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La légitimité de la guerre en Afghanistan s’effondre

mardi 8 septembre 2009 - 08h:36

Bernard Bridel - TdG

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Après la énième bavure de l’OTAN, vendredi, les Occidentaux ont de plus en plus de peine à justifier la guerre auprès de leurs opinions publiques. Quant aux Afghans, toujours sans président, ils sont priés d’augmenter leurs efforts contre les talibans.

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Le raid aérien meurtrier de l’OTAN, vendredi, pour neutraliser deux camions-citernes capturés par les talibans, agit comme un coup de projecteur sur une guerre de moins en moins comprise par l’opinion publique.
(afp/4 septembre 2009)




Angela Merkel s’en serait bien passé. A vingt jours des législatives, elle va devoir défendre aujourd’hui devant le Bundestag l’action de ses troupes en Afghanistan. Autrement dit, la chancelière candidate à sa réélection devra expliquer comment la Bundes­wehr s’est retrouvée au c ?ur de la tourmente afghane, à la suite d’un raid aérien meurtrier de l’OTAN que ses généraux ont réclamé vendredi pour neutraliser deux camions-citernes capturés par les talibans.

Bilan : au moins 50 morts, (sans doute près de 100), dont un nombre encore inconnu de civils. Mais surtout, un dramatique coup de projecteur sur une guerre de moins en moins comprise par l’opinion publique. Selon les derniers sondages, plus de 60% des Allemands s’opposeraient à l’engagement des 4 200 soldats de la Bundeswehr dans la guerre contre les talibans.

Pression sur les Afghans

Le problème tient au fait que cette proportion d’Allemands hostiles à l’intervention étrangère en Afghanistan est à peu près égale à celle des Français, des Britanniques et des Américains opposés à un conflit qui dure désormais depuis huit ans.

C’est dans ce contexte extrêmement difficile que Berlin, Londres et Paris, avec l’aval de Washington, se sont entendus dimanche pour pousser les Afghans à reprendre le plus vite possible la responsabilité de leur pays. Dans ce sens, les trois pays sont tombés d’accord pour convoquer avant la fin de l’année une conférence internationale sur l’Afghanistan.

« Les partenaires internationaux doivent savoir quelles tâches les attendent et le gouvernement afghan quelles responsabilités supplémentaires il doit assumer... afin que la parti­cipation internationale puisse être réduite », a déclaré la chancelière d’Allemagne.

Mais voilà, sur le plan intérieur afghan, cela ne va guère mieux. Le dépouillement du scrutin présidentiel du 20 août se poursuit dans la confusion, et les accusations de fraude à l’encontre du président sortant Hamid Karzaï se multiplient.

Favori des Occidentaux, il mènerait la course avec 48,6% des voix devant son ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah (31,7%).

«  La légitimité de l’intervention a disparu »

« Les Occidentaux se trouvent dans une phase très délicate, commente Joseph Henrotin, chercheur au Centre d’analyse et de prévisions des risques internationaux d’Aix-en-Provence. D’abord ils subissent des revers militaires sur le terrain (ndlr : jamais autant de pertes qu’au mois d’août, soit 318 tués), mais surtout la légitimité de l’intervention a disparu auprès de l’opinion publique occidentale qui ne comprend plus pourquoi il faut faire la guerre en Afghanistan. »

Du coup, explique encore le chercheur, «  les Occidentaux vont devoir très vite fixer un nouvel objectif clair pour l’Afghanistan, donner un sens à la guerre ». En d’autres termes, conclut Joseph Henrotin, ils devront poser la question : «  Dans quel état voudrons-nous laisser l’Afghanistan quand nous le quitterons. De cette question découlera la réponse du quand et du comment. »

8 septembre 2009 - Tribune de Genève


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