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Amnesty International demande à l’ONU un embargo sur les armes à destination d’Israël et du Hamas

mardi 3 mars 2009 - 07h:16

Fernando Navarro - El Pais

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Amnesty International : "Israël a utilisé des armes au phosphore blanc contre la population civile".

INTERVIEW : Donatella Rovera, enquêtrice d’Amnesty International en Israël et dans les Territoires occupés

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Photo PCHR

Amnesty International (AI) a appelé l’ONU à un embargo total des armes à destination d’Israël et du Hamas, après avoir prouvé que les forces israéliennes ont utilisé des armes au phosphore blanc fournies par les États-Unis dans sa dernière attaque sur la bande de Gaza, tandis que les miliciens islamistes ont utilisé des roquettes faites avec des pièces étrangères qui pourraient être des armes de contrebande.

Le phosphore blanc est un matériau dont l’utilisation n’est pas illégale si elle est utilisée comme écran de fumée pour éclairer les troupes, mais il est interdit depuis 1980 par les Conventions de Genève dans les zones habitées par des civils, car il peut provoquer de graves brûlures sur les personnes situées dans son champ d’action.

Israël a ouvert une enquête pour déterminer si cette utilisation a été faite de manière illégale au cours de l’opération « Plomb durci », dans laquelle ont été tués plus de 1 300 Palestiniens (dont la moitié de civils) et 13 Israéliens. L’Armée a fait valoir que les opérations militaires ont toujours été menées contre un groupe armé. Donatella Rovera, enquêtrice d’Amnesty International en Israël et dans les Territoires occupés, a visité la bande de Gaza avant et après l’offensive israélienne. Rovera dit qu’Israël a utilisé le phosphore blanc de manière illégale. L’organisation a divulgué aujourd’hui son rapport nommé Pour alimenter le conflit : la fourniture d’armes étrangères à Israël et à Gaza.

Question : Avez-vous des preuves de l’utilisation illégale de phosphore blanc par l’armée israélienne ?

Réponse : Absolument. Le phosphore blanc peut être utilisé dans les mouvements de troupes, mais ils l’ont employé dans les centres-villes. Un expert militaire français qui voyageait avec nous a été très étonné de voir ces preuves. Il a travaillé en Irak et a été surpris. Le problème réside dans la façon dont elles ont été utilisées. Et pour la première fois dans la bande de Gaza.

Q : Où et comment avez-vous trouvé ces preuves ?

R : Nous trouvons des morceaux partout dans la bande de Gaza, dans les collèges, à proximité des hôpitaux, dans des lieux où se trouve la population civile. Les autorités ont nié l’utilisation de phosphore blanc, mais pendant l’offensive, on pouvait la constater de loin de manière assez claire. Certains journalistes ont même pris des photos des projectiles. Nous le savions mais quand nous sommes entrés dans le passage de Rafah en Egypte, avant le cessez-le-feu, nous l’avons vu. Après l’avoir nié, ils ont dit que c’était une unité militaire, mais nous en avons trouvé partout. On ne peut pas comprendre pourquoi ils ont utilisé le phosphore blanc.

Q : Quels sont les conséquences de l’utilisation des armes au phosphore blanc ?

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Photo PCHR

R : Trois problèmes. Surtout qu’elles brûlent les êtres humains de manière très dangereuse. Elles incendient les maisons. Et que le projectile, une fois vide, peut être exploité plus tard. C’est-à-dire qu’après que le phosphore blanc ait été tiré, il se disperse et peut être très dangereux. Il faut dire que la plupart des victimes ne l’ont pas été à cause du phosphore blanc, mais c’est la première fois, qu’il a été utilisé dans la bande de Gaza. C’est une utilisation extrême. Et plus encore parce la bande de Gaza est un des endroits avec une des plus grandes densités de population dans le monde.

Q : Amnesty International appelle l’Organisation des Nations-Unies à l’embargo total des armes provenant spécialement des Etats-Unis à destination d’Israël.

