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Dans son discours Netanyahu a avili l’Holocauste

samedi 26 septembre 2009 - 06h:14

Gideon Levy

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Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a avili la mémoire de l’Holocauste dans son discours à l’Assemblée générale des Nations unies jeudi. Et à deux reprises. La première, quand il a brandi la preuve de l’existence même de l’Holocauste, comme si c’était nécessaire, et une autre fois quand il a comparé le Hamas aux nazis.

Si le président iranien Mahmoud Ahmadinejad nie l’Holocauste, Netanyahu lui l’a galvaudé. Est-il nécessaire d’en apporter la preuve, 60 années plus tard ? Ou, comme le monde pourrait alors le penser, est-ce un droit de le nier ?

Et il est douteux qu’un quelconque historien de renom ne fasse sienne la comparaison du Premier ministre entre le Hamas et les nazis, ou entre le Blitz sur Londres et les roquettes Qassam sur Sderot. Dans le Blitz, 400 bombardiers et 600 avions ont tué 43 000 personnes et détruit plus d’un million de maisons. Les Qassam du Hamas, peut-être l’arme la plus primitive au monde, ont tué 18 personnes en 8 ans. Oui, elles ont semé une grande terreur... mais un Blitz ?

Et si nous pouvons comparer une organisation terroriste pauvrement équipée à la terrible machine de guerre nazie, pourquoi les autres ne compareraient-ils pas le comportement nazi à celui des soldats des Forces de défense israéliennes ? Dans les deux cas, la comparaison est sans fondement et exaspérante.

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Netanyahu a galvaudé à deux reprises la mémoire de l’Holocauste à l’ONU

Netanyahu a commencé son intervention comme s’il était président du mémorial de l’Holocauste Yad Vashem : Holocauste, Holocauste, Holocauste ; sa famille et la famille de son épouse. Puis il a parlé avec les mots de Shimon Peres, proposant un « avenir prometteur » à l’humanité.

Pas moins démagogique fut son attaque contre le régime iranien. Ils tirent sur les manifestants là-bas, a-t-il protesté avec véhémence. Comme si ce n’était pas ce qu’il faisait dans nos Bil’in et Na’alin.

Puis vint le meilleur : l’opération Plomb durci avait été une attaque ponctuelle et mineure. Israël avait téléphoné à des milliers de personnes pour leur dire de partir de leurs maisons. Partir où, Monsieur le Premier ministre ? En mer ? Et il soutient que les FDI, qui ont tué près de 1 400 Palestiniens pour la plupart des civils, avaient fait preuve de modération comme jamais auparavant.

Poursuivons : nous avons fait la paix avec tous les dirigeants arabes qui le voulaient, proclame le Premier. Quid alors du Président syrien Bashar Assad qui trouve porte close depuis des années alors qu’il affirme vouloir la paix ? Personne ne lui a ouvert la porte.

Parler de sécurité et des victimes pourraient encore trouver des adeptes parmi les femmes de l’organisation WIZO (organisation internationales des femmes sionistes - ndt) en Amérique, mais c’est tout. Pour une puissance régionale qui détient presque tous les armements du monde dans son arsenal et se bat contre des organisations terroristes primitives, il lui est quelque peu difficile d’être prise au sérieux quand elle parle de sécurité, spécialement quand cette sécurité ne concerne que les Israéliens.

Puis vinrent notre droit antique à la terre et les versets inévitables de la Bible, en anglais et dans l’hébreu originel, qui terminent toujours la performance dans de telles occasions - sauf que Netanyahu, contrairement à ses prédécesseurs, n’a pas enlevé sa kippa à ce moment crucial.

Cet instant était censé émouvoir ses auditeurs, moi il m’a laissé, pour le moins, indifférent devant un Premier ministre propagandiste. L’Alléluia n’a été entendu hier qu’au soir, au stade Ramat Gan, au concert de Leonard Cohen.


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25 septembre 2009 - Ha’aretz - traduction : JPP


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