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Dix rappels préalables au discours du Caire ...

jeudi 4 juin 2009 - 06h:18

Abdul Rahman Mansur

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« Votre choix du Caire comme lieu de votre discours au monde arabe et islamique a choqué de nombreux observateurs au Moyen-Orient », écrit Abdul Rahman Mansur

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Dans son adresse au monde arabe et islamique Obama ira-t-il au -delà de simples gesticulations ? Ou sur le fond ne fera-t-il que confirmer le cours pro-israélien de son administration ?

Alors que l’Egypte souffre d’un système politique qui a recours à une répression systématique pour supprimer toute opposition politique, votre choix a été considéré comme un cadeau venant du président nouvellement élu qui semble avoir oublié son propre avertissement lancés aux leaders mondiaux le 20 janvier au moment de la cérémonie d’intronisation : « Pour ceux qui s’accrochent au pouvoir par la corruption et autres abus, à ceux qui font taire les voix discordantes je dis : vous devriez savoir que vous êtes du mauvais côté de l’Histoire, mais nous sommes disposés à tendre nos mains vers sous si vous êtes disposés à changer. »

Choisir l’Egypte, domicile du plus grand mouvement islamique dans le Moyen-Orient, comme lieu de rendez-vous pour s’adresser au monde arabe et islamique, peut se justifier par l’influence culturelle, politique et religieuse du pays dans la région. Mais il y a des doutes sur le fait que le discours du 4 juin ne soit pas qu’un autre épisode de votre série de discours de propagande depuis votre cérémonie d’investiture comme président des États-Unis.

La décision de votre administration de reconduire les sanctions à l’encontre de la Syrie est contraire à vos promesses faites lors d’entretiens avec des puissances régionales du Moyen-Orient, et la faible réponse de votre gouvernement aux menaces d’Israël d’attaquer l’Iran met encore plus en évidence que les tenants d’une ligne intransigeante ont encore la main haute à Washington. D’ailleurs, la décision prise il y a quelques jours de maintenir les tribunaux militaires à Guantanamo, a justifié les frustrations et les doutes de beaucoup quant aux ambitieuses promesses venant d’un président qui fait face à de grands défis.

Il est juste d’affirmer que votre visite au Caire n’entraînera pas de changement substantiel dans la région, principalement parce que même si l’administration américaine soutient les politiques de réforme et le renforcement de la démocratie, elle continue à empêcher tout progrès significatif en refusant d’use de sanctions et conditions préalables.

Toutefois, pour que votre visite ait des conséquences significatives pour le Moyen-Orient, il serait dans votre intérêt de garder à l’esprit dix points qui autoriseraient une compréhension plus approfondie de la culture arabe et islamique et feraient que votre discours irait au-delà de simples gesticulations diplomatiques.

1 - La bande de Gaza et l’Irak, problèmes certainement les plus difficiles au Moyen-Orient

Le mépris affiché par votre administration pour les crimes de guerre commis par l’armée d’occupation israélienne dans la bande de Gaza est un puissant témoignage de son absence de réelle préoccupation pour les droits de l’homme dans la région ; plus de 1000 civils, la moitié étant des femmes et des enfants, ont été massacrés et plus de 5000 ont été blessés au cours de trois semaines d’un bombardement massif. Nous attendons toujours que vous condamniez ces violations flagrantes des droits de l’homme.

L’occupation de l’Irak par les forces américaines, qui prétendaient sauver le peuple irakien de la dictature, a placé le peuple irakien entre deux enfers : la guerre civile ou l’occupation. Inutile de dire que le monde entier a vu les images des tortures et traitements inhumains infligés aux prisonniers d’Abou Gharib.

2 - La guerre contre l’islam alimentée par les néo-conservateurs

La guerre contre l’Islam lancée par votre prédécesseur, le président George Bush était répugnante à la fois pour les pays arabes et les pays musulmans, qui continuent d’être mal représentés et sont tous des exemples d’une souffrance sur laquelle les États-Unis ont fermé les yeux. Les personnes arrêtées et détenues de force dans la prison de Guantanamo attendent des excuses de la part des États-Unis. Si la compréhension et le respect sont deux choses que vous tenez à exprimer au monde jeudi prochain, parler de l’islamophobie est nécessaire.

3 - Votre soutien des régimes autoritaires annule vos promesses

Avoir choisi le Caire est un généreux cadeau fait au régime de Moubarak, qui n’a pas réussi au cours des 25 dernières années à organiser même une seule fois des élections vraiment justes et démocratiques ; une véritable critique de son régime, alors que vous êtes au Caire, est à portée de la main. Ne pas être capable de critiquer Moubarak et les régimes despotiques arabes aurait pour effet de faire disparaître l’espérance suscitée par les promesses de votre discours d’investiture, principalement celle de soutenir la démocratie et les réformes politiques au Moyen-Orient.

