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Rapport : L’utilisation d’armes radioactives à Gaza pendant l’opération "Plomb durci" (I)

samedi 1er août 2009 - 05h:58

Jean-Marie Matagne - ACDN

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Il est des vérités qui sont de longues patiences.

SOMMAIRE

(1ère partie)

- Avertissement
- 1. Alerte dans la presse
- 2. La GBU-39 : première approche
- 3. Suspicion d’uranium
- 4. L’alerte sur le terrain
- 5. Le dilemme
- 6. La leçon irakienne : l’attaque de « Forward Base Falcon »
- 7. Retour à Gaza
- 8. Le contexte global
- 9. Les effets de l’UA

(2ème partie)

- 10. Historique de la GBU-39
- 11. Un brevet ambigu
- 12. Gaza, terrain d’essai
- 13. « Le génocide de Gaza a commencé »
- 14. Lettre à M. Ban Ki-moon : les Nations Unies doivent enquêter
- 15. L’art de l’esquive
- 16. La GBU-39B : portrait au 20 mai 2009
- 17. Combien d’uranium, et où ?
- 18. Autres armes mises en ?uvre à Gaza
- 19. Les enjeux
- 20. La charge de la preuve
- 21. Dernière minute : la preuve est là
- Conclusion : un seul camp, celui de l’humanité

- ANNEXES

Nota : Pour des raisons techniques, il ne nous a pas été possible d’intégrer au texte publié ici les illustrations, notes de références et documents annexes faisant partie du rapport tel qu’il a été remis aux instances qualifiées.





Avertissement

Le présent rapport tend à faire la synthèse des articles publiés sur le site d’ACDN, en français et en anglais, entre le 4 janvier et le 12 février 2009, en y apportant les correctifs et les ajouts rendus possibles par les informations obtenues à mesure que notre enquête progressait, chaque semaine ou presque apportant son lot de précisions, de rectifications, de doutes, de confirmations, de surprises et de révélations, jusqu’au 20 mai 2009. Il n’a rien de définitif, son sujet demeurant largement couvert par le secret industriel et le “secret défense”, avec un enjeu politique, économique et militaire considérable.

Il repose pour l’essentiel sur l’analyse et le recoupement d’informations et de documents accessibles au public dans la presse écrite ou sur Internet. Mais il a également bénéficié d’informations de sources privées ayant demandé à ne pas être citées. L’une d’entre elles accepte aujourd’hui d’être nommée : il s’agit de Jean-François Fechino, consultant en pollutions diffuses et expert auprès du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), auteur d’un rapport d’une centaine de pages sur les effets de l’emploi d’armements contenant de l’Uranium Appauvri en Irak, et d’un rapport préliminaire sur les armements mis en ?uvre dans la bande de Gaza, rapport remis le 7 mai 2009 à la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur les faits relatifs à Gaza (« Commission Goldstone »). Avec lui et quelques autres, nous avons cherché à dégager ensemble la vérité en confrontant nos points de vue - ce qui n’exclut pas, bien entendu, les risques d’erreur ou d’“intoxication”. Qu’il soit particulièrement remercié pour les informations qu’il m’a communiquées, sans délai ni restrictions autres que celles relatives à la protection de ses sources.

Bien des personnes ont droit à notre reconnaissance. J’aimerais citer en particulier Paolo Scampa, président de l’A.I.P.R.I., Alain Acariès, secrétaire d’Avigolfe, Noha Rashmawi, de la Délégation Palestinienne à Paris, Haytham Manna et Violette Daguerre, de la Commission Arabe des Droits Humains, Me Gilles Devers, initiateur de la plainte collective pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité déposée auprès de la Cour Pénale Internationale, Gideon Spiro et Yehuda Atai pour leurs positions courageuses en Israël, Peter Low, Francine Fèvre et Dan McConaughley pour leurs traductions, le Dr Rosalie Bertell pour ses encouragements au moment le plus dur, mes amis d’ACDN, notamment Yves Laigle, et mes proches, pour leur patience et leur constant soutien.

Les enquêtes en cours ou à venir, diligentées par l’ONU, la C.P.I. ou d’autres organismes, lèveront peut-être d’autres coins du voile et permettront peut-être :

  • d’éclairer la justice sur ce qui s’est réellement passé à Gaza,
  • de prendre les mesures concrètes pour neutraliser à Gaza, en Irak et ailleurs, les effets maléfiques de toutes les armes radioactives,
  • d’en prononcer l’interdiction universelle et définitive, y compris pour celle des armes nucléaires.

Puisse ce rapport y contribuer.

Saintes, 4 janvier-4 juin 2009

Jean-Marie Matagne, Docteur en philosophie

Président de l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN)


1. Alerte dans la presse

Dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 décembre 2008, à 1h 18 du matin, le Jerusalem Post publie sur son [site6>http://www.jpost.com/] un article en anglais qui sera réactualisé à 9h 15. Il est intitulé : L’Armée de l’Air Israélienne utilise une nouvelle bombe intelligente fournie par les Etats-Unis.

