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Liban : Menaces extérieures, laxisme intérieur

vendredi 18 septembre 2009 - 11h:06

Suzanne Baaklini - L’Orient-le-Jour

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La marée noire. Avec tous les bouleversements politiques locaux et régionaux, on l’aurait presque oubliée si le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, ne l’avait évoquée récemment, demandant à Israël de régler ce qu’elle doit au Liban dans ce dossier...

Pause verte

...Cette déclaration avait fait suite au discours prononcé par le ministre de l’Environnement Antoine Karam au cours du congrès de Genève sur le climat, et dans lequel il avait rappelé les conséquences désastreuses de ce bombardement sur les réservoirs de fuel de la centrale électrique de Jiyeh au début de la guerre de juillet-août 2006, notamment la pollution de plus de cent mètres de côte libanaise et les côtes d’autres pays voisins.

Israël réglera-t-il la facture qu’il doit à l’État et au peuple libanais ? Rien n’est moins sûr, considérant l’histoire de l’application, par ce pays, des résolutions internationales. Mais le Liban a présenté un dossier à ce propos aux Nations unies, et la marée noire qui a résulté de ce bombardement a été reconnue comme un crime écologique de guerre, donc délibéré, d’où le fait que le principe de compensations a été décrété.

Mais dans quel contexte le ministre avait-il évoqué la marée noire lors de la conférence internationale sur le climat ? Il avait fait le lien entre l’instabilité politique due aux menaces israéliennes continues contre le Liban et l’impossibilité d’entreprendre des projets qui réduiraient de manière significative les émissions de gaz à effet de serre au Liban, dans le domaine de l’énergie notamment.

L’instabilité politique et sécuritaire est en effet un facteur susceptible d’empêcher les progrès au niveau des projets d’énergie, cibles privilégiées des avions israéliens. L’instabilité de toute sorte freine les progrès, cela est bien connu. Mais quelle part est due au manque de volonté politique générale de l’État dans ce domaine ? Pourquoi vivons-nous continuellement en sursis, en attente de la prochaine guerre, de la prochaine crise, sans perspective de réformes et de progrès, sans réelle vision d’avenir, alors que le monde parle de changements et d’adaptation aux caprices anticipés du climat de la terre ?

Sans minimiser le moins du monde le danger israélien, on est en droit de se poser une question cruciale : comment aurions-nous agi en son absence ? Aurions-nous consacré plus d’efforts à traiter les questions vraiment vitales, dans des domaines comme l’environnement, l’eau, le développement, l’énergie, etc. alors que nous nous noyons continuellement dans des polémiques sans fin à la moindre échéance politique ou électorale ? Quelle est la part du prétexte dans cette attitude qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’immobilisme ?

Il n’est plus à prouver que l’environnement, dans son acception la plus générale, est la première victime non seulement de l’instabilité, due aux facteurs externes comme internes, mais aussi du chaos, des crises politiques qui gèlent les grandes décisions stratégiques, et de la corruption également.

En attendant qu’Israël paye la lourde facture qu’il doit au Liban, et en espérant que ses menaces deviendront un jour un mauvais souvenir, il nous appartient de modifier notre système politique et de réclamer que les questions qui nous importent vraiment figurent plus souvent sur la liste des préoccupations des responsables.

Mais le voulons-nous vraiment ? Le danger, c’est quand ce quasi-immobilisme devient l’équivalent d’un lit douillet et confortable... À méditer.

18 septembre 2009 - L’Orient-le-Jour


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