4- Rencontrer les leaders de l’opposition

Une rencontre avec les dirigeants de l’opposition vous donnerait une image fidèle et claire de ce qui se passe en Égypte. Les médias égyptiens, à la fois publics et privés, sont dominés par les voix qui s’activent pour Moubarak et son régime, lequel est hostile à tous les mouvements d’opposition, même ceux sur s’exprimant sur Internet. Les dirigeants de l’opposition, ainsi que les bloggers, représentent la fenêtre permettant de voir quels sont les meilleurs moyens de mettre en ?uvre le changement en plaçant les bonnes pressions économiques et diplomatiques sur le régime égyptien pour imposer une réforme politique qui est bloquée depuis le début de l’ère du président Hosni Mubarak.

5- Le peuple attend des actes et déteste les discours de propagande

Les dirigeants arabes ont eu du succès à ce jour dans le marketing en utilisant des discours de propagande, et nous ne sommes pas disposés à écouter d’autres discours qui n’ont rien à voir avec le monde réel. Les axes stratégiques pour changer la politique américaine envers le monde arabe et musulman doivent être au centre de votre intervention. Les actes valent mieux que les mots ! Et la mise en ?uvre de vos plans vaudra mieux que de les conserver dans des tiroirs.

6- Les dirigeants islamiques vous aideront

Votre nomination de Dalia Mogahed, au sein du Conseil de la Religion [Council of Religion], à la Maison Blanche, a été en faveur des droits des minorités en Amérique et vous garantie un conseil véritablement modéré pour parler du point de vue musulman. Nommer près de vous des personnes comme Dalia Mogahed, ainsi qu’emmener les Musulmans de la Maison Blanche dans votre équipe lors de votre passage au Caire, donnera à votre visite une bonne influence et ira dans le sens de vos promesses de soutenir l’avènement d’une véritable paix avec le monde islamique. Donner à ces personnes une voix au chapitre lors votre visite au Caire aura un impact significatif sur vos objectifs d’améliorer votre relation avec le monde islamique.

7- Rester à l’écart des pressions israéliennes

Les politiques de réforme et d’appui à la démocratie au Moyen-Orient sont contraires aux intérêts d’Israël dans la région. Le lobby israélien cherche à étendre son autorité à l’intérieur de la communauté politique américaine, et il ne faut pas céder à la pression israélienne.

8 - Les mouvements islamiques sont l’avenir du changement

Le large succès des Frères musulmans en Egypte à l’occasion des élections législatives, M. le Président, vous impose d’ouvrir de véritables canaux de communication avec les mouvements islamiques dans la région, notamment le Hamas qui a remporté les élections en Palestine en 2006. Surmonter les nombreux obstacles pour parvenir à une vision commune avec les mouvements islamiques au Moyen-Orient est le moyen de définir l’avenir de l’Amérique au Moyen-Orient.

9 - Le changement doit venir de l’intérieur et non pas des Etats-Unis !

Mais étant donné les divers messages qui vous ont été envoyés après votre accès à la présidence, et de l’enthousiasme et l’espoir qui ont traversé le monde après le 20 janvier de cette année, nous sommes certains que des changements réels dans les questions du Moyen-Orient ne peuvent venir uniquement des Etats-Unis. Aujourd’hui, une génération de jeunes militants, des réformistes, des mouvements politiques et intellectuels peuvent amener des changements réels dans la région, mais pour cela les États-Unis d’Amérique doivent cesser de soutenir les dictateurs arabes qui en retour de cet appui soutiennent les projets américains et israéliens dans la région.

10 - Apprenez de votre prédécesseur

Les discours de propagande, qui empêchent tout progrès, sont le plus sûr moyen de mener la région vers un abîme politique. Les politiques menées depuis le début de votre présidence et les écarts par rapport aux valeurs sur lesquelles vous avez fondé votre élection, ne feront de vous qu’un nouveau George Bush, peut-être juste plus charismatique. Rappelez-vous que vous faites l’histoire en posant le pied sur le sol d’Égypte. Ne faites pas de gros titres avec vos idées et vos projets, mais mettez-les en oeuvre et prenez les bonnes décisions lors de vos prochaines visites dans le monde arabe.

Vous devez vous attaquer à toutes les questions que les États-Unis ont toujours décrites comme vitales et importantes dans la région.

* Abdulrahman Mansour est un blogueur égyptien et militant politique, terminant un diplôme en Communication et Médias à l’Université du Caire.

1° juin 2009 - Palestine Telegraph - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.paltelegraph.com/middle-...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach


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