Son auteur, Yaakov Katz, écrit :

« L’Armée de l’Air Israélienne (IAF) a utilisé un nouveau missile brise-bunker (bunker-buster) récemment reçu des Etats-Unis, dans des frappes contre le Hamas, selon les informations recueillies dimanche par le Jerusalem post.

« Le missile, appelé GBU-39, a été développé ces dernières années par les Etats-Unis en tant que bombe de petit diamètre à bas coût, de haute précision et produisant de faibles dommages collatéraux.

« Israël a reçu en septembre l’autorisation du Congrès [américain] d’en acheter 1 000 exemplaires et des responsables de la Défense ont déclaré ce dimanche que la première cargaison, arrivée au début du mois, a été employée avec succès pour pénétrer les sites souterrains de lancement de Kassam dans la Bande de Gaza, pendant le lourd bombardement aérien auquel les infrastructures du Hamas ont été soumises samedi. Elle a également été utilisée dimanche dans le bombardement des tunnels de Rafah.

« La GBU-39, guidée par GPS, est considérée comme l’une des bombes les plus précises au monde. Cette bombe de 113 kg a les mêmes capacités de pénétration qu’une bombe ordinaire de 900 kg, bien qu’elle n’emporte que 22,7 kg d’explosif. Avec seulement 1,75 m de longueur, sa petite taille augmente le nombre de bombes qu’un avion peut emporter et le nombre de cibles qu’il peut attaquer en une seule sortie.

« Les essais effectués aux Etats-Unis ont prouvé que la bombe est capable de transpercer au moins 90cm de béton armé. La GBU-39 peut être utilisée par tout type de temps et a une portée de plus de 110 km, grâce à ses ailes déployables. »

C’est ainsi que, dès le début de l’offensive israélienne contre Gaza baptisée « Plomb durci » (« Cast Lead »), la GBU-39 faisait son entrée sur le terrain et dans la presse.

Abstraction faite du terme de « missile » employé improprement, le rapide portrait du Jerusalem Post dégage ses traits les plus flagrants, sauf un, bien sûr, dont il sera bientôt question.

L’étude comparative des articles parus dans la presse spécialisée sur cet engin en gestation depuis plusieurs années, et des fiches techniques - parfois contradictoires - disponibles sur Internet, nous permet d’en préciser le portrait et l’histoire, tout en laissant subsister des zones d’ombre que nous nous appliquerons à réduire dans les jours et les semaines qui suivent.

Ce travail d’analyse nous conduit rapidement à conclure que la GBU-39 doit contenir de l’Uranium Appauvri, métal radioactif dont on connaît les effets destructeurs sur le génome humain ou animal, comme l’attestent ses très nombreuses victimes depuis qu’il a été utilisé pour la première fois en Irak pendant la « guerre du Golfe » de 1991.


2. La GBU-39 : première approche

Fabriquée par Boeing, la GBU-39 (Guided Bomb Unit-39) dite encore GBU-39B (il y a eu un premier prototype baptisé 39A) est une bombe, c’est-à-dire un engin tombant du ciel, sans réelle autonomie de vol, à la différence d’un missile qui a son propre moyen de propulsion.

La GBU-39, également désignée sous le nom de SDB1, est la première des SDB (Small Diameter Bomb) : des bombes de petit diamètre conçues pour être bon marché, avoir des « dommages collatéraux » réduits, mais aussi de hautes capacités de pénétration des aciers ou des bétons spéciaux. Malgré ses dimensions modestes, c’est un authentique « bunker buster », un « casseur de bunker » ou « brise-bunker », et c’est comme tel qu’elle a été livrée à Israël.

Le public dispose sur Internet de deux notices succinctes et de plusieurs articles qui s’en inspirent : l’une signée du constructeur, Boeing, l’autre accessible sur le site de GlobalSecurity, qui reprend certaines données du constructeur. Ces notices se complètent, mais se contredisent sur un point : le poids total de la bombe, qui serait de 250 livres britanniques (113 kg) selon GlobalSecurity (GS), mais de 285 livres (130 kg) selon Boeing. Il faut retenir la version du constructeur (GS a seulement retenu que la SDB1 était « de la classe » des bombes de 250 livres). Boeing indique en outre le poids du « corps de bombe » ("Warhead") : 206 livres (93 kg), sans toutefois en indiquer la longueur, et précise qu’elle est « pénétrante, à souffle et à fragmentation » ("penetrating blast fragmentation"). GS ne donne pas ces précisions mais en donne d’autres : la tête aurait une « enveloppe pénétrante en acier » ("steel case for penetration") et elle comprendrait 50 livres d’explosif de grande puissance ("50 lbs of high explosive").

La GBU-39 ressemble à un grand crayon. Elle mesure selon Boeing 70,8 pouces (1,80 mètre) de long pour 7,5 pouces (19 centimètres) de diamètre seulement. Elle a un système avancé de guidage et de positionnement par GPS, capable de résister aux brouillages. Elle est « intelligente » : une fois larguée par l’avion porteur, elle se cale sur la cible qui lui a été désignée et corrige sa trajectoire, un peu comme un planeur, grâce à son empennage et à des ailes qui se déploient au bout de quelques secondes après une rotation sur elle-même de 180°.

