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Nations Unies : droit international versus loi de la jungle

dimanche 27 septembre 2009 - 06h:35

Stuart Littlewood - Palestine Chronicle

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Miguel d’Escoto Brockman, président sortant de l’Assemblée générale des Nations Unies, dit qu’il a été entravé par des membres importants des Nations Unies dans ses tentatives d’améliorer la vie des Palestiniens de la bande de Gaza.

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« Certains des Etats membres les plus puissants ne croient absolument pas à la souveraineté du droit » déclare Miguel d’Escoto Brockman.

« Cette année ma plus grande frustration a été la situation palestinienne » a-t-il dit aux 192 nations de l’Assemblée dans son discours de clôture du 14 septembre, avant de passer la présidence annuelle au diplomate libyen Ali Treki.

Il a trouvé « scandaleuse » la manière dont des membres influents du Conseil de sécurité de l ?ONU ont fait preuve de « passivité et d’apparente indifférence » vis-à-vis du long et cruel blocus israélien de Gaza.

Le Père Miguel n’est pas un diplomate de carrière comme les autres. En 1961 il a été ordonné prêtre de l’Eglise catholique. En 1962 il a décroché une maîtrise en sciences à l’Ecole de journalisme de l’Université Columbia (Institut Pulitzer). Il a servi pendant une dizaine d’années comme Ministre des Affaires étrangères du Nicaragua, pendant lesquelles il a conduit la plainte de son gouvernement auprès de la Cour internationale de justice contre les Etats-Unis pour leur soutien militaire et leurs actions paramilitaires à l’encontre de son pays. La Cour a statué en faveur du Nicaragua. Il n’est donc pas seulement un homme de paroles mais un homme d’action.

« Le manque d’engagement des Nations Unies pour résoudre la question palestinienne : un scandale »

Les Palestiniens en particulier et tous ceux concernés par les affaires étrangères en général trouveront que la version intégrale de son discours de clôture [1], et son évocation de la Terre Sainte, vaut la peine d’être lue :

« Cette année ma plus grande frustration a été la question palestinienne. La question de la Palestine continue d’être le problème de politique et de droits humains non résolu le plus sérieux et le plus long dans l’agenda des Nations Unies depuis leur création. L’évident manque d’implication pour le résoudre est un scandale qui m’a causé beaucoup de chagrin.

« J’avais promis une présidence proactive et je crois sincèrement que j’ai fait tout ce que je pouvais à cet égard, sollicitant et tentant de persuader ceux qui auraient dû être le plus étroitement impliqués de demander la convocation de l’Assemblée générale pour s’occuper de la situation palestinienne. Néanmoins, que ce soit au moment des trois semaines d’invasion de Gaza à partir du 27 décembre ou maintenant, tout ce que j’ai obtenu est le conseil de laisser plus de temps au processus, parce que les choses étaient toujours sur le point d’être résolues et que nous ne devions rien faire qui puisse mettre en péril un succès qui était toujours juste hors de notre portée.

« Face à cette situation, je ne savais sincèrement pas quoi faire. Je voulais aider les Palestiniens mais ceux qui auraient dû logiquement être le plus intéressés ont refusé leur soutien pour des raisons de « prudence » que j’étais incapable de comprendre. J’espère qu’ils avaient raison et que j’avais tort. Sans cela, nous sommes devant une situation horrible de complicité permanente avec l’agression contre les droits du noble peuple palestinien qui souffre depuis si longtemps.

« Une solution juste à la question de la Palestine doit se baser sur le contenu du droit international et ne sera atteinte que lorsque l’unité du peuple palestinien sera accomplie et que la communauté internationale parlera avec tous ses représentants qui jouissent de crédibilité et ont été démocratiquement élus. Outre le retrait des Israéliens de tous les territoires illégalement occupés depuis 1967, le droit international exige que tous les Palestiniens déplacés lors de la création de l’Etat d’Israël, leurs enfants et petits-enfants, soient autorisés à retourner dans leur patrie, la Palestine.

« Mon conseiller en chef pour les questions humanitaires, le Dr Kevin Cahill, a été envoyé à Gaza du 17 au 22 février pour préparer un rapport sur la situation humanitaire à Gaza immédiatement après l’agression. Le rapport du Dr Cahill a été publié le mercredi 19 août à l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire, commémorant les sacrifices du personnel des Nations Unies dans des zones de conflit ; l’intention initiale était de le publier lors d’une séance spéciale consacrée à Gaza, mais cela n’a pas pu avoir lieu, pour les raisons que j’ai mentionnées.

« Je trouve scandaleuses la passivité et l’apparente indifférence de certains membres influents du Conseil de sécurité devant le fait que le blocus de Gaza se poursuit sans interruption depuis deux années, en violation flagrante du droit international et de la Résolution du Conseil de sécurité lui-même, causant d’immenses dommages et souffrances à la population palestinienne de Gaza. Cette situation menace de devenir plus sérieuse encore si des mesures immédiates ne sont pas prises, à l’approche de l’hiver. Il est temps maintenant de faire montre, en actions et non plus simplement en paroles, d’un réel engagement dans le concept de la « responsabilité de protéger ».

J’espère que le Père Miguel nous dira les noms de ces membres très influents » qui ont fait preuve de « passivité scandaleuse et d’indifférence » devant des souffrances humaines aussi révoltantes. Le monde a besoin d’identifier et de se débarrasser de ces méprisables pleutres qui occupent des postes élevés.

Certains d’entre eux étaient-ils des Britanniques ? Au Royaume-Uni, nous sommes bien conscients que notre Ministère de Affaires étrangères, et en fait toute la structure de notre gouvernement, est infesté de laquais d’Israël et d’autres manquant de toute fibre morale. Ces pleurnichards prononcent des paroles de condamnation et se tordent les mains mais n’entreprennent jamais une action ferme. Ils nous déshonorent tous.

La loi de la jungle

Plus loin dans son discours, Miguel d’Escoto Brockman fait cette observation remarquable :

« ...le monde entier sait que parmi beaucoup d’autres vérités certains de nos Etats membres les plus puissants et les plus influents ne croient absolument pas à la souveraineté du droit dans les relations internationales et sont d’avis, par-dessus le marché, que respecter les normes légales auxquelles nous nous engageons formellement quand nous signons la Charte, c’est quelque chose qui ne s’applique qu’aux pays faibles. Avec un aussi faible niveau d’engagement, on ne s’étonnera pas que les Nations Unies ont été incapables d’atteindre les principaux objectifs pour lesquels elles ont été créées.

« Certains Etats membres pensent qu’ils peuvent agir selon la loi de la jungle et défendre le droit des plus forts de faire ce qu’ils veulent, en toute impunité, sans rendre de comptes à qui que ce soit ».

J’ignore si ces paroles ont été applaudies comme elles le méritaient.

Bon vent, Père Miguel, et bonne chasse. Vous avez fait de votre mieux, contrairement à d’autres. Ne quittez pas la scène tous ensemble.

* Stuart Littlewood est l’auteur du livre « Radio Free Palestine » qui raconte la détresse des Palestiniens sous occupation. Voir : www.radiofreepalestine.co.uk

Notes :
[1] Voir http://www.un.org/ga/president/63/statements/finalsession140909.shtml

18 septembre 2009 - The Palestine Chronicle - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.palestinechronicle.com/v...
Traduction de l’anglais : Marie Meert


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