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Etats-Unis-Israël : le bras de fer commence

samedi 2 mai 2009 - 09h:42

Luis Lema - Le Temps

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Le président va recevoir son homologue israélien Shimon Peres puis, le 18 mai, le premier ministre Benyamin Netanyahou, pour tenter de relancer le processus de négociation. Sa relative inaction cache-t-elle quelque chose ?

Comme un acrobate qui aurait lancé une multitude de balles à la fois, Barack Obama jongle avec les crises. Ajoutera-t-il encore, ces prochains jours, le Proche-Orient ? Ou adoptera-t-il, comme sur les questions de l’avortement ou de l’usage de la torture, une approche plus précautionneuse visant avant tout à ménager son équilibre électoral ? La réponse ne devrait pas tarder avec l’arrivée prochaine aux Etats-Unis du président israélien Shimon Peres puis, surtout, la première visite à Washington de Benyamin Netanyahou, prévue le 18 mai.

Barack Obama semblait déterminé à faire du Proche-Orient l’une des priorités de son mandat. A peine achevée alors l’invasion de Gaza par Israël, le tout frais locataire de la Maison-Blanche nommait immédiatement un émissaire spécial pour la région, George Mitchell. Entre-temps, les Israéliens se sont donné un gouvernement qui, de Benyamin Netanyahou à son chef de la diplomatie Avigdor Lieberman, paraît défendre l’exact contraire des vues prônées par la nouvelle administration américaine. Depuis lors, le jongleur Obama a laissé de côté la balle Proche-Orient.

Plus peut-être que nul autre, le gouvernement israélien a scruté à la loupe les premiers cent jours du nouveau président. Un bon point, vu de sa perspective : la décision des Etats-Unis de boycotter la réunion de Durban II, à Genève, contre laquelle Israël avait lancé une offensive médiatique sans précédent. Mais des motifs d’inquiétude, aussi, vu de Jérusalem : le fait que Washington serait prêt à dialoguer avec le Hamas si ce dernier intégrait un gouvernement palestinien d’union nationale ; la main tendue à l’Iran ; les signes de mécontentement montrés par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton face à la poursuite de la colonisation juive de la Cisjordanie et à la démolition des maisons palestiniennes à Jérusalem-Est.

Cette relative inaction américaine cache-t-elle quelque chose ? Parmi le cercle large des conseillers de Barack Obama sur la question, certains prônaient d’agir vite et de « poser sur la table » un plan de paix général, incluant Israël et les Palestiniens ainsi que l’essentiel du monde arabe, afin d’imposer un agenda au nouveau premier ministre israélien. Une détermination qui pourtant est vue comme risquée par d’autres proches de l’administration. « Les Etats-Unis savent depuis longtemps que le fait de promettre beaucoup mais de ne rien donner n’aide jamais la paix dans la région, commentait récemment un ancien ambassadeur américain. James Baker (le secrétaire de George Bush senior) avait mis huit mois pour mettre sur pieds la conférence de Madrid en 1991. Il faut faire beaucoup, beaucoup de travail diplomatique avant d’aboutir à une initiative de ce type. »

Selon le journal israélien Haaretz de vendredi, Benyamin Netanyahou serait cependant convaincu que le président Obama le recevra à Washington avec une « surprise diplomatique », qui pourrait consister à lui poser des exigences fermes en termes de gel des colonies et de reprise des négociations avec les Palestiniens. Pour ne pas se laisser enfermer dans les demandes américaines, l’entourage du premier ministre israélien mettrait lui aussi la dernière main à une liste de revendications. Ce n’est que lorsque la menace iranienne se sera dissipée et que les Palestiniens reconnaîtront « le caractère juif » de l’Etat hébreu que son gouvernement accepterait de commencer les négociations.

En insistant sur cette dernière exigence, Benyamin Netanyahou espère surtout toucher la corde sensible des communautés juives américaines et, partant, repousser indéfiniment le début du processus. Autant qu’un bras de fer diplomatique avec la nouvelle administration, son voyage s’annonce en effet comme une tentative de séduction envers les juifs américains. Sa tâche ne sera pas simple : les électeurs juifs ont voté à 78% en faveur de Barack Obama, soit presque le double que la population blanche américaine.
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Dans leur ensemble, les Américains sont d’ailleurs aujourd’hui bien moins disposés à l’égard d’Israël qu’ils ne l’étaient il y a quelques années. Un sondage de l’Université du Maryland montre que, désormais, la moitié des Américains disent exprimer « autant de sympathie » pour les Palestiniens que pour les Israéliens. Ils étaient moins de 40% dans ce cas il y a sept ans.

2 mai 2009 - Le Temps


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