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Irak : l’histoire de Baha Mousa

mardi 21 juillet 2009 - 06h:07

Robert Fisk
The Independent

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J’ai tout d’abord entendu parler de Baha Mousa par sa famille. Il travaillait comme réceptionniste dans un hôtel de Bassora. cet hôtel avait été encerclé par les troupes britanniques qui y ont arrêté sept hommes. Ceux-ci ont été emmenés à la caserne britannique, encagoulés et passés à tabac.

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Le père de Baha Mousa veut que justice soit rendue - Photo : Gallo/Getty

Deux jours plus tard, comme son père me le rappelle en pleurant, Mousa était mort. Sa famille a reçu 3000 £ (livres sterling) en réparation et a refusé un autre versement de 5000 £. Ce qu’ils voulaient, c’était la justice.

Son père avait été nommé officier de police par les autorités britanniques elles-mêmes. Il portait deux pistolets à ses hanches. Il était « notre homme », et on a tué son fils.

Le scandale de la mort de son fils, âgé de 26 ans, arrêté devant son propre père, reste l’un des épisodes les plus honteux de l’occupation [britannique] du sud de l’Irak.

Alors qu’ils tabassaient les sept hommes, les soldats britanniques leur ont donné les noms des joueurs de football.

Je pense qu’il est toujours facile de dénigrer ceux qui vous allez maltraiter. Un de ses camarades qui travaillait dans le même hôtel et qui me parle avec une grande peine depuis son lit d’hôpital, a raconté comment Baha avait supplié pour que ses meurtriers cessent de lui donner des coups de pied.

« Il était un homme respectable. Ils n’avaient pas de raison de lui faire cela » », dit-il.

Quand j’ai entendu cette histoire, cela m’a hélas rappelé tous les récits qui m’avaient été faits dans le Nord de l’Irlande, de catholiques emmenés de chez eux, roués de coups dans les casernes de l’armée britannique et qualifiés de « terroristes » par ceux qui devaient garder le contrôle de leurs bourreaux.

J’avais déjà entendu tout cela auparavant. Ceux qui avaient été roués de coups et frappés de coups de pied sont toujours et toujours les méchants.

À Bassorah, les Britanniques aiment dire qu’ils savaient comment traiter les gens, qu’ils avaient appris de l’Irlande du Nord. Oh oui, combien ils avaient appris !

Je me souviens de m’être assis devant les enfants de Baha Mousa — son épouse était déjà morte d’un cancer — et en écoutant le récit fait par son père, j’ai douté que justice soit faite.

Et elle ne l’a pas été. Les sales types se sont enfuis en même temps que la justice. Comme ils l’ont fait en général en Irlande du Nord.

Il ne s’agit pas de c ?urs et d’esprits [paraphrase des propos de Bush sur « gagner les coeurs et les esprits » - N.d.T]. Il s’agit de justice. Et nous ne la rendons pas.

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12 juillet 2009 - The Independent - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.independent.co.uk/opinio...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach


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