Les GBU-39 appartiennent aux nouvelles générations d’armements qui utilisent des aciers "très spéciaux" mais dont les usineurs et les autorités taisent la composition. Or, pour obtenir à des prix de plus en plus serrés des performances de plus en plus élevées, il est indéniable que l’Uranium appauvri a les meilleurs atouts.

En effet, la capacité de pénétration d’un projectile dans une cible dépend de la conjonction de quatre facteurs : elle est directement proportionnelle à sa masse (donc à son poids), à sa vitesse et à sa dureté - et inversement proportionnelle à la surface de sa section (l’aiguille pénètre plus facilement dans un tissu que le dé à coudre...). On le conçoit sans peine : un lourd javelot à pointe dure et mince, lancé à pleine vitesse, a nettement plus de chance de pénétrer dans le sol qu’une balle de ping-pong tombant par terre. L’uranium appauvri remplit tous ces critères : il est très lourd, très dur -contrairement au plomb-, et sa densité permet d’obtenir une masse maximale dans un minimum de volume, donc aussi une surface de choc réduite au minimum.

La capacité de pénétration attribuée par Boeing à la GBU est « supérieure à trois pieds [90 cm] de béton armé renforcé » (« >3 feet of steel reinforced concrete »). GS laisse le choix entre deux citations : « more than three feet of steel-reinforced concrete » (la même chose, donc) et « six feet of reinforced concrete » (six pieds, soit près deux mètres, de béton renforcé).

Contrairement aux apparences, ces deux citations qui font passer la capacité de pénétration du simple ou double, ne sont pas forcément contradictoires. Elles pourraient correspondre, comme nous l’explique Jean-François Fechino, à deux types de béton : les bétons à Ultra Hautes Performances, et ceux à Très Hautes Performances.

En France, les BFUP (Bétons Fibrés à Ultra-hautes Performances), ainsi nommés par l’AFGC (Association Française du Génie Civil), ces nouveaux bétons sont apparus dans les années 1990, sous l’impulsion conjuguée d’Électricité de France et des entreprises Bouygues et Eiffage, sous-missionnaires des travaux de réfection des tours de refroidissement des centrales nucléaires de Cattenom de Civaux. Issus des recherches scientifiques, ces bétons ont comme particularité d’avoir de très hautes résistances (8 à 10 fois celles du béton classique), de ne pas avoir besoin d’armatures passives, sources de corrosion, d’être étanches à l’eau, et d’être d’une durabilité exceptionnelle. Il existe aujourd’hui une gamme étendue de formules, développées et brevetées par les industriels de la construction. Les Bétons à Très Hautes Performances (BTHP) et les Bétons à Ultra Hautes Performances (BFUP) résultent d’une synthèse des progrès réalisés ces trente dernières années par l’optimisation du squelette granulaire, l’apport d’adjuvants et l’utilisation de renforts de fibres. Concernant la résistance à la compression et selon la définition donnée dans les recommandations de l’AFGC, les BFUP dépassent 150 MPa (Mégapascal, une unité de résistance). Par définition, les performances des BTHP se situent entre celles des Bétons à Hautes Performances (BHP) et celles des BFUP. Les résistances mécaniques des BTHP sont donc comprises entre 100 et 150 Mpa.

Voici comment IsraelValley, le site officiel de la Chambre de Commerce France/Israël, se référant à une revue de presse de l’Ambassade d’Israël en France, annonçait l’achat des GBU-39 le 16 septembre 2008 : « Le ministre américain de la Défense a approuvé la vente à Israël de 1000 bombes pénétrantes de type GBU-39, fabriquées par la société Boeing et considérées comme les plus modernes au monde, rapporte le Maariv. Ces bombes sont capables de pénétrer une couche de béton armé de 90 centimètres d’épaisseur de manière très précise (un périmètre de 3 mètres). Le journal note toutefois qu’avant d’être entérinée, cette vente doit encore être approuvée par le Congrès américain. Selon une source militaire israélienne citée par le journal, la combinaison de ces bombes avec les futurs avions de chasse de Tsahal, les F-35, devrait renforcer de façon considérable les capacités de l’armée de l’air israélienne. »

Selon Jean-François Fechino, les "90 centimètres de béton armé", c’est-à-dire les "3 pieds de béton armé renforcé" que les GBU-39 sont capables au minimum de transpercer selon Boeing représenteraient en fait au moins 4 ou 5 mètres de béton du mur de l’Atlantique.



3. Suspicion d’uranium

D’après leurs caractéristiques techniques, il est clair pour nous que ces armes sont à base d’Uranium Appauvri métal (UAm, ou plus brièvement UA). De l’acier, même de qualité exceptionnelle, ne pourrait faire l’affaire pour une bombe d’un poids aussi réduit et d’une longueur de corps largement inférieure à 2 mètres, à la différence des GBU-28, par exemple, qui tirent leur capacité de pénétration d’un corps de bombe en acier spécial, à la fois longiligne (les premières GBU-28 ont été fabriquées en toute hâte, pendant la guerre du Golfe, à partir de fûts de canon d’artillerie...), très lourd (4000 livres soit près de deux tonnes) et très long (plus de 5 mètres, rien que pour le corps de bombe).

