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Liban : Et si l’implantation des Palestiniens n’était pas un épouvantail ?

mercredi 23 septembre 2009 - 10h:34

Scarlett Haddad - L’Orient-le-Jour

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Les déclarations de l’émissaire américain George Mitchell au cours de sa dernière visite à Beyrouth ont eu beau se vouloir rassurantes, le projet d’implanter les Palestiniens au Liban reste dans les esprits. Simple épouvantail ou menace réelle, la question demeure posée et les réponses varient selon l’appartenance politique et confessionnelle des uns et des autres.

Des rapports diplomatiques occidentaux sont récemment parvenus au palais Bustros faisant état d’une « opportunité rare de régler le problème des réfugiés palestiniens à travers leur maintien dans les pays d’accueil moyennant des compensations financières et une possibilité de leur accorder des pièces d’identité palestiniennes une fois l’État palestinien démilitarisé déclaré ». L’idée pourrait paraître séduisante et calmer les appréhensions de certaines parties libanaises qui craignent un changement démographique du Liban si les réfugiés palestiniens devaient y être intégrés en tant que citoyens. Mais des parties au sein de l’opposition n’y croient pas et considèrent que ce projet vise à la longue à intégrer les Palestiniens en dépit de toutes les assurances données officiellement. Selon des personnalités de l’opposition, les différentes administrations américaines passent et le projet reste le même.

Depuis le temps que la communauté internationale cherche une solution au problème israélo-palestinien, la seule possibilité sérieusement envisagée est de garder les réfugiés dans les pays d’accueil et en particulier au Liban, où la fragilité de la cohésion nationale, selon les rapports diplomatiques occidentaux, est de nature à faciliter ce genre d’intégration. Les personnalités de l’opposition estiment ainsi que l’administration Obama est pressée de réaliser une percée dans le dossier israélo-palestinien et les dirigeants israéliens n’ont jamais été aussi clairs sur leur refus d’accepter le retour de tout Palestinien dans les territoires occupés, même après la création d’un État palestinien, mais aussi sur leur volonté de se débarrasser des Arabes installés chez eux sous couvert de la « judaïsation » de l’État d’Israël.

Il faut donc trouver au plus vite une solution aux réfugiés palestiniens et aux Arabes israéliens. Les pays arabes contactés auraient refusé de les recevoir chez eux sous prétexte que les Palestiniens sont un facteur de déstabilisation, car ce sont des combattants, qui plus est, révoltés et prêts à tout, menaçant ainsi les régimes en place. De plus, pour la première fois depuis l’éclatement du conflit israélo-arabe, les pays arabes sont si affaiblis qu’ils ne s’opposeraient plus à l’implantation des Palestiniens considérée à juste titre comme l’enterrement de la cause palestinienne.

L’Égypte est désormais alignée sur la politique américaine et cherche à satisfaire celle-ci pour assurer une succession en douceur du régime. Empêtrée dans le dossier palestinien, elle va même jusqu’à déférer une cellule présumée du Hezbollah devant la justice sous prétexte qu’elle chercherait à renverser le régime. De son côté, l’Arabie saoudite a ses propres problèmes et cette grande puissance régionale ne parvient pas à résoudre trois grands dossiers quasiment à ses frontières, la guerre fratricide au Yémen, la situation en Iran et le dossier interpalestinien désormais passé entre les mains de l’Egypte.

Le scénario du pire

Face à un monde arabe neutralisé - qui ne peut même pas résoudre le conflit émergent entre la Syrie et l’Irak, cédant ainsi ses prérogatives à la Turquie pour une médiation qui, elle aussi, piétine - il devient plus facile de faire passer l’idée de l’implantation des Palestiniens, d’autant que l’exacerbation des sentiments confessionnels au Liban favorise ce genre de projet, les Palestiniens n’étant plus perçus comme une entité arabe, mais comme les membres d’une confession. D’ailleurs, estiment les personnalités de l’opposition, ce n’est pas un hasard si la discorde entre sunnites et chiites est en train de se renforcer dans toute la région.

Cette approche confessionnelle favorise les projets de division. Le plan, toujours selon ces personnalités de l’opposition, serait donc de provoquer des troubles entre sunnites et chiites au Liban, d’abord pour affaiblir la communauté chiite et ensuite pour effriter le Liban. Les chrétiens rêvant en majorité de s’en aller, selon les rapports diplomatiques, et étant surtout les plus en mesure de s’intégrer au sein des sociétés occidentales, ils ne constitueraient plus qu’une petite communauté qui ne serait plus en mesure de s’opposer à un projet comme celui de l’implantation. Pour les personnalités de l’opposition, il ne serait même plus question de leur donner un canton ou un mini-État, contrairement à ce que croient certains, car ils seraient trop peu nombreux et ils devraient s’incliner devant le fait accompli. D’ailleurs, la décision pourrait ne pas être prise d’un coup, mais l’implantation se ferait par étapes, au fil du temps, les Palestiniens des nouvelles générations, même dotés d’un passeport de leur pays, seraient intégrés bon gré mal gré au sein de la société libanaise.

Face à ce plan implacable, affirment les personnalités de l’opposition, ni les dispositions de la Constitution ni les déclarations tonitruantes ne fournissent une protection sérieuse. Le meilleur moyen de lutter contre ce plan serait donc de surmonter les susceptibilités confessionnelles et de renforcer l’unité nationale. Un rêve ?

23 septembre 2009 - L’Orient-le-Jour


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