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Durban II : les défections sont une gifle aux victimes de l’apartheid

vendredi 20 mars 2009 - 19h:08

Arjan El Fassed

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De plus en plus de pays occidentaux annoncent leur boycott ou menacent de boycotter Durban II, la Conférence des Nations-Unies programmée en avril prochain à Genève pour examiner les progrès réalisés depuis la Conférence Mondiale contre le Racisme (CMCR) qui s’était tenue à Durban, Afrique du Sud, en 2001, communément appelée Durban I.

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Israël a convaincu ses alliés de boycotter la prochaine Conférence anti-raciste qui, dans le passé, a critiqué le traitement des Palestiniens par Israël dans les territoires occupés (Wissam Nassar/MaanImages)

Au début de ce mois, l’Italie a été le premier état-membre de l’UE à faire défection, déclarant qu’elle ne pouvait approuver l’avant-projet d’ordre du jour qui critique Israël. L’Italie emboîtait le pas à Israël, au Canada et aux USA. La France et les Pays-Bas menacent par ailleurs de boycotter. Maxime Verhagen, le ministre néerlandais des Affaires étrangères expliquait récemment que « Les Pays-Bas ne seront pas complices d’un cirque de propagande ». En décembre 2008, Verhagen déclarait que le sommet de 2001 avait été « une chasse aux sorcières antisémite ».

En septembre 2001, le monde n’était peut-être pas encore prêt à accepter l’idée qu’Israël pratique de fait l’apartheid. Mais de plus en plus d’observateurs en arrivent précisément à cette conclusion. Thomas Friedman, chroniqueur du New York Times, avertissait il y a quatre ans que « si Israël ne renonce pas à la Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens seront bientôt plus nombreux que les juifs et Israël deviendra soit un état d’apartheid soit un état non-juif ».

Quatre ans plus tard, Friedman écrivait : « Eh bien, ayant fait un petit tour à travers une partie de la Cisjordanie, comme je le fais toujours quand je suis en visite, ce qui me frappe plus que jamais c’est que non seulement il est minuit cinq, mais qu’il est minuit cinq plus une semaine ».

L’organisation israélienne Peace Now déclarait début mars que le Ministre israélien du Logement avait des plans qui doubleraient pratiquement le nombre de colons en Cisjordanie, rendant impossible la solution des deux états. Selon ce mouvement, Israël a prévu 73.000 nouvelles unités de logement en Cisjordanie occupée, dont 15.000 auraient déjà été approuvées. En outre, le premier ministre désigné Benyamin Netanyahou a annoncé qu’un gouvernement qu’il dirige étendrait les colonies de peuplement.

Israël a travaillé dur pour influencer ses alliés afin qu’ils ne participent pas à la prochaine Conférence de suivi. Ce n’est pourtant pas une première. Les deux premières Conférences de 1978 et 1983 avaient pris des positions fermes contre l’apartheid en Afrique du Sud et les observateurs leur attribuent un grand rôle dans la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. En 1978 les Etats-Unis avaient mené un boycott de la CMCR, suivis par un certain nombre de pays européens, parce que le document de cette Conférence, qui faisait référence à l’ère de l’apartheid en Afrique du Sud, contenait également une condamnation des violations systématiques des droits palestiniens par Israël.

En 1983, la CMCR déclarait : « l’apartheid en tant que forme institutionnalisée de racisme est un affront délibéré et totalement répugnant à la conscience et à la dignité humaines, un crime contre l’humanité et une menace contre la paix et la sécurité internationales ». En septembre 2001, les Etats-Unis et Israël quittaient Durban I. Cette année-là, avant la Conférence des Nations Unies, le Congrès National Africain (ANC) affirmait qu’ayant mis en échec l’apartheid, l’Afrique du Sud était directement concernée par l’éradication des pratiques d’apartheid à une échelle mondiale et en particulier par rapport à la détresse du peuple palestinien.

Depuis Durban I, un nombre croissant d’observateurs distingués ont témoigné de la réalité de la vie palestinienne sous l’occupation. Parmi eux, les plus prestigieux sont les lauréats du Nobel de la Paix, l’archevêque Desmond Tutu et l’ancien Président étatsunien Jimmy Carter, ainsi que des vétérans ANC du combat anti-apartheid.

Même le premier ministre sortant Ehud Olmert avait reconnu la véracité de l’analogie avec l’apartheid, quoique sans l’endosser, quand il mettait en garde, en novembre 2007, contre le fait que les Palestiniens, déjà égaux en nombre aux juifs israéliens dans les frontières de la Palestine historique, pourraient bientôt exiger des droits politiques dans un état unique. Olmert avertissait qu’Israël aurait à « affronter une lutte dans le style Afrique du Sud pour l’égalité du droit de vote, et dès que cela arriverait, c’en serait fini de l’état d’Israël ».

Plus récemment, Avigdor Lieberman, le dirigeant d’Israël Beiténou, proposait que des centaines de milliers de Palestiniens des villes du nord d’Israël soient privés de leur citoyenneté israélienne et transférés vers une future entité palestinienne.

L’an dernier, le Président de l’Assemblée Générale des Nations Unies, l’ambassadeur Miguel d’Escoto Brockmann du Nicaragua, déclarait : « bien que différent, ce qui est en train d’être commis contre le peuple palestinien me semble être une version de la hideuse politique d’apartheid. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas permettre que cela continue ».

Il faudra sans doute du temps pour que ces dures vérités soient complètement absorbées, mais de plus en plus d’individus qui font l’effort de comprendre le conflit israélo-palestinien et recherchent des solutions créatives sont convaincus que l’occupation doit cesser et que les peuples ont besoin de vivre libres et d’être respectés sur la base d’une pleine égalité, où qu’ils vivent.

* Arjan El Fassed est cofondateur de The Electronic Intifada et auteur de « Niet iedereen kan stenen gooien » [« Tout le monde ne peut pas lancer des pierres »] (éditions Uitgeverij Nieuwland, 2008). En 2001 il faisait partie de la délégation non-gouvernementale à la Conférence Mondiale Contre le Racisme à Durban, Afrique du Sud.

18 mars 2009 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Marie Meert


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