Le mot « steel » (acier), absent de la fiche technique de Boeing et ajouté par GlobalSecurity pour décrire l’enveloppe pénétrante de la tête explosive (« steel case for penetration ») est donc impropre -à moins de désigner un alliage métallique non précisé (qui se dirait alloy). Il sert à combler une lacune manifeste et certainement délibérée dans la notice du constructeur.

Une bombe à qui l’on demande :

  • un impact local précis et resserré (pour pouvoir parler de "frappe chirurgicale") ;
  • un effet collatéral restreint (pour pouvoir parler de "guerre propre") ; mais aussi
  • une très haute capacité de pénétration (égale à celle d’un « bunker buster » 8 à 16 fois plus lourd qu’elle) lui permettant d’atteindre le c ?ur d’une cible fortifiée ou profondément enterrée ;
  • un poids réduit, mais très important par rapport à son volume, donc une extrême compacité ;
  • un coût bas (« low cost »)
  • la capacité d’être produite en grande série, donc de faire appel à un matériau abondant

a toutes les chances d’être à l’UAm. Dans des proportions situées entre 75% et 85% selon Jean-François Fechino, le reste pouvant être du tungstène, du titane, du molybdène... des métaux spéciaux et précieux.

Il est vrai qu’en dehors de l’acier, l’UAm pourrait avoir un concurrent sérieux : le tungstène. Mais il a sur lui un double avantage. D’une part, il est beaucoup moins cher et on ne sait pas quoi en faire (50 000 tonnes en sont produits annuellement dans le monde, comme résidu de l’industrie nucléaire civile et militaire), alors que le tungstène reste un métal précieux, sur un marché dominé par le tungstène chinois. D’autre part et surtout, contrairement au tungstène, il est pyrophorique : il a la propriété de s’enflammer par frottement contre un corps dur comme l’acier ou le béton. Ainsi, non seulement un corps de bombe usiné en UA va-t-il voler en tout petits éclats sous l’effet de l’explosif, mais en plus il va brûler en carbonisant l’intérieur de la cible atteinte. L’UA n’explose pas lui-même, mais il brûle en déclenchant "un feu d’enfer" à près de 1200°C. Ainsi, les occupants d’un char transpercé par la flèche d’un obus-flèche à UA ne meurent pas déchiquetés - pour autant que l’incendie ne provoque pas l’explosion des munitions présentes à bord du char - mais carbonisés. Ce qu’il reste du char est hautement radioactif. Les G.I.s qui, en 1991, s’approcheront de carcasses de tanks irakiens ainsi contaminés s’en apercevront une fois revenus chez eux, souvent des années plus tard.

Attentifs à tout ce qui touche au nucléaire, aux armements radioactifs, à l’Uranium Appauvri, aux armes de destruction massive en général, nous mesurons aussitôt l’ampleur du drame invisible et silencieux qui, au-delà du fracas des bombes, au-delà même des victimes immédiates et des destructions manifestes, risque de se mettre en place dans la bande de Gaza pour se jouer à moyen et à long terme, si l’offensive israélienne se prolonge et continue d’utiliser des armes radioactives de ce type.



4. L’alerte sur le terrain

Dimanche 4 janvier 2009, 13h 16 GMT - L’agence de presse iranienne Press TV, l’une des très rares agences à être présentes à Gaza, diffuse une dépêche en anglais intitulée : De l’uranium appauvri trouvé dans des victimes à Gaza.

On peut y lire que "des médecins norvégiens ont déclaré au correspondant de Press TV, Akram al-Sattari, qu’ils avaient trouvé des traces d’Uranium Appauvri dans le corps de certains habitants blessés depuis le début de l’offensive lancée par Israël le 27 décembre sur la bande de Gaza. Ce témoignage vient après que les tanks et les troupes israéliens aient franchi la frontière dans la nuit de samedi à dimanche et lancé une offensive terrestre, après huit jours de bombardements intensifs par l’aviation et la marine israélienne."

La dépêche ajoute que "le ministre de la Défense d’Israël, Ehoud Barak, a averti ce dimanche que l’offensive serait "pleine de surprises". Suggère-t-elle ainsi que l’usage d’armes à l’Uranium Appauvri pourrait être l’une de ces surprises ?

En fait, la déclaration des médecins norvégiens citée par Press TV va dans le même sens que l’interview télévisée donnée par le Dr Mads Gilbert et retransmise par la chaîne Al-Jazeera dans la nuit du 31 décembre (http://www.gnn.tv/B30595). C’est dès cette date, en effet, que le médecin norvégien mentionne des « traces de radioactivité » trouvées chez des blessés, donc chez des victimes de la première phase de l’offensive israélienne, lors des tout premiers bombardements aériens.

On a vu que, durant cette phase, les autorités israéliennes ont révélé avoir fait grand usage des GBU-39 fraîchement livrées par les États-Unis. Les caractéristiques "miraculeuses" de cette bombe d’avant-garde ont été largement vantées dans la presse, mais en passant sous silence l’information essentielle, la seule qui soit à même d’expliquer les "performances" de ces nouveaux engins : le fait qu’ils doivent contenir de l’Uranium appauvri - conclusion à laquelle nous sommes déjà parvenus.