R : La plupart des armes utilisées par Israël viennent des États-Unis. Au cours de notre enquête nous avons pu voir différentes armes. Il y avait plusieurs types d’armes et toutes venaient des États-Unis. Nous avons trouvé les numéros de série sur certains morceaux de bombe. Par exemple, dans le lieu de l’attentat qui a tué trois médecins d’une ambulance, il y avait un morceau de la bombe qui portait l’inscription États-Unis. Dans le numéro de série c’était Orlando, en Floride. 95% de toutes les armes que reçoit Israël viennent des États-Unis. Ce qu’elle achète à l’Europe est minime. Mais le plus grave problème c’est que la plupart de celles qui viennent des États-Unis ne sont pas achetées, mais c’est une aide accordée par Washington. Non seulement ce sont des armes fabriquées aux États-Unis, mais c’est un stock d’armes américaines qu’Israël peut utiliser.

Q : Amnesty International affirme également que le Hamas utilise des armes étrangères ?

R : C’est plus difficile parce que ce ne sont pas des livraisons officielles. La plupart des armes sont produites dans la bande de Gaza, mais ces deux ou trois dernières années, et en particulier au cours des trois derniers mois, il y a eu des armes qui sont arrivées de l’extérieur à travers les tunnels. D’où viennent-elles ? C’est difficile de le savoir. On pense qu’elles sont fabriquées en Chine, ou qu’elles ont été achetées en Iran.

Q : Quel est votre objectif avec ce rapport ?

R : Nous voulons faire pression et informer le public de l’ensemble de ces informations. Il y a des lois qui interdisent la vente d’armes, si elles peuvent violer les droits de l’homme. Aux États-Unis et dans l’Union européenne la vente de ces armes est interdite. Nous demandons seulement qu’ils respectent leurs propres lois, et sinon, on demande un embargo des Nations unies.

Q : Quelle est la responsabilité des pays qui vendent des armes ?

R : Il est clair que tout pays qui vend des armes à quiconque a la responsabilité que ces armes ne soient pas utilisées pour commettre des crimes de guerre. Ces armes ont été utilisées d’une manière illégale, parce qu’elles ne l’étaient pas de manière légitime, c’est-à-dire au combat et contre d’autres groupes armés. Le problème se pose lorsqu’on les utilise pour tuer les enfants et les femmes. La moitié sont des civils.

Q : Avez-vous un chiffre de ventes d’armes d’Espagne à Israël dans cette dernière offensive ?

R : L’Espagne est également impliquée dans la vente. Dans une très petite quantité. La France, la Roumanie et le Royaume-Uni sont les principaux fournisseurs en Europe.


Olmert n’est plus le négociateur israélien en Egypte

Le président sortant d’Israël, Ehud Olmert, a suspendu Amos Gilad de ses fonctions, envoyé israélien en Égypte qui négocie un éventuel cessez-le-feu avec le Hamas dans la bande de Gaza, pour ses critiques envers le gouvernement, ont annoncé aujourd’hui les médias locaux.

Gilad a été pendant longtemps l’homme fort d’Olmert en Egypte, et l’architecte de la trêve négociée le 18 Juin dernier avec la faction palestinienne qui gouverne Gaza et qui s’est terminée avec l’invasion israélienne contre l’enclave côtière le 27 décembre.

Selon Radio Israël et le journal Haaretz, Olmert est offensé de lire des déclarations attribuées à Gilad disant que le gouvernement avait peu de capacité à poursuivre une nouvelle trêve et que c’était "insultant" pour les médiateurs égyptiens.

En plus de la suspension de Gilad, en accord avec ces informations, Olmert a demandé à la Commission de la fonction publique d’Israël d’examiner si les manifestations publiques atteignent le niveau d’insubordination.

Madrid, 23 février 2009 - El Pais - traduction : Charlotte


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