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Le marécage iraqien

samedi 28 mars 2009 - 06h:46

Morsi Attalla - Al-Ahram/hebdo

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Il ne s’agissait pas d’une chaussure d’adieu, ni d’un baiser d’adieu mais d’un simple message symbolique reflétant l’ampleur de l’échec américain en Iraq. Un échec qui a sécrété une crise bien plus grande et bien plus compliquée que la scène où les chaussures du journaliste iraqien Montazer Al-Zaydi ont visé la tête de l’ex-président américain Georges Bush. Un acte qui a valu à Al-Zaydi une peine de prison de 3 ans.

Ce message symbolique avait un sens précis. Il voulait dire que bien que les Iraqiens détestaient Saddam Hussein et attendaient la chute de son régime, les pratiques de l’occupation américaine pendant 6 ans les ont poussés à préférer l’enfer de la dictature de Saddam au « paradis » de l’occupation.

Au départ, les Américains croyaient que leur entrée à Bagdad allait être accompagnée de festivités et de célébrations organisées par les Iraqiens pour les accueillir et pour enterrer à jamais le régime odieux de Saddam Hussein, et que si cela ne se produisait, l’alternative était une guerre civile garantissant aux Etats-Unis le prétexte de mettre la main sur les puits de pétrole et de rester indéfiniment en Iraq.

La réalité a révélé que la première éventualité comprenait une grande part de souhait et ne se basait nullement sur des calculs scientifiques précis. En effet, les Iraqiens n’ont pas accueilli les forces d’occupation avec les fleurs et les chants.

De plus, les tendances confessionnelles et tribales ne sont pas apparues d’elles-mêmes pour enflammer les sentiments de division et de dissidence sur lesquels pariaient certains cercles.

Elles ont entraîné des opérations intentionnées d’incitation pour faire exploser les vieilles sensibilités et les vieux complexes, qu’ils soient tribaux, confessionnels ou ethniques.

Les planificateurs de la politique américaine de l’Administration du président Bush ont négligé une réalité importante : s’il est vrai qu’il y a des contrastes ethniques et confessionnels en Iraq qui n’ont pas pu s’exprimer durant l’ère de Saddam Hussein qui a imposé l’union iraqienne par la force de l’oppression, c’est la culture du pays aux deux dimensions arabe et islamique qui a transformé ces paradoxes internes en une force de refus et de résistance contre l’occupation étrangère davantage qu’en une force d’hostilité et d’antagonisme internes.

Etant donné que Washington et ses conseillers dans la région ignorent tout de la psychologie des peuples arabes et islamiques, la série des erreurs s’est amplifiée. C’est ainsi que Washington ressent de plus en plus qu’il s’enfonce dans un bourbier politique, sécuritaire et psychologique, dont il est devenu difficile de sortir.

C’est la raison pour laquelle certains commencent à croire que la légende de Saddam Hussein était de fabrication purement américaine à la manière des films hollywoodiens. Les Etats-Unis ont d’abord commencé à amplifier les crimes de Saddam Hussein en faisant croire au monde entier qu’il détenait des armes de destruction massive. Ensuite, ils ont exagéré la célébration de son exécution d’une manière qui a exaspéré tout le monde arabe et qui a même soulevé le mécontentement des organisations des droits de l’homme. Et enfin, le président Bush a choisi le jour de l’anniversaire de l’arrestation de Saddam pour effectuer une visite d’adieu en Iraq. Une visite qui s’est terminée par une chaussure d’adieux lancée contre Bush par Montazer Al-Zaydi, lequel est entré dans l’histoire du refus iraqien de l’occupation américaine avec un prix minime de trois années derrière les barreaux.

Du même auteur :

- Les Arabes loin d’être unis
- La réorganisation des rangs arabes
- Israël brouille les cartes
- Le piège de la division
- Le mal et son remède

Al-Ahram/hebdo - semaine du 25 au 31 mars 2009, numéro 759 (Opinion)


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