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N’oubliez jamais les prisonniers

jeudi 18 janvier 2007 - 18h:34

Joharah Baker

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Il ne faut pas laisser les autorités israéliennes croire que la mort d’un prisonnier palestinien par leur propre négligence médicale puisse rester impunie. Même une mort gratuite est une mort de trop et le décès de Sarahin ne doit pas être inutile.

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Sarahin est décédé à l’hôpital Soroka à Beer Sheva, les autorités pénitentiaires israéliennes avaient refusé de lui donner les soins médicaux d’urgence.
(Photo PCHR)

Les Palestiniens connaissent trop bien malheureusement les morts inutiles mais ils ne les accepteront jamais.

Le 16 janvier, Jamal Sarahin, un villageois de 38 ans de Tarqumiya, dans la région de Hébron, est décédé dans un hôpital israélien, apparemment suite à des complications d’une pneumonie. Sarahin était gardé par les Israéliens