Le sixième congrès du Fatah laisse de nombreux partisans sur leur faim. Les conditions énumérées pour la paix sont de plus irrecevables pour Israël.

Le sixième congrès du Fatah doit se prolonger jusqu’à ce mardi. Mais ses 2 300 participants ont déjà commencé à sceller l’essentiel, ce dimanche, laissant de nombreux membres du parti sur leur faim et irritant profondément Israël.

D’une part, en effet, les travaux qui avaient débuté mardi dernier à Bethléem ont étalé au grand jour les discordes au sein de ce pilier du nationalisme palestinien, fondé par Yasser Arafat, en 1959. Elles ont violemment opposé les jeunes turcs qui voulaient introduire du sang neuf à la direction du parti, la vieille garde qui n’avait pas l’intention de se laisser détrôner et les Fathaouis de Gaza qui se sentaient discrédités et marginalisés à cause de leur défaite face au putsch du Hamas, en 2007.

Ainsi, 96 candidats se sont présentés pour les 18 sièges à élire au comité central (4 sièges seront attribués par le comité lui-même) et 617 se sont présentés pour les 80 sièges à élire au Conseil révolutionnaire (45 sièges seront attribués par le conseil lui-même, dont 20 à des Fathaouis détenus en Israël). Le vote a débuté dimanche après-midi, mais les résultats n’étaient attendus que tard dans la nuit. Notamment, à cause des complications logistiques causées par l’absence de quelque 400 délégués de Gaza auxquels le gouvernement Hamas a interdit de se rendre à Bethléem. Ceux-ci ont dû voter par téléphone.

En tout cas, quels que soient les résultats, aucun camp n’en tirera entièrement satisfaction. Car les clivages n’ont pas été dissipés. Et rares étaient les congressistes, dimanche, qui croyaient en un avenir d’harmonie retrouvée. Seul Mahmoud Abbas a été reconduit sans problème à la tête du parti, samedi, personne ne s’étant présenté contre lui.

D’autre part, le programme politique du parti ne favorise pas la réconciliation avec Israël. Du moins, pas aux yeux du gouvernement de droite de Benjamin Netanyahou. La charte du Fatah a toujours appelé à la "lutte armée" pour la "suppression de l’entité sioniste". Le congrès n’a pas éliminé cette formule, mais y a ajouté une autre, selon laquelle "quoique le Fatah garde le désir d’ ?uvrer pour une paix juste et globale, il n’abandonnera aucune autre option, la résistance par tous les moyens étant le droit légitime de tout peuple occupé" . Les irréductibles n’ont pas réussi à faire répéter explicitement le terme de "lutte armée" , mais les modérés n’ont pas réussi à faire préciser la nature de la paix envisagée, notamment à mettre l’accent sur la notion chère à l’Occident de "deux Etats pour deux nations" .

Par ailleurs, dans une série de résolutions annexes, les congressistes posent des conditions irrecevables pour Israël. Certes, ces conditions n’engagent que le Fatah, et non l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) ou l’Autorité palestinienne avec lesquelles Israël négocie. Mais comme le Fatah domine ces dernières, les conditions pourraient s’avérer contraignantes. Les principales : pas de négociations de paix avant qu’Israël ait libéré tous les prisonniers palestiniens (ils sont actuellement plus de 10 000), avant qu’il ait gelé toute la construction dans les colonies juives et qu’il ait levé l’embargo économique qu’il maintient autour de Gaza.

Pis, aux yeux du gouvernement Netanyahou : le congrès a décrété que le retour de tout Jérusalem en mains palestiniennes, Est palestinien autant qu’Ouest juif, est "une ligne rouge" non négociable. Selon cette décision, "le Fatah continuera à sacrifier des victimes jusqu’à ce que Jérusalem soit rendue, épurée de colonies et de colons" .

Enfin, le congrès a réadopté les Brigades des Martyrs d’El Aksa comme bras armé du Fatah, alors que l’Autorité palestinienne s’était engagée à les démanteler ensemble avec toutes les autres milices palestiniennes. Et il a officiellement rendu Israël responsable de la mort de Yasser Arafat. Une commission du Fatah sera chargée de faire toute la lumière à ce sujet.

10 août 2009 - La Libre Belgique - Vous pouvez consulter cet article à :
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