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"L’holocauste" de Gaza et la fin de l’humanisme

jeudi 12 février 2009 - 09h:12

Wahid Abdel-Méguid - Al-Ahram/hebdo

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Le sang n’avait pas été séché dans la bande de Gaza lorsque le président Barack Obama a prononcé son discours d’investiture. Les cadavres n’avaient pas encore été enterrés lorsque le monde entier a vu cet homme noir qui est entré à la Maison Blanche levant les slogans d’égalité, de liberté et de lutte contre le racisme.

Obama a parlé de l’égalité comme aucun autre président américain ne l’a fait depuis Abraham Lincoln. En évoquant l’histoire de la naissance des Etats-Unis à travers une révolution nationale de libération, il s’est souvenu des nationalistes américains qui ont installé des camps de morts à proximité des rives des rivières de glace, alors que les colons avançaient. On aurait dit qu’il parlait de toutes les luttes nationales et qu’il était conscient, par conséquent, du drame des Palestiniens dans leurs camps, même s’ils ne sont pas à proximité des rivières gelées. En évoquant la neige recouverte de sang, il semblait être conscient des images de sang recouvrant les écoles et les maisons de Gaza.

Cependant, Obama n’a pas dit un seul mot sur l’holocauste de Gaza. Il n’a pas montré une seule position humaine. Malgré la tendance humaine qu’il voulait conférer à son discours, il a complètement ignoré les enfants innocents de Gaza qui ont été privés de leur droit à la vie et à la sécurité et non pas seulement de leur droit à l’égalité et à la liberté. Il n’a pas trouvé parmi les femmes de Gaza, qui ont tout perdu et qui se sont retrouvées dans la rue, une seule femme ressemblant à Rosa Park, cette femme noire qui a inspiré Martin Luther King, lorsqu’elle a refusé de céder sa place à un blanc dans un autobus. Il n’a pas pu réaliser le point commun entre la révolution des Américains contre les Anglais et la révolte des Palestiniens contre les monstres sionistes, à côté desquels les Anglais sont extrêmement nobles et humains. Les Anglais, qui ont essayé d’étouffer la révolution américaine, étaient des humains à l’encontre des sionistes qui ont brûlé les êtres humains et les pierres dans la bande de Gaza. Obama, dont les ancêtres ont souffert de la discrimination, et de l’oppression, ce qui l’a poussé à lever les slogans de l’égalité et de la justice, n’a pas pu réaliser tout ceci. Comment se peut-il alors que les autres le réalisent, non seulement aux Etats-Unis et en Occident, mais dans les autres régions du monde où l’humanisme connaît un recul évident ?

Si cette notion qui s’était cristallisée durant l’ère des Lumières avait toujours une place dans le monde d’aujourd’hui, l’holocauste sioniste à Gaza aurait secoué ce monde plus que ne l’a fait l’holocauste nazi en Allemagne.

Cependant, rien ne s’est passé. Le monde entier s’est ébranlé, d’est en ouest, du nord au sud lors de l’holocauste nazi, car il n’avait pas encore perdu son humanité. Sa colère fut accompagnée d’une révolte contre la guerre, en conséquence des séquelles des deux guerres mondiales. Cette colère et cette révolte ont alors engendré un mouvement pour la non-prolifération des armes nucléaires, après les massacres de Hiroshima et Nagasaki.

Le monde entier disait non à ces crimes à titre de défense de l’être humain dont les philosophes des Lumières ont vanté la raison, la sagesse, le travail, la liberté et la tolérance.

On doit chercher ce qui reste de cet homme et songer longuement à ce qui attend le monde s’il s’avère vrai que l’humanité est en recul, à cause de l’incapacité de la communauté internationale d’affronter l’agressivité sioniste dont la férocité et la sauvagerie ont atteint un stade sans précédent dans l’histoire humaine. Qui aurait cru lors de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il y a 60 ans, que viendrait le jour où les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité deviendraient une chose banale ? Qui aurait imaginé qu’un pays utiliserait, devant le monde entier, des armes prohibées, comme si brûler les hommes et les pierres fait partie de la légitimité internationale ? !

L’holocauste sioniste a commencé 17 jours après la célébration, qui doit être la dernière, de la commémoration de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Cette déclaration fut brûlée parmi tout ce qui est tombé en cendres dans la bande de Gaza. Ceux qui travaillent dans le domaine des droits de l’homme, sous l’ombrelle de cette fameuse déclaration, doivent arrêter leurs activités routinières qui n’ont plus aucun sens.

La première mission humanitaire aujourd’hui est de retrouver le sens de l’Homme avec un grand H, afin de pouvoir par la suite défendre ses droits. Ceci ne sera possible qu’après la libération de la communauté internationale de l’hégémonie sioniste dans ses étapes les plus agressives et les plus féroces.

Certains partisans de l’humanité s’étaient étonnés qu’un peuple talentueux, comme le peuple allemand, avait pu suivre Hitler de la sorte et comment un peuple possédant un passé glorieux, comme le peuple russe, avait pu être assujetti par Staline. Cependant, ceci ne peut être comparé à la soumission de toute la communauté internationale au sionisme et à son silence envers la destruction de toutes les valeurs sur lesquelles se base le sens de l’humanité depuis l’époque des Lumières. Ceci survient en l’absence des grandes philosophies des Lumières, qui portaient ce sens malgré leurs différents références, théories ou rêves. Le libéralisme humain a disparu sous le poids d’un nouveau libéralisme façonné par les sionistes. Le marxisme constructif a disparu depuis son emprisonnement dans les couloirs du Kremlin. C’est ainsi que les philosophies humanistes ont disparu de la scène. Il n’est possible de sauver l’homme qu’en commençant à combattre le sionisme au niveau idéologique, culturel et philosophique. Il n’est possible de sauver l’homme qu’en mobilisant tous les efforts humains pour poursuivre le sionisme en justice et le punir pour ses crimes contre l’humanité, dont l’holocauste de Gaza a marqué l’apogée.

C’est là le seul moyen de sauver l’Homme et l’humanité.

Du même auteur :

- Les effondrements palestiniens : jusqu’où iront-ils ?
- La nouvelle carte du Proche-Orient
- La médiation égyptienne pour une trêve à Gaza
- Le Hezbollah, une nouvelle étape
- La tragédie de Gaza

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 11 au 17 février 2009, numéro 753 - (Opinion)


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