Plusieurs questions se posent toutefois : comment, dans les conditions aussi difficiles que celles où ils travaillent, le Dr Gilbert et ses collègues ont-ils pu déceler des « traces de radioactivité » et plus précisément encore, d’Uranium appauvri ? Ont-ils prélevé les tissus ou les liquides organiques nécessaires ? Ont-ils eu le temps nécessaire pour réaliser des analyses complexes, qui d’ordinaire demandent plusieurs semaines à des laboratoires spécialisés ? Comment des médecins urgentistes ont-ils pu les réaliser ? Personne ne le sait, et nous n’avons aucun moyen de joindre sur place les médecins norvégiens.



5. Le dilemme

Il ne faut évidemment pas compter sur les autorités israéliennes pour confirmer les assertions du Dr Gilbert, ni sur la presse internationale, empêchée par les Israéliens de pénétrer dans la bande de Gaza. Nous prenons contact avec la Délégation Palestinienne à Paris, espérant par son intermédiaire obtenir des échantillons appropriés de terre ou de matériaux prélevés à Gaza pour les soumettre à l’analyse de laboratoires indépendants (ainsi que nous l’avions fait pour Bagdad, comme on va le voir ci-après). En attendant de les obtenir, une autre approche s’impose pour tenter de vérifier les accusations des médecins norvégiens : poursuivre l’étude des armes dont les blessés de Gaza ont pu être victimes, parmi lesquelles, probablement, les GBU-39. Contiennent-elles de l’UA ? Mais là non plus, on ne peut compter sur une confirmation du « DOD » (Department of Defense) américain, ni sur celle du constructeur Boeing.

Nous sommes donc placés devant un dilemme.

Faut-il, alors que nous n’en avons pas de preuve formelle, dénoncer l’emploi de ces armes dont sommes convaincus, malgré un doute toujours présent à l’esprit, qu’elles sont radioactives ? Nous risquons de nous voir opposer un démenti cinglant et de subir la bronca de tout ce que le complexe militaro-industriel multinational peut compter comme agents, ou même comme alliés malgré eux, jusque dans le mouvement antinucléaire, pacifiste et « abolitionniste » où certains militants ignorent tout du problème, où d’autres le connaissent mal et ne s’en soucient guère, où d’autres enfin, qui le connaissent bien, ne veulent pas prendre le risque de se tromper et de ternir ainsi leur image ou celle de leur association.

Ou bien faut-il en attendre la preuve indiscutable - au risque de voir les Gazaouis et la population de la région, Israéliens compris, subir ou faire subir sans le savoir un génocide "à retardement", dans le silence complice des chefs militaires, des dirigeants politiques et des savants inféodés au complexe militaro-industriel ?

Nous préférons le premier risque au second. L’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire rassemble des citoyens du monde qui veulent agir pour contribuer, dans la limite de leurs moyens, à l’amélioration du sort des humains et à la survie de l’espèce, menacée par les armes nucléaires et radioactives. L’association depuis 1996, et son président depuis 1986, s’efforcent de faire entendre l’impérieuse nécessité d’abolir ces armes. 23 ans de « traversée du désert » : le sort des « lanceurs d’alerte » (« whistleblowers ») nous est devenu familier. A propos de Gaza comme dans d’autres cas, nous jugeons nécessaire de sonner le tocsin avant que le désastre ne soit devenu irréversible et incommensurable.

Le précédent irakien ne doit surtout pas se reproduire.



6. La leçon irakienne : l’attaque de Forward Base Falcon



7. Retour à Gaza

Revenons à Gaza, janvier 2009. Tout comme les Irakiens, les Gazaouis subissent un blocus inhumain, et maintenant une offensive aérienne et terrestre. Vont-ils subir aussi la contamination à l’uranium ? Instruits par l’expérience, nous décidons cette fois de procéder différemment. Nous affirmerons ce qui nous semble hautement probable comme si nous en étions certains. Cela devrait émouvoir quelques secteurs de l’opinion publique, voire quelques journalistes curieux, ce qui pourrait conduire certains responsables politiques à exiger une enquête officielle. C’est à peu près ce qui va se passer...

Le 4 janvier 2009, nous publions un article intitulé :

Il sera traduit et publié en anglais le 6 janvier :

L’article conclut : «  Un véritable crime contre l’humanité s’exécute donc sous nos yeux. » Il appelle le président de la République française, attendu en Egypte pour le lendemain, à tout mettre en ?uvre pour faire cesser ce crime, mais aussi à montrer l’exemple en interdisant dans l’armée française les armements contenant de l’uranium appauvri et en s’interdisant d’en vendre : "La France doit faire cesser ce crime contre l’humanité... La France doit enfin travailler à l’interdiction universelle des armes à l’Uranium Appauvri."

Nous l’envoyons à de nombreux organes de presse et aux médias français, le communiquons à l’ICBUW (International Coalition to Ban Uranium Weapons) dont ACDN fait partie, le diffusons largement au sein de la communauté « abolitionniste », « antinucléaire » et « pacifiste ». A défaut d’intéresser les journalistes français - qui ne souffleront mot du sujet pendant toute la durée de l’opération « Plomb durci » et jusqu’à maintenant - l’article sera repris par de nombreux sites francophones et anglophones, contribuant ainsi à alerter une partie de l’opinion publique, surtout (faut-il s’en étonner ?) parmi ceux qui sont favorables à la cause palestinienne.

