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Les Israéliens terrorisés par l’Iran

jeudi 11 juin 2009 - 06h:00

Abdel Bari Atwan

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Selon les sondages d’opinion en Israël, un tiers des Israéliens prendrait la fuite et émigrerait si l’Iran était doté du nucléaire militaire.

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Portrait du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui manifestement joue dans le subconscient israélien le rôle du grand croquemitaine... - Photo : Reuters

Ceci prouve une fois de plus l’inefficacité de la « stratégie de paix » arabe. Cette stratégie a contribué à l’augmentation de l’immigration juive en Palestine et à l’expansion des colonies pour absorber ces émigrés. Elle a en fait renforcé la stabilité, la sécurité et la prospérité économique d’Israël qui incitent ces nouveaux venus à répondre aux appels des organisations juives soutenant le projet sioniste en Palestine occupée.

Si l’augmentation de l’arsenal militaire iranien et les efforts soutenus que déploie l’Iran pour posséder des armes nucléaires, suscitent une crainte telle chez les Israéliens que ce sombre avenir les incite à chercher un refuge pour eux-mêmes et leurs enfants dans des pays comme le Canada, les États-Unis, l’Australie et l’Europe, qu’en serait-il si l’Iran se trouvait à la frontière de la Palestine ou si c’étaient les pays arabes voisins tels que l’Égypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban qui mettaient au point des armes et des missiles nucléaires de toutes portées et de toutes tailles et s’ils soutenaient la résistance palestinienne avec de l’argent et des armes ?

Hier, le ministre israélien des affaires étrangères, Avigdor Liebermann, a dit qu’il n’était pas question de revenir aux frontières du 4 juin [1967] ; Benjamin Netanyahou a enchaîné en insistant de façon encore plus insultante sur une Jérusalem unifiée, capitale éternelle de l’État hébreu, qui ne ferait donc l’objet d’aucune négociation.

À cause de ces déclarations israéliennes provocantes, il est impératif de remettre en question, d’abord au niveau palestinien et ensuite au niveau arabe,l’attitude actuelle qui consiste à mendier la paix. Cette remise en question signifierait le retour à d’autres options et solutions.

Adoptons un « stade provisoire » au cours duquel nous retirons l’initiative de paix arabe, nous arrêtons tous les contacts avec l’actuel gouvernement israélien et avec tout autre gouvernement qui suit ses traces, nous fermons la porte à tout envoyé de paix étasunien ou européen et nous expulsons Tony Blair, envoyé du quartet international, que toutes les capitales arabes considèreront comme persona non grata. Ceci, parce que Tony Blair est un militant partial et qu’il est l’auteur du projet de « paix économique » adopté à présent par Netanyahu comme solution de rechange à la solution des deux Etats.

L’action de Blair démasque ses préjugés manifestement favorables à l’égard des projets de colonisation israéliens et elle reporte l’examen d’un État indépendant sous prétexte qu’il est nécessaire de former les Palestiniens en matière économique et politique avant que leur état ne soit établi.

Aussi longtemps qu’Israël rejettera la paix et la solution des deux Etats et qu’il poursuivra ses politiques de colonisation, pourquoi ses colons auraient-ils le droit de vivre dans la sécurité, la stabilité et la prospérité que leur garantissent les détenteurs de droits arabes usurpés qui ne les empêcheraient pas de jouir de terres fertiles, d’air frais, de l’eau et de sables d’or alors que leurs voisins palestiniens, propriétaires historiques de la terre, vivent dans la misère et la souffrance ?

Pourquoi les Arabes, et particulièrement les Palestiniens, permettent-ils l’épanouissement du tourisme israélien - qui rapporte au trésor israélien des millions de dollars chaque année - alors que 1,5 millions d’Arabes affamés vivent sous siège dans la bande de Gaza, que 3 millions d’autres subissent des humiliations aux 650 barrages en Cisjordanie ?

L’État d’Israël pousse l’impudence jusqu’à publier dans sa publicité touristique à Londres des annonces comportant une carte qui inclut la Cisjordanie, la bande de Gaza et les hauteurs du Golan comme territoires israéliens. Si l’ambassade syrienne n’avait pas pris l’initiative de protester, cette publicité n’aurait jamais été enlevée.

[Le président iranien Mahmoud] Ahmadinejad a eu raison d’enlever la cause palestinienne des mains des dirigeants arabes, sans qu’ils ne lui opposent aucune résistance,en développant sa puissance militaire et en dénonçant la manière dont Israël s’est approprié la Palestine ainsi que les humiliations quotidiennes que subit le peuple palestinien . Ahmadinejad a été capable de terroriser Israël, son gouvernement et sa population à l’intérieur et l’extérieur de ses frontières et de les empêcher de dormir sans avoir tiré une seule cartouche.

