover
- De plus en plus de multinationales désinvestissent des colonies israéliennes

27 octobre 2009 - The Electronic Intifada - traduction : JPP


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