16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Iran : Toutes armes dehors

mercredi 24 janvier 2007 - 11h:21

Maha Al-Cherbini

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Iran . Tandis que Téhéran cultive ses contacts en Amérique latine et multiplie les signes de défi, Washington déploie deux unités de porte-avions dans la région.

Après tant de tractations, tant de marchandages, le jeu du chat et de la souris, qui se poursuit entre Téhéran et Washington, a pris cette semaine un nouveau tournant. Pour les Etats-Unis, l’Iran présente des dangers multiples pour le Moyen-Orient : soutien financier et moral au Hamas en Palestine, financement et armement du Hezbollah au Liban, et essentiellement le soutien qu’il accorde aux chiites en Iraq, sans oublier le dossier nucléaire.

JPEG - 12.3 ko
Porte-avions américain dans le Golfe Persique

Dimanche dernier, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleeza Rice, a mis en garde les entreprises faisant des affaires avec l’Iran, tout en évoquant la possibilité de nouvelles sanctions contre la République islamique. « Les gens doivent penser aux risques que présentent des affaires avec l’Iran », a-t-elle mis en garde, affirmant que les Etats-Unis ne pourraient plus rester les poings liés face à la menace iranienne.

Passant de la parole à l’acte, Washington a adressé, cette semaine, un avertissement clair à Téhéran, en envoyant deux porte-avions, Enterprise et Stennis, avec leurs groupes navals ainsi que des missiles antimissiles Patriot dans la région du Golfe, alimentant ainsi les rumeurs selon lesquelles il devrait lancer des opérations militaires contre Téhéran en avril prochain.

C’est la première fois depuis le déclenchement de la guerre contre l’Iraq en 2003 que les Etats-Unis déploient 2 unités de porte-avions dans la région. « En effet, l’Iran est le plus grand obstacle qui entrave la politique américaine au Moyen-Orient. Son ingérence surtout en Iraq ne fait qu’envenimer la situation, et mettre l’accent par suite sur le fiasco américain dans ce pays. Envoyer des porte-avions dans le Golfe est un message sans ambiguïté à l’Iran. Un usage de la force est possible », explique le Dr Hicham Ahmad, professeur à la faculté des sciences politique et économique, à l’Université du Caire.

A ce propos, Mohammad Abbass, expert dans les affaires iraniennes, juge très probable une frappe militaire contre Téhéran, même si elle n’est pas très imminente, car les Etats-Unis auraient besoin d’un certain temps pour faire « mûrir » la frappe. « Après la défaite des Républicains au Congrès, le président Bush tenterait tout pour achever son mandat en 2008 sur une victoire en Iran pour atténuer l’effet du fiasco iraqien. La seule voie qui lui reste pour finir avec sa réputation de canard boiteux, c’est de prouver son succès à effacer l’Iran qui présente une menace grandissante pour Washington comme pour Israël », affirme t-il.

Ceci dit, le temps de la visite de la secrétaire américaine au Proche-Orient la semaine dernière était donc bien choisi. En quête d’alliés arabes pour contrer l’influence de Téhéran au Proche-Orient, Mme Rice a réussi à obtenir, sans grandes difficultés, le soutien de l’Egypte et de la Jordanie ainsi que celui des six pays du Conseil de la coopération du Golfe (Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn, Oman, Koweït et Emirats arabes unis) à la nouvelle stratégie américaine dans la région et surtout à l’envoi de troupes supplémentaires en Iraq.

Ces mêmes pays avaient fait savoir qu’ils s’opposeraient à l’obtention de l’arme atomique par l’Iran et qu’ils n’émettent aucune réserve quant au renforcement de la flotte aéronavale américaine dans le Golfe. « Les pays arabes sont sûrs et certains qu’ils seraient les premiers à payer les frais d’une plus grande hégémonie de l’Iran sur la région. Aussi, ont-ils préféré de prendre le côté américain », analyse M. Mohammad Abbass, expliquant que cette alliance constitue un vrai danger pour l’Iran car ces pays arabes cernent la République islamique de tous les côtés.

Sur la défensive

Malgré le sérieux des menaces américaines, la République islamique a paru, cette semaine, plus réticente que jamais. Refusant de céder à la pression, l’Iran a annoncé, dimanche, de nouveaux essais de missiles à courte portée, à têtes multiples, qui seraient capables d’échapper à la détection des radars et de frapper simultanément plusieurs cibles. Il s’agit des premières man ?uvres militaires depuis le vote de sanctions contre l’Iran par le Conseil de sécurité le 23 décembre.

Parallèlement, les Gardiens de la révolution (les Pasdaran, l’unité d’élite de l’armée iranienne) ont affirmé avoir entamé, dimanche, trois jours d’essais près de la ville de Garmsar, dans le nord du pays. « Les Etats-Unis n’osent pas entrer en Iran car ils savent que chaque petite ville du pays est un bastion de défense contre les ennemis. Cela a bien été démontré lors de la Défense sacrée », a mis en garde le président du Parlement, Gholam Ali Haddad, en référence à la guerre sanglante entre l’Iran et l’Iraq de 1980 à 1988. « La nation et le gouvernement sont immunisés contre toute menace grâce à leur solidarité et à leur cohésion », a ajouté M. Haddad.

Poursuivant la même tactique américaine, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, s’est lancé en quête d’alliés dans sa guerre avec les Etats-Unis, en se rendant, la semaine dernière, au Venezuela, au Nicaragua et en Equateur, trois pays hostiles à Washington. Lors de ce voyage, Ahmadinejad a appelé à former un front anti-américain avec ces pays qu’il a qualifiés de « révolutionnaires » surtout avec le Venezuela, dont le président Hugo Chavez, est une véritable bête noire pour Washington.

Fervent partisan de Téhéran, le Vénezuela a été le seul pays à s’opposer au sein de l’Agence internationale de l’énergie atomique à une résolution, en septembre 2005, selon laquelle l’Iran violait ses obligations au titre du Traité de Non-Prolifération nucléaire (TNP). « Jusqu’à présent, l’Iran n’a fait aucune marche arrière. Au contraire, il multiplie les signes de défi comme d’habitude. Je pense que Washington n’entend pas frapper Téhéran de manière unilatérale, il ferait de son mieux pour pousser le Conseil de sécurité à adopter une résolution à ce propos. Au cas où il ne réussirait pas à obtenir un mandat international, il pourrait frapper unilatéralement », conclut le Dr Hicham Ahmad.

24 janvier 2007 - Al Ahram Hebdo - Vous pouvez consulter cet article à :
http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahra...


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.