J’ai entre les mains le communiqué émis par le Croissant-Rouge égyptien le 17 janvier dernier sur le massacre de Gaza qui a duré trois semaines et qui a fait des milliers de victimes entre morts et blessés. C’est à travers l’Internet que j’ai trouvé ce document important qui ne semble pas avoir attiré l’attention qu’il méritait de la part de nos médias, préoccupés qu’ils sont par les crimes sexuels qui portent préjudice aux stars, qu’ils soient les vedettes de la chanson ou les hommes de politique.

Par ailleurs, ces médias sont préoccupés en temps de guerre par les scènes sanglantes qui peuvent inciter à la provocation. Quant à l’évaluation objective des positions de certaines parties, elle a été totalement absente pour être remplacée par les accusations réciproques des Etats les uns contre les autres, transmises par les médias tout au long de la période de la guerre et même par la suite.

Mais il semble qu’au beau milieu de ce cirque médiatique bruyant, de nombreux autres organismes ont travaillé dans le calme afin de sauver la situation et mettre les civils palestiniens innocents à l’abri des horreurs de ce massacre qui a été perpétré contre eux, sans aucune pitié pour une vieille personne, une femme ou un nouveau-né. A la tête de ces institutions viennent les organisations internationales concernées par les questions humanitaires et dont les sièges à Gaza n’ont pas été épargnés par les raids.

A travers une visite organisée par l’Union des écrivains d’Egypte à l’institut Nasser à Choubra pour s’enquérir de la santé des blessés palestiniens, j’ai pu apprécier le rôle important joué par le Croissant-Rouge égyptien dans cette guerre.

Je saisis ici l’occasion pour m’y arrêter afin de porter toute mon estime et appréciation aux efforts déployés par le Croissant-Rouge égyptien ayant à sa tête Mme Suzanne Moubarak. Un effort qui ne s’est pas cantonné uniquement à la supervision des opérations de sauvetage humanitaire uniquement et qui a d’ailleurs été largement apprécié par les blessés palestiniens.

Dans l’une des chambres du quatrième étage à l’institut, un jeune enfant de 13 ans était atteint d’une fracture au genou gauche. Il avait collé au mur à l’arrière de son lit, qu’il ne pouvait quitter sans l’assistance des superviseurs médicaux, des banderoles exprimant un esprit national formidable qui n’a pas été affaibli par les roquettes de l’odieuse occupation israélienne qui a duré plus de 40 ans. Au milieu de ces banderoles colorées, il y en avait une écrite de sa propre main sur laquelle on pouvait lire « Merci à l’Egypte ». Des cas atteints de maladies chroniques, comme les maladies hépatiques, urologiques et cancéreuses ont attiré notre attention. Ils nous ont d’ailleurs dit que le Croissant-Rouge égyptien les a accueillis parmi les blessés des raids israéliens.

Une femme m’a raconté que son vieux père a été atteint d’un éclat d’obus à la poitrine, paralysant totalement son poumon gauche et qu’en raison de son âge avancé, il n’a pas pu venir avec elle. Mais elle a appris par lui que le Croissant-Rouge égyptien a introduit à Gaza des dizaines de médecins pour traiter les cas qui n’ont pu être transférés aux hôpitaux du Caire. Ces médecins étaient munis d’un convoi d’ambulances équipées de la meilleure manière. Chacune de ces ambulances s’est transformée en un hôpital ambulant à l’intérieur de Gaza, se déplaçant d’un lieu à un autre pour traiter les malades.

Il n’en demeure pas moins que les efforts du Croissant-Rouge égyptien durant la crise de Gaza ne se sont pas limités aux soins humains. Il a travaillé simultanément sur trois différents volets. Le premier était d’ordre théorique dans lequel le Croissant-Rouge égyptien a déterminé dès le départ sa position vis-à-vis des événements de Gaza à travers le communiqué par lequel j’ai débuté mon article et qui m’a poussé à reconsidérer de manière générale sa manière d’agir. Ceci nous fait passer au deuxième volet qui est d’ordre pratique et qui s’est incarné dans l’acheminement des aides humanitaires sanitaires ou alimentaires aux victimes de l’attaque israélienne barbare, ainsi que les personnes encerclées à l’intérieur du secteur de Gaza. Quant au troisième volet, il se rapporte au travail avec les organisations internationales pour les inciter à entreprendre des prises de position positives, à l’instar du Croissant-Rouge égyptien.

