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La balle est dans le camp d’Obama

lundi 30 mars 2009 - 06h:20

George S. Hishmeh
Miftah

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Freeman : "L’agitation de scandale qui a suivi le retrait de ma désignation imminente sera considérée par beaucoup comme posant de sérieuses questions sur la capacité de l’administration Obama à prendre ses propres décisions sur tout ce qui touche au Moyen-Orient."

Alors que j’étais en croisière le mois dernier en Amérique du Sud, je suis tombé sur une minuscule édition du New York Times à bord du bateau et, à ma grande surprise, j’y ai trouvé un article sur l’épreuve que venait de subir l’ambassadeur Chas W. Freeman Jr, contraint de retirer sa candidature à la présidence du Conseil national des Renseignements, après l’attaque brutale et injustifiée du lobby pro israélien.

Cette nouvelle coïncidait avec ma lecture du merveilleux livre d’Aaron David Miller, Cette terre trop promise, relatant ses années au Département d’Etat où il fut l’un de ceux qu’on appelait « les avocats des juifs » - Dennis Ross, Martin Indyk, Dan Kurtzeer et Richard Haass - qui ont influencé les négociations israélo-palestiniennes conduites par les différentes administrations US.

Le fiasco de Freeman m’a rappelé mon expérience dans un grand quotidien des Etats-Unis où j’ai travaillé pendant près de deux ans, grâce à la démarche d’un collègue juif qui connaissait mon travail journalistique à Beyrouth, au Liban et aux Etats-Unis dans un autre journal à Chicago. Après quelques semaines de travail, je demandai à mon ami si je pouvais être muté à la section Opinion où il travaillait comme rédacteur en chef adjoint, au bureau Etranger. Il m’a regardé d’un air interrogateur, et gêné aussi, et il m’a répondu que ce serait difficile étant donné que j’étais palestinien. Il y a eu deux autres incidents où mon hérédité a apparemment posé problème. Peu après, j’ai quitté le journal, craignant que mes jours ne soient comptés.

« Le souci du bien-être d’Israël était devenu une partie de moi-même » écrit Miller dans son livre, « comme une sorte d’ADN ethnique ».

Il note aussi que « trop souvent, le petit groupe avec lequel j’ai travaillé dans l’administration Clinton, dont je faisais partie, a agi comme l’avocat d’une seule des parties, Israël ».

Eh bien, si c’est le cas, pourquoi quelqu’un comme Freeman, ancien ambassadeur US en Arabie saoudite et en Chine, qui est juif, ne pourrait-il servir son pays comme il l’a fait durant trente ans et aider à fournir des renseignements au président Obama ?

Freeman avait raison de soupçonner que sa nomination (qui ne nécessitait pas une confirmation par le Congrès) comme premier analyste aux Renseignements « ne serait pas définitive tant que la grosse dame à l’AIPAC ne se serait pas lamenté », référence faite à ce lobby pro israélien, le Comité aux Affaires publiques israélo-américaines.

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Chas W. Freeman Jr

Tout ce que Freeman a fait ces dernières années, après son départ des Affaires étrangères, fut de souligner « le caractère suicidaire de la politique israélienne ». Freeman : « Le but de ce lobby est de contrôler le processus politique par l’exercice d’un veto contre la désignation de ceux qui contestent le bien fondé de ses points de vue, par la substitution d’une analyse politique correcte et par l’exclusion, dans les décisions des Américains et de notre gouvernement, de toute option différente de celles qui le favorisent. »

Il poursuit : « L’agitation de scandale qui a suivi le retrait de ma désignation imminente sera considérée par beaucoup comme posant de sérieuses questions sur la capacité de l’administration Obama à prendre ses propres décisions sur tout ce qui touche au Moyen-Orient. »

Ce fut effectivement le cas. La blogsphère, et malheureusement pas les médias, atteste de nombreux commentaires en soutien à Freeman. Le fait que le « dénigrement » de Freeman ait été déclanché sur un blog par un voyou, un ancien de l’AIPAC, Steven Rosen, qui est en instance de procès pour espionnage, accusé d’avoir transmis des secrets à Israël, a suscité la colère chez beaucoup.

D’un autre côté, l’échec de l’administration à défendre Freeman a déçu, surtout que cela s’est produit alors que montait une critique internationale de la conduite atroce de l’armée israélienne lors de l’invasion de 23 jours de la bande de Gaza.

Un rapport récent relevant certains abus israéliens et présenté au Conseil des droits de l’homme des Nations unies a révélé qu’un garçon palestinien de 11 ans avait été utilisé par les soldats israéliens comme bouclier humain.

« Faire cela » écrit Gideon Levy, du quotidien israélien Ha’aretz, « sans s’embarrasser de scrupules moraux inutiles, [montre que] nous avons entraîné nos soldats à croire que la vie et les biens des Palestiniens n’avaient pas la moindre valeur. Cela fait partie d’un processus de déshumanisation subi pendant des dizaines d’années, des fruits de l’occupation [du territoire palestinien]. »

La balle reste dans la camp d’Obama : à savoir s’il pourra faire quelque chose pour la suite. A sa décharge, il a reconnu mardi dernier que la situation actuelle était « insoutenable » maintenant qu’Israël est en train de former un gouvernement d’extrême droite qui ne croit pas en un Etat palestinien, d’autant que son ministre des Affaires étrangères ultranationaliste dogmatique aimerait bien virer d’Israël le un million et demi de population arabe.

28 mars 2009 - Miftah - traduction : JPP


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