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Des généraux en liberté

samedi 2 mai 2009 - 10h:00

M. Saâdoune - Le Quotidien d’Oran

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Quatre généraux libanais, Jamil Al Sayyed, Salah Al-Hajj, Raymond Azar et Mustafa Hamdane, ont été libérés sur ordre du Tribunal spécial pour le Liban.

C’est un évènement considérable au Liban puisque les quatre hommes, en prison depuis quatre ans, avaient été, sans aucune forme de procès, jugés coupables de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.

L’évènement a été traité avec une distance remarquable par la presse occidentale, qui avait pourtant étrillé sans pitié les généraux « pro-syriens » après leur arrestation. Le groupe du 14 Mars au pouvoir, qui a largement instrumentalisé la justice pour empêcher leur libération, se retrouve dans un grand embarras. Saâd Hariri a choisi le seul angle possible pour lui pour parler de la libération des quatre généraux : c’est la preuve que le Tribunal spécial pour le Liban n’est pas « politisé ».

En réalité, en dépit d’une instrumentalisation, en partie réussie avec le retrait des forces syriennes du Liban, de l’assassinat de Hariri, le tribunal en question avait devant lui un dossier vide. Tellement vide qu’il a signifié que les quatre généraux ne peuvent « être assimilés ni à des suspects ni à des accusés ». Le Courant du Futur de Rafic Hariri et les groupes qui lui sont associés, de toute évidence incités par les amis occidentaux, avaient décrété ces généraux coupables.

Ils subissent un vrai revers qui les met, à quelques semaines des élections législatives, dans la posture de ceux qui ont délibérément menti et manipulé l’opinion publique. Certains responsables de ce courant indiquent que la décision de ce tribunal ne signifie pas qu’en cas de nouvelles preuves, ces généraux ne seraient pas à nouveau interpellés. Dans l’absolu, c’est juste, mais cela vaut pour n’importe qui. Mais les quatre généraux, contrairement à n’importe qui, ont déjà fait l’objet d’une enquête qui a duré 4 ans de la part des Libanais et des enquêteurs internationaux, sans que l’on découvre rien de probant. Hormis une accusation politiquement motivée.

Le général Jamil Al-Sayyed n’a d’ailleurs pas hésité à dénoncer une manipulation destinée à empêcher la manifestation de la vérité en déclarant qu’après leur libération, le « seul prisonnier restant est Rafic Hariri ». Il a également déclaré que Saâd Hariri, chef du Courant du Futur, s’est allié « à ceux qui ne veulent pas que la vérité soit découverte ».

Sans surprise, l’opposition libanaise, et le Hezbollah en tête, a accueilli les généraux libérés en héros, tout en dénonçant l’instrumentalisation de la justice. Le premier président de la commission d’enquête internationale, l’Allemand Detlev Mehlis, avait ordonné l’incarcération des quatre généraux en se fondant sur une approche politique que ses successeurs ont pris garde de suivre. Les témoins présumés découverts par Mehlis se sont avérés particulièrement foireux et douteux. Le débat interne au Liban va focaliser sur l’attitude de la justice libanaise qui a maintenu en prison les généraux pendant 44 mois sans leur signifier une inculpation.

La fameuse « piste syrienne » dans l’assassinat de Hariri, présentée comme une évidence par les médias occidentaux et le courant du 14 Mars, est manifestement affaiblie. L’opposition libanaise a un argument de plus et de taille dans la bataille électorale qui s’annonce chaude.

Du même auteur :

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2 mai 2009 - Le Quotidien d’Oran - Editorial


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