Un important document a été émis pendant la réunion du comité de coordination avec l’Onu et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui s’est tenue au siège du Croissant-Rouge égyptien.

D’ailleurs, je ne pense pas qu’il en a été question dans notre presse. Ce document a évoqué sans détour les violations successives des jugements du droit international, ainsi que les importants dégâts portés aux civils, enfants, vieux et femmes ainsi que de la destruction de l’infrastructure du secteur. Le document du Croissant-Rouge a condamné les raids ayant ciblé l’hôpital Al-Qods, dépendant du Croissant-Rouge palestinien, ses dépôts ainsi que les bâtiments des organisations humanitaires des Nations-Unies et leurs employés. Ce qu’on ne peut catégoriquement admettre, comme l’a qualifié le document, étant donné que ce sont des endroits protégés conformément au droit international et aux accords internationaux.

Mme Suzanne Moubarak a déclaré dans son allocution ce qui suit : « En tant que présidente du Croissant-Rouge égyptien, nous condamnons avec force ces violations du droit international, des accords de Genève ainsi que de la Déclaration universelle des droits de l’homme, y compris les principes et les valeurs humanitaires ».

Le Croissant-Rouge égyptien a demandé à la communauté internationale et notamment aux institutions humanitaires et juridiques d’intervenir avec force et par tous les moyens afin d’atteindre les objectifs déterminés par le document que l’on peut énumérer comme suit :

 Arrêter immédiatement les hostilités, les actes de violence et les agressions.

 Respecter tous les accords, lois et traités humanitaires.

 Procurer des couloirs sécurisés afin de faire parvenir les aides humanitaires et celles de sauvetage de manière continuelle.

 Permettre aux institutions humanitaires et notamment la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, ainsi que les agences compétentes des Nations-Unies d’assumer leur rôle humanitaire.

 Entreprendre les mesures nécessaires pour demander des comptes aux responsables des violations du droit international humain devant les organismes internationaux compétents.

Pratiquement parlant, Suzanne Moubarak, la présidente du Croissant-Rouge égyptien, a appelé à mettre en place un comité pour les urgences en coopération avec les agences spécialisées de l’Onu afin de coordonner les aides allouées à Gaza. Ce comité a été effectivement créé et il a été convenu que son siège soit au Caire avec une présence dans la ville de Arich. Le comité a compris sept agences de l’Onu sous la présidence du Croissant-Rouge égyptien. Ce sont les efforts de ce comité qui ont permis de sauver la vie à beaucoup de Palestiniens qui, souvent, trouvaient la mort en attendant l’arrivée des premiers secours souvent entravés par les forces de l’occupation dans plusieurs emplacements.

Après la visite effectuée par les grands écrivains, Bahaa Taher m’a affirmé qu’il était resté dans un état de grande tristesse qui a perduré longtemps. Tout ceci nous amène à nous arrêter devant de nombreuses prises de position, dont celle du Croissant-Rouge égyptien qui a pris une forte position dès le départ contre cette guerre barbare qui a déchiré Gaza récemment. Il a d’ailleurs tenu sur le niveau international à s’attirer l’appui des organisations internationales concernées pour qu’elles coordonnent ensemble afin de prendre ensuite des positions similaires. Le Croissant-Rouge a suivi de près les opérations de sauvetage qui ont eu lieu en Egypte ou à Gaza. C’est un rôle mémorable qui ne doit pas passer inaperçu. Nous devons nous arrêter devant ce rôle ainsi que ses responsables pour l’apprécier et faire son éloge.

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Al-Ahram/hebdo - Semaine du 18 au 24 février 2009, numéro 754 (Opinion)