Le lendemain, 5 janvier, paraît une nouvelle interview du Dr Mads Gilbert par PressTV, l’agence iranienne, dont nous prenons aussitôt connaissance.

Le journaliste lui demande : « Que pouvez-vous nous dire à propos de ce que vous avez trouvé concernant l’uranium ? » Il répond : « Je ne peux pas vous dire grand-chose à propos de ce que nous avons trouvé. Mais je peux vous dire ceci : la preuve est faite que les Israéliens utilisent un nouveau type d’armes avec un explosif très puissant appelé DIME utilisant un alliage au tungstène. Ces armes ont un énorme pouvoir explosif. »

Est-ce à dire que le Dr Gilbert n’y connaît rien en uranium ? Nous penchons pour une autre explication : il ne dispose simplement pas des analyses - comment le pourrait-il d’ailleurs en pareilles circonstances ? - qui pourraient apporter la preuve indiscutable que la radioactivité dont il parlait dès le 31 décembre était bien due à la présence de particules d’uranium. En attendant, il préfère ne rien en dire et attirer l’attention sur un autre type d’arme non-conventionnelle dont il tente de réparer les ravages, l’explosif à peine connu appelé DIME.

Le 6 janvier, l’ICBUW, à notre grande surprise, publie sans préavis un communiqué qui prend le contre-pied de notre article et disqualifie le Dr Gilbert. Il est vrai que ses compétences de chirurgien humanitaire, familier des théâtres de guerre, ne garantissent pas son omniscience. Est-ce une raison pour lui faire dire que « le tungstène est radioactif », quand il a dit exactement : « A long terme, ces armes auront un effet cancérigène sur les survivants. Ils développeront un cancer, pensons-nous. Il y a eu très peu de recherches sur le sujet, mais certaines, faites entre autres aux Etats-Unis, ont montré leur tendance élevée à provoquer le cancer. » Dire du tungstène, donc du DIME, qu’ils sont cancérigènes, ce n’est pourtant pas dire qu’ils sont radioactifs ! A-t-on jamais entendu dire que l’amiante était radioactive puisque cancérigène ?

Quoi qu’il en soit, nous prenons contact avec le coordonnateur de l’ICBUW. Les échanges qui suivent nous convainquent que ses motifs de douter de la présence d’UA dans les GBU-39 sont loin de devoir nous faire changer d’avis. Mais l’autorité de l’ICBUW en impose aux autres organisations et jette le doute sur le sérieux de notre accusation - ce qui réjouit le lobby de l’UA ("même nos adversaires n’y croient pas !"), lequel se moque bien du sort des Gazouis.



8. Le contexte global

Dans son rapport sur l’Uranium Appauvri en Irak, Jean-François Fechino a décrit la situation de la façon suivante :

« Les problèmes de l’uranium appauvri sont à la fois du ressort des scientifiques (filière de la recherche nucléaire) et des militaires.

« Les scientifiques sont des physiciens et des chimistes ayant acquis généralement une longue pratique professionnelle ainsi qu’une très forte notoriété. Pour une grande majorité des populations, ce sont des Hommes de Science, qui ont accédé à La Connaissance. De ce fait ils sont considérés comme des responsables qui ne peuvent pas mentir, d’autant plus qu’ils s’appuient sur des analyses a priori objectives et cautionnées par des experts rattachés à des agences internationales. Or que disent les scientifiques ? L’uranium appauvri n’est pas véritablement un danger ni pour l’environnement ni pour l’Homme, sauf à de très rares exceptions en quelques points de contamination. Pour l’ensemble (ou presque) de cette communauté scientifique, l’uranium appauvri est "40% moins contaminant que l’uranium naturel".

« Les militaires (utilisateurs mais aussi chercheurs du secteur de l’armement), appuient leurs connaissances sur les rapports de recherches des scientifiques (cités ci-dessus), reprenant à leur compte leurs affirmations. Mieux, lors des différentes phases de mise en ?uvre de ces armements, aucune précaution spécifique n’est utilisée (ni masque de protection, ni combinaison spéciale, ni décontamination par douches ...) encore moins durant les batailles qu’après. Les hommes, en effet, manipulent sans précaution toutes les charges (obus d’artillerie, accrochages de missiles aux ailes des avions, transbordement de pénétrateurs dans les soutes à munitions des chars, chargement des bandes de mitrailleuses à bord des avions...), comme s’ils manipulaient des charges classiques.

« Ces attitudes, cette gestuelle, relayées par les medias, ne pouvaient que renforcer le sentiment de sécurité des populations civiles et de leurs responsables vis-à-vis de l’opinion publique en général et des populations locales en particulier. Un sentiment d’autant plus profondément ancré dans l’esprit du grand public que les scientifiques tiennent un discours qui se veut rassurant quand ces problèmes sont abordés.

