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Israël monte d’un cran dans la répression des manifestations en Cisjordanie

lundi 4 mai 2009 - 06h:46

Antonio Pita - Agencia EFE

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La mort récente d’un manifestant palestinien a révélé une augmentation de l’emploi par l’armée israélienne d’armes potentiellement mortelles ou de la mauvaise utilisation des outils de lutte anti-émeute en Cisjordanie pour réprimer les protestations.

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La répression des occupants israéliens en Cisjordanie est féroce. De nombreux manifestants contre le Mur d’Apartheid ont été blessés ou tués ces dernières années.

Vraies coups de feu, balles recouvertes de caoutchouc et gaz lacrymogènes lancés directement sur les corps sont monnaie courante pour les habitants du village cisjordanien de Bilin qui depuis quatre ans manifestent chaque vendredi, avec les militants israéliens et internationaux pour protester contre le mur de séparation qui traverse leurs terres.

L’armée israélienne affirme qu’il s’agit de « moyens autorisés par le droit international pour lesquels il existe des règles d’action et d’utilisation afin de garantir une utilisation équilibrée et proportionnée" dans le cadre de manifestations "violentes et illégales. »

« Bilin est le grand laboratoire d’expérimentation et d’opportunités de marchés [à gagner] pour l’armée israélienne », réfute Kobi Snitz, un des rares mais actifs Israéliens qui assiste religieusement au rendez-vous [hebdomadaire] contre le Mur qui entoure la terre palestinienne au profit de la colonie juive voisine de Modiin Ilit.

Dans Bilin, comme dans d’autres localités cisjordaniennes théâtres de protestations (Nilín, Yayus, Budrus ...), les soldats israéliens ont repris depuis le début de l’année le fusil Ruger, dont l’usage a été interdit sur ordre de l’armée au début de la deuxième Intifada après avoir causé la mort de plusieurs enfants, dans la bande de Gaza, dénonce l’ONG israélienne B’Tselem.

En 2001, Menajem Finkelstein alors avocat général militaire, a classé l’arme comme mortelle, après avoir prouvé dans une expérience de terrain que les troupes appuyaient sur la détente avec une facilité inadaptée pour quelqu’un qui ouvre le feu sur des manifestants.

« L’erreur c’est que la Ruger ait été employée comme moyen de disperser les manifestants, contrairement à son usage d’origine qui est qu’il s’agit d’une arme comme une autre », signalait ensuite un officier militaire israélien au quotidien « Haaretz ».

L’armée israélienne a reconnu qu’elle utilisait des munitions Ruger contre les manifestations, mais « pas pour les disperser, et selon les règles d’usage les plus strictes », avec « exactement les mêmes contraintes qui régissent de vrais coups de feu ».

Dans sa nouvelle phase, la Ruger a fait seulement quelques blessés, mais un moyen de combat à priori moins dangereux, les balles en acier recouvertes d’une fine couche de caoutchouc, a coûté en près de neuf ans la vie à 21 manifestants, selon les données de B’tselem.

Dans 19 cas, la mort est due à l’emploi « incontrôlé » et « illégal » de cette munition, et au tir à très courte distance contre des enfants ou vers la partie haute du corps, ajoute-t-il.

« Ces pratiques sont devenues courantes parmi les forces de sécurité », entre autres raisons, parce que « ne sont jamais rendus responsables » les auteurs de « l’utilisation illégale de ces munitions », qui « souvent » sont utilisées selon les instructions ou avec le consentement d’un supérieur, dénonce l’ONG.

Dans d’autres cas, le problème n’est pas dû à l’arme elle-même, mais à son usage, qui rend mortel ce qui devrait être un outil anti-émeute, comme dans d’autres pays.

C’est le cas des grenades lacrymogènes, qui devraient être lancées vers le haut avec une trajectoire courbe, mais que des témoignages et des photos illustrent la façon dont elles sont souvent tirées horizontalement et en pointant vers le corps.

À ceci s’ajoute que l’armée a récemment introduit une nouvelle cartouche de gaz, de plus grande portée.

« Ils l’appellent ?pot de fumée’, mais il tue les gens s’il est tiré de très près », dit Waqi Bornat, un autre participant aux manifestations.

« On ne peut pas voir quand ils le lancent. Tu l’entends seulement passer à côté de toi », explique Nasir Samara, du Comité populaire de Bilin.

C’est précisément par l’impact dans la poitrine que ce nouveau dispositif a tué le 17 avril dernier à Bilin le palestinien Basem Abu Rahme, 29 ans, et gravement blessé au visage, un mois plus tôt dans Nilín, le militant américain Tristan Anderson, 37 ans.

Dans les deux cas, l’armée israélienne a mené une enquête interne sans conséquences pour les auteurs, au motif qu’ « il n’y avait pas d’intention de blesser les manifestants » ni de réaliser aucun « tir direct ».

30 avril 2009 - Palestina Libre - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.palestinalibre.org/index.php
Traduction de l’espagnol : Charlotte


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