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Leila Shahid : "Nous n’avons plus de partenaire"

jeudi 12 février 2009 - 09h:47

Leila Shahid/Baudouin Loos - Le Temps

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La réaction de Leila Shahid, déléguée générale de la Palestine auprès de l’Union européenne.

Au lendemain des élections israéliennes, c’est une Leila Shahid, déléguée générale de la Palestine auprès de l’Union européenne, sans illusions qui a répondu à nos questions.

- Partagez-vous le pessimisme général du côté arabe ?

Leila Shahid : Le résultat de ces élections israéliennes constitue en effet une très mauvaise nouvelle. Pour tout le monde, d’ailleurs : les Palestiniens, les Israéliens, les Européens et les Américains. La victoire de la droite et de l’extrême droite israéliennes couplée à la débâcle de la gauche légitimise en Israël des thèses racistes dont les auteurs se montrent ouvertement fiers. Je rappelle que M. Lieberman a appelé à la déportation des Palestiniens d’Israël ou a regretté que son pays n’ait pas utilisé à Gaza les mêmes armes que les Etats-Unis au Japon en 1945 ! Voilà ce que propose cet ex-videur de bar moldave, c’est vraiment une mauvaise nouvelle pour la démocratie israélienne qu’un tel personnage dispose de 15 députés et puisse à loisir faire basculer les coalitions.

- Que vous inspire un Netanyahou qui ne veut pas d’un Etat palestinien mais parle d’une « paix économique » avec les Palestiniens ?

- La thèse de la carotte économique qui ferait accepter l’occupation aux Palestiniens a échoué depuis très longtemps. En outre, comment cela fonctionnerait-il avec un mur de 700 km et 630 check-points qui cloisonnent le territoire palestinien ? Le problème palestinien est simple : il faut mettre fin à l’occupation.

- Le processus de paix sera gelé, croyez-vous ?

- Si on peut parler d’un processus de paix ! A Annapolis, en novembre 2007, 45 pays s’étaient engagés sous la houlette américaine à appuyer des négociations qui devaient aboutir au statut permanent des territoires palestiniens à la fin de l’année dernière. On était déjà très mal parti. Maintenant, au moins, le double discours de gens comme Ehoud Olmert, premier ministre israélien sortant, qui prêche la paix sans la faire avancer d’un pouce sera mis à jour. Que cela soit Tzipi Livni ou Netanyahou qui lui succède, je crains que l’Autorité palestinienne (AP) s’aperçoive qu’elle n’a plus de partenaire israélien pour faire la paix.

- Il n’existe donc plus aucun espoir ?

- Je ne dis pas cela. Ce qui me semble éteint, c’est le processus de négociations bilatérales entre l’AP et Israël, qui avait débuté en 1993. Le relais doit être pris par la communauté internationale. Le nouveau président américain Barack Obama, avec les Européens, la Russie, l’ONU et les pays arabes qui ont relancé leur Initiative de paix peuvent imposer la paix, c’est une question de volonté, de détermination. Et cela doit commencer à Gaza, où c’est le plus urgent : il faut y envoyer une force internationale, imposer un vrai cessez-le-feu permanent et commencer la reconstruction de tout ce qu’Israël vient de détruire. Une seconde phase en Cisjordanie devrait ensuite suivre.

- L’AP n’est pas disposée à reprendre les négociations avec Israël ?

- Il est en tout cas hors de question que ces négociations reprennent sans engagement d’Israël par rapport à ses obligations contenues dans la « Feuille de route » (ndlr : document accepté par les parties qui comprend une série d’étapes), à commencer par la première, à savoir le gel de la colonisation dans les territoires occupés. L’AP, elle, respecte ses propres engagements comme la lutte contre le terrorisme et la gestion sécuritaire en Cisjordanie. Je ne pense donc pas que de telles négociations bilatérales soient pour demain. Nous sommes dans une ère nouvelle, avec des nouvelles relations entre l’Iran et les Etats-Unis qui se dessinent, par exemple, une nouvelle dynamique arabe autour de l’Initiative de paix arabe (ndlr : offrant une paix globale à Israël contre un retour aux frontières de 1967), etc. Qui voudra s’opposer à cela ?

Propos recueillis par Baudouin Loos

12 février 2009 - Le Temps


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