« Et puis, les médias eux-mêmes sont là pour en "remettre une couche". Lorsqu’on voit les envoyés spéciaux devant un tas de décombres fumant à la suite d’un bombardement, sans protection, comment arriver à faire comprendre aux populations civiles les dangers qu’elles courent ? Des dangers qui sont invisibles, inodores, sans saveur... Sans compter que les résultats de ces dangers ne se voient pas toujours immédiatement et qu’ils ne présentent pas d’atteintes physiques directes... Les contaminations conséquences de l’uranium appauvri ne sont pas aussi spectaculaires que des bombes au napalm (la photographie d’une jeune adolescente Vietnamienne, marchant nue, avec la peau qui partait en lambeau à la suite d’un bombardement américain au napalm a été l’une des images choc qui ont réveillé les consciences mondiales et accéléré le processus de paix au Vietnam).

« Pour l’uranium appauvri, point de photo choc... D’autant plus que nous sommes là dans le concept de la "guerre propre", médiatisée et orchestrée d’une main de fer par les services des relations publiques des armées américaines... Aussi est-il facile d’imaginer les difficultés que peut éprouver un simple (citoyen) à venir contrecarrer et mettre en doute les paroles d’experts, de scientifiques ou d’officiers généraux, pour ne citer que ces premiers niveaux hiérarchiques. Que peut représenter le poids d’une parole isolée lorsque, officiellement, les dits experts affirment péremptoirement la quasi-innocuité de ces armements... ».



9. Les effets de l’UA

En août 1996, la sous-commission des Droits de l’Homme des Nations Unies classait les armes à uranium appauvri parmi les armes considérées comme produisant « des effets traumatiques excessifs », frappant « sans discrimination les populations civiles » et causant « des dommages graves et durables à l’environnement » selon la Convention sur Certaines Armes Classiques (CCAC), dite Convention sur les armes inhumaines, adoptée à Genève par les Nations Unies le 10 octobre 1980 et entrée en vigueur le 2 décembre 1983. Au même titre que les armes à fragmentation, incendiaires, aveuglantes, ou les mines anti-personnel...

Cependant, faute de « protocole spécifique additionnel » à la CCAC, la résolution N° 96-16 n’a eu aucun effet concret. De plus, ce type d’armement n’entre dans aucun protocole international de déclaration, de limitation ou d’interdiction des armes nucléaires stratégiques car, bien qu’il s’agisse d’uranium, le fait qu’il soit appauvri en U-235, le métal à la base des armes nucléaires, lui permet d’échapper aux contrôles. Ainsi, le seul effet concret de ce classement de 1996, c’est que l’uranium appauvri a disparu du vocabulaire militaire, des catalogues et des notices des fabricants - mais pas des armes fabriquées ni des armes en cours de développement. Et lorsqu’un formulaire douanier se fait un peu trop indiscret, les exportateurs déclarent volontiers du tungstène en lieu et place d’uranium.

Bien que son rôle soit systématiquement minimisé, l’UA est cité en bonne place parmi les causes possibles, cumulatives, du « syndrome de la guerre du Golfe », regroupant divers symptômes et maladies. Ce syndrome est désormais officiellement reconnu, aux Etats-Unis, comme une réalité indiscutable. En effet, le « Comité consultatif de recherche sur les maladies des vétérans de la guerre du Golfe » a remis au Sénat des Etats-Unis et publié en novembre 2008 sur les presses du gouvernement américain son rapport final intitulé La maladie de la guerre du Golfe et la santé des vétérans de la guerre du Golfe (Données scientifiques et recommandations). Le Comité, agissant sous la responsabilité du secrétaire aux Anciens Combattants (Secretary of Veterans Affairs) comprenait une quinzaine de spécialistes, en majorité des médecins. Son rapport s’étend sur 465 pages. Il reconnaît que, sur quelque 700 000 personnels militaires américains déployés en Asie du Sud-ouest en 1990-1991 au cours des opérations « Bouclier du désert » (Desert Shield) et « Tempête du Désert » (Desert Storm) connues sous le nom de « Guerre du Golfe » et de l’occupation qui a suivi, entre 185 000 et 210 000 sont tombés malades. Il n’indique pas le nombre des décès consécutifs à ces maladies ou à d’autres comme le cancer, frappant pour la plupart des hommes ou des femmes jeunes. Une étude publiée en février 2008 par le secrétariat aux AC n’a pas trouvé chez eux de différence de mortalité significative. Mais l’étude à laquelle il se référait s’était arrêtée en 1997. Aujourd’hui, d’après le Major Doug Rokke, plus de 70 000 anciens combattant(e)s du Golfe sont morts.

Voilà plus de 17 ans que les Etats-Unis et leurs alliés ont libéré le Koweït des troupes de Saddam Hussein au cours de la guerre du Golfe de 1990-1991. Malgré la victoire rapide et décisive de l’opération « Tempête du désert », sur près de 700 000 militaires américains ayant servi pendant la guerre, au moins un quart ont éprouvé depuis leur rapatriement une série de problèmes de santé sérieux et persistants. Les tableaux pathologiques combinent typiquement des maux de tête chroniques, des difficultés cognitives, des douleurs multiples, une fatigue inexpliquée, des diarrhées chroniques, des éruptions cutanées, des problèmes respiratoires et d’autres anomalies. Cet ensemble de symptômes, aujourd’hui connu sous le nom de "syndrome du Golfe", échappe aux explications médicales habituelles comme aux diagnostics psychiatriques et il persiste, chez de nombreux vétérans, depuis 17 ans. Les symptômes spécifiques peuvent varier d’un individu à l’autre, mais un tableau pathologique d’une remarquable constance s’est dégagé des centaines de rapports ou d’études de cas portant sur différentes populations de vétérans de la guerre du Golfe, provenant de différentes régions des Etats-Unis et de pays alliés.” (Op. cit., page 3, traduit et souligné par nous.)