Ceci confirme le fait que la force et non pas la branche d’olivier, l’abandon de la mendicité et de la faiblesse, changent l’équation et mettent fin à l’arrogance israélienne qui se traduit de la façon la plus atroce dans les politiques du gouvernement Netanyahou et dans la dureté de ses positions.

Les Israéliens comprennent que la montée d’une puissance militaire, dans n’importe quel pays musulman, représente une menace pour leur sécurité, voire pour leur existence. Ils craignent l’Iran en particulier parce que c’est le seul pays musulman qui prenne ses décisions en toute indépendance et qu’il ne prend pas d’ordres des puissances étrangères, ni ne tend la main pour mendier l’aide ou les prêts de Washington ou du Fonds monétaire international.

Les régimes arabes attendent impatiemment la visite et le discours que le Président Barack Obama prononcera à l’université du Caire dans lequel il fera des offres de « réconciliation avec le monde musulman » et présentera « sa vision du règlement du conflit arabo-israélien ».

Certains pays ont commencé à promouvoir cette réconciliation à l’avance en promettant la pleine normalisation des relations entre tous les pays musulmans et l’État hébreu en échange du gel des colonies en Cisjordanie occupée. Quelle offre fantastique et ça, pour un prix dérisoire !

La question qu’on se pose est de savoir si parmi les dirigeants arabes qui lancent cette nouvelle initiative et la diffusent par la voix de leurs médias il en est qui ont consulté les pays musulmans intéressés (au nombre de 57) et s’ils ont obtenu leur bénédiction avant de se faire leur porte-parole et de proposer des concessions en leur nom.

Les pays arabes comme par exemple la Libye, l’Algérie, le Soudan, la Syrie, le Liban et la Mauritanie ont-ils accepté cette initiative ? Et qu’en est-il de l’Iran ? N’est-il pas également un pays musulman ?

Le sondage d’opinion israélien mentionné ci-dessus confirme le fait que l’attitude précédente des Arabes, qui rejetaient les négociations et la reconnaissance d’Israël, était plus utile, plus efficace et qu’elle était la moins nuisible. Si les régimes arabes avaient persévéré dans cette attitude - spécialement alors que les gouvernements israéliens qui se sont succédé cherchaient la médiation de « n’importe qui » pour rencontrer les Arabes afin de briser leur isolement international - ils auraient peut-être obtenu de très importantes concessions, un règlement qui garantisse la création de l’État palestinien indépendant et la réalisation d’un minimum de paix juste.

Les politiques d’isolement assorties d’un soutien à la résistance palestinienne légitime ont renforcé les mouvements de paix israéliens. Nous avons vu des centaines de milliers de personnes affluer vers la place principale de Tel-Aviv à l’appel du mouvement la Paix maintenant contre la guerre israélienne au Liban et ailleurs.

En revanche, nous avons vu comment certains ont cédé devant le chantage israélien et étasunien en présentant une initiative de paix qui répond à la plupart des conditions imposées par Israël. Cette attitude de soumission a poussé les Israéliens à adopter une position plus extrémiste et à élire un gouvernement qui rejette la solution des deux états et s’engage à développer les colonies. Cette attitude a aussi amené la disparition ou la diminution des mouvements pacifistes israéliens. Où est à présent la Paix maintenant, où est le parti Meretz et combien il y a-t-il de travaillistes à la Knesset ?

Nous espérons que M. Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe - qui s’est engagé à chercher des solutions de rechange arabes au rejet par Israël de l’initiative de paix - et d’autres dirigeants arabes auront vu les résultats de ce sondage et se seront réveillés de l’actuel coma de paix qui leur a caché les faits les plus simples et les facteurs élémentaires du conflit arabo-israélien.

Du même auteur :

- Shimon Péres ambassadeur des pays arabes à Washington - 28 mai 2009
- Ahmadinejhad n’a fait que dire la vérité - 22 avril 2009
- Si seulement Hillary Clinton se taisait ! - 27 février 2009
- La République Palestinienne de Dayton - 11 février 2009
- L’enthousiasme israélien pour l’initiative saoudienne - 26 octobre 2008

25 mai 2009 - Abdel Bari Atwan - Cet article a été publié ici :
http://www.bariatwan.com/index.asp?...
Traduction : Anne-Marie Goossens


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