Dans une interview avec Olivier Händler, Tayseer Khaled, membre du Comité exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), évoque les raisons pour lesquelles des pourparlers avec Israël ne sont pas possibles en ce moment. Tant qu’Israël ne reconnaît pas la solution biétatique, il est impossible de négocier.

Tayseer Khaled a été le candidat du FDLP aux élections présidentielles de 2005.

Vous venez de Naplouse. A-t-il été difficile de sortir de Cisjordanie ?

Les Palestiniens ont en général une liberté de circuler très réduite. 640 postes de contrôle répartis sur un territoire palestinien qui ne fait que 5.000 kilomètres carrés nous empêchent aussi bien de voyager dans notre pays qu’à l’étranger. C’est quand je vais à Gaza que j’ai le plus de problèmes.

Comment jugez-vous la revendication d’un gouvernement d’unité du Fatah et du Hamas ?

Il circule une représentation fausse de la situation des Palestiniens, selon laquelle la confrontation se limite aux deux composantes Fatah et Hamas. Mais il y a d’autres groupements politiques comme le Front Démocratique pour la Libération de la Palestine, le Parti du Peuple ou le Front Populaire pour la Libération de la Palestine. Les polémiques ont lieu plutôt entre le Hamas et les différentes factions de l’OLP. Le Hamas tend à formuler la société comme duelle. Mais nous ne voulons pas renoncer au système multipartite au profit de deux piliers, car nous sommes fiers de ce système.

Est-il pensable que Hamas et OLP travaillent ensemble ?

Naturellement. Nous sommes un peuple sous occupation. Il y a beaucoup de points qui nous unissent : la construction des colonies, l’horrible mur des Israéliens, les agressions d’Israël contre Gaza. Ce sont des objectifs communs au Hamas et à l’OLP.

La politique se concentre-t-elle actuellement sur ces objectifs ou sur ce qui sépare ?

Ces objectifs devraient nous unir. Le Hamas a un programme politique qui se différencie nettement de celui de l’OLP. Le Hamas fait partie d’une fraternité islamique internationale qui veut créer un émirat islamique. L’OLP par contre vise un état démocratique au sein duquel les droits de l’homme seront préservés.

Israël a récemment réclamé sa reconnaissance comme état juif ...

Déjà le président US Harry Truman la revendiquait. Cependant, dans sa lettre du 14 mai 1948 il a biffé le mot « juif » et n’a reconnu que le « nouvel état d’Israël ». Nous non plus, nous ne pourrons jamais reconnaître Israël comme état juif. 20% de ses habitants sont des Palestiniens. Ce sont les habitants originels du pays. Et que faisons-nous des cinq millions de réfugiés palestiniens d’Israël ?

Voulez-vous négocier avec le nouveau gouvernement d’Israël ?

Les précédents gouvernements israéliens n’ont jamais négocié sérieusement depuis 1991. Les pourparlers ne font jamais que commencer, jamais ils ne s’achèvent. C’est ce que Barack Obama a aussi reconnu et il a exigé que les négociations aboutissent à tout prix à un objectif. Israël ne négocie que des détails, mais jamais de points centraux substantiels. Ainsi ils discutent de l’arrêt de la construction de nouvelles colonies, sans mentionner les précédentes colonies illégales.

Il y a plusieurs raisons qui rendent actuellement impossibles les véritables négociations. Ainsi le Premier ministre Benjamin Netanyahou rejette la solution des deux états. Il ne veut qu’un traité de paix économique. Jérusalem ne peut être un point de négociation, les colonies pas davantage, qui ont volé 20% de notre pays. Et quant au Ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, ce n’est même pas la peine d’en parler. C’est un radical de droite, comme l’était Jörg Haider. C’est un colon, dont le but est d’annihiler les bases d’un futur état palestinien : infrastructure, bâtiments administratifs, stations-service, système bancaire. Il faudrait que notre territoire devienne une tapisserie rapiécée, afin que jamais ne puisse en naître un état commun.

Sur qui reposent vos espoirs pour une solution du conflit ?

La communauté internationale accepte la solution biétatique. Nous avons demandé à l’UE que les négociations du Quartette pour le Proche-Orient soient stoppées aussi longtemps qu’Israël ne veut pas discuter de cette solution. Cela nous a malheureusement été refusé. L’attitude intransigeante d’Israël n’est possible que grâce au soutien inconditionnel des USA. Le Quartette doit exercer une pression sur Israël pour qu’il reconnaisse la solution biétatique et aborde la question de Jérusalem. Tant qu’Israël construit d’autres colonies et ce Mur, nous ne nous mettrons pas à table avec eux, et certainement pas avec ce gouvernement-ci.

Qui soutient le plus vos revendications politiques ? Plutôt Barack Obama ou bien le président iranien Mahmoud Ahmadinedjad ?

La communauté internationale ne devrait pas mêler d’autres problèmes de la région au problème palestinien. En outre, Ahmadinedjad a déclaré que l’Iran accepterait toute solution agréée par les Palestiniens. Nous comptons maintenant que le Quartette nous soutiendra. Le problème n’est pas l’Iran, mais Israël.

Israël voit les choses autrement. Pour lui, ce serait le terrorisme palestinien ...

Nous condamnons de telles activités contre des civils. Il n’y en a d’ailleurs plus eu depuis des années. Par contre, Israël mène une guerre à Gaza, causant la mort de 1.400 personnes, dont 20% d’enfants et 10% de femmes. C’est cela le terrorisme, à nos yeux.

04 mai 2009 - Neues Deutschland - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.palaestina.org/news/beit...
Traduction de l’allemand : Marie Meert