Plus d’un soldat américain sur quatre tombé malade après le conflit - et selon d’autres sources également crédibles, près d’un sur deux ! Des milliers décédés des suites de leurs maladies ! Cette hécatombe post-conflit est un phénomène unique dans l’histoire militaire mondiale.

Quant au rôle de l’Uranium appauvri, voici ce qu’en dit le Rapport (page 224) :

« Uranium appauvri - Une exposition de faible niveau à la poussière d’uranium appauvri produite par l’emploi de munitions qui en contiennent a été, pense-t-on, un cas largement répandu pendant la Guerre du Golfe, tandis que les troupes en position avancée ont subi l’exposition la plus importante. De récentes études effectuées sur des animaux ont mis en évidence les effets aigus de formes solubles d’uranium appauvri sur le cerveau et le comportement, mais les effets persistants résultant d’expositions de courte durée et de faible niveau, du type de celles subies par la majorité des vétérans de la guerre du Golfe, ont été à peine étudiés. Il existe peu d’information, qu’elle provienne de la guerre du Golfe ou d’autres études de cas humains, concernant les symptômes chroniques liés à l’exposition à l’uranium, appauvri ou non. L’exposition à l’uranium appauvri dans les conflits postérieurs à la guerre du Golfe, y compris au cours des conflits actuels au Moyen Orient, n’a pas été associée à grande échelle à des tableaux de symptômes multiples, ce qui suggère que l’exposition à l’uranium appauvri n’est probablement pas la cause première du syndrome de la guerre du Golfe. On continue toutefois à s’interroger sur les effets à long terme des expositions à l’uranium appauvri à plus forte dose, en particulier s’agissant d’autres aspects de la santé. »

En somme, d’après ce Rapport, on ne sait à peu près rien du lien causal entre l’uranium appauvri et le syndrome du Golfe, étant donné qu’on ne l’a pour ainsi dire pas étudié, mais on peut dire a priori que ce n’est pas sa cause première, bien qu’on puisse découvrir un jour que ce serait quand même le cas... Ces contorsions intellectuelles ont du mal à masquer l’embarras de la commission d’enquête officielle devant les conclusions auxquelles sont déjà parvenus de nombreux chercheurs indépendants.

Par exemple Dan Bishop, docteur en chimie et président de l’International Depleted Uranium Study Team (Colorado, USA), selon qui “les études de plusieurs vétérans de la guerre du Golfe ont montré que chacun deux a absorbé une dose initiale égale à 0,34 g d’Uranium appauvri, qui reste en permanence dans les tissus des poumons. Ceci correspond à 4,3 millions de particules d’un diamètre de 2,5 microns. L’activité alpha pour 0,34 gramme d’UA est de 5,2 Becquerel (5,2 désintégrations alpha par seconde, 160 millions de désintégrations alpha par an), aboutissant à une activité totale (alpha, bêta et gamma) égale à 26 désintégrations par seconde, ou 800 millions d’événements radioactifs par an.” Or on connaît sans aucun doute possible les conséquences sur la santé de ces millions d’ « événements » : ne pouvant pas être tous « réparés », les dommages causés aux cellules, les coupures chromosomiques, les altérations de l’ADN - tout cela dûment constaté en laboratoire, entre autres par les « récentes études effectuées sur des animaux » dont parle le Rapport officiel cité plus haut - ont pour effet de déclencher des symptômes de maladies (cancers, leucémies, lymphomes, diabète, stérilité, malformations f ?tales...) qui deviennent irréversibles.

Il va sans dire que la population irakienne fait elle aussi les frais de l’UA déversé en Irak. Ainsi, selon le Dr Jawad Al-Ali, du Centre oncologique de Bassora, les cancers mortels dans la région de Bassora sont passés de quelque 25 en 1988 à plus de 600 en 1998. Les malformations de nouveaux-nés se sont multipliées et ont pris des formes monstrueuses.

Et à Gaza, que va-t-il se passer ? A Gaza, le massacre continue malgré la résolution 1860 du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant le 9 janvier 2009 un cessez-le-feu immédiat. Confortés dans nos conclusions par les informations reçues, par l’intermédiaire de Jean-François Fechino, d’une source qu’il juge fiable, située dans l’appareil militaro-industriel américain, nous publions le 14 janvier un deuxième article reprenant les données alors connues de nous :

Cette publication suscite de vives réactions.

Voir 2ème partie

(Sauf indication contraire, toutes les traductions de l’anglais en français sont dues à l’auteur du rapport.)

13 juillet 2009 - Mondialisation


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