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Les Palestiniens et les pays arabes rejettent le discours de Netanyahu

mercredi 24 juin 2009 - 06h:22

Juan Miguel Muñoz - El Païs

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Un discours radical « colonialiste et dans la meilleure tradition néoconservatrice » — d’après les mots de l’analyste israélien Akiva Eldar — dans lequel la responsabilité de tous les maux du Proche Orient incombent aux Palestiniens et aux Etats arabes et musulmans.

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Des travailleurs palestiniens attendent de pouvoir traverser le mur d’Apartheid à Bethléhem - Photo : El Païs

Cette affirmation, qui ignore la loi internationale et les engagements de la part des gouvernements israéliens précédents et qui visait à faire de l’effet parmi les Israéliens tout en soulageant la pression exercée par le Président Barack Obama, ne pouvait que susciter une réaction au sein du monde arabe : le rejet frontal. Sans palliatifs. Les réactions des autres pays arabes sont quasiment superflues lorsque l’Egypte, pays qui signa un traité de paix avec Israël il y a trente ans, se montra si explicite.

« Les paroles de Netanyahu font capoter tout espoir de paix. L’appel à corriger l’initiative de la Ligue Arabe, éliminant le droit au retour des réfugiés palestiniens ne conduira pas au compromis avec l’Egypte, ni avec aucun autre pays », affirma le Président Hosni Moubarak, catégorique.

Ce n’est pas seulement le fait que Netanyahu exige comme condition incontournable l’acceptation du caractère juif de l’Etat (officiellement, il n’y a qu’un seul Etat théocratique au monde, l’Iran) de la part des Palestiniens et des pays arabes, ce qui suppose la renonciation complète, sans négociation, au droit au retour.

Le fait est que, en plus de promettre que Jérusalem ne sera jamais partagée, sous l’exigence de la démilitarisation et suite au refus d’arrêter la construction dans les colonies déjà existantes (120, en plus des 130 colonies illégales pour les propres gouvernements israéliens), l’Etat palestinien résultant ne serait pas digne d’un tel nom.

Netanyahu réclame le contrôle de son espace aérien, des frontières du fleuve Jourdain, de l’espace électromagnétique. Avec bien sûr quelques garanties de sécurité draconiennes supplémentaires : que l’Autorité palestinienne combatte et fasse disparaître le mouvement islamiste du Hamas.

« La vision du Premier Ministre est erronée et manque de nombreux éléments qui exigent un changement substantiel afin de s’adapter aux efforts arabes et internationaux pour parvenir à une paix juste au Proche Orient », ajouta un porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères égyptien.

Les dirigeants palestiniens (le Hamas qualifia de « raciste » le discours du leader hébreu) furent plus sévères dans le contenu de leurs critiques. « Netanyahu », nota le chef des négociateurs, Saeb Erekat, « parle de négociations à propos de cantons dotés d’un drapeau et d’un hymne, mais dépourvus de frontières, de souveraineté et de capitale ».

Ce sont les demandes propres d’un dirigeant constamment à l’écoute de son père, Benzion, un historien aux positions extrémistes. D’un premier ministre qui ignore la loi internationale (l’interdiction de déplacer des populations civiles vers des territoires occupés) et qui exige l’impossible avant d’accepter la création d’une entité palestinienne qui sera privée de toute autonomie.

C’est typique des leaders israéliens de ne jamais cesser de prononcer le mot « paix ». Netanyahu fit part aussi de sa disposition à se réunir avec les dirigeants arabes à Beyrouth, Ryad, Damas ou Jérusalem. Il faut savoir que ce sont des paroles pour la galerie occidentale ou pour un auditoire inondé par les kippas tricotées à la main, celles portées habituellement par les religieux (sionistes et les colons). Ni le roi jordanien, ni le président Moubarak n’ont visité Israël, bien que ces deux pays signèrent il y a plusieurs années des accords de paix avec l’Etat sioniste.

Il est donc inimaginable que, étant données les circonstances et le discours du premier Ministre israélien, le roi saoudien, un chef du gouvernement libanais ou le président syrien acceptent une telle demande.

Le quotidien Tishrin, réflétant le point de vue du régime de Damas, ajouta : « le plan de Netanyahu vise tout sauf la paix ». « Netanyah n’a modéré aucune de ses positions. Il veut juste gagner du temps. Les Etats-Unis peuvent abandonner la région à son triste sort ou assumer leur responsabilité et dire clairement que la paix n’est pas une fantaisie, mais une nécessité pragmatique pour la stabilité », écrivait dans son éditorial gouvernemental le quotidien syrien Al Thawra.

Cela coïncidait avec les déclarations des porte-paroles palestiniens. « Président Obama, la balle est dans votre camp. Vous devez choisir entre traiter Netanyahu comme un premier ministre qui se place au-dessus des lois, qui clôt le chemin de la paix et guide la région vers la violence, le chaos et l’extrémisme, ou le forcer à accepter la Feuille de Route », de conclure Erekat.

Du même auteur :

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16 juin 2009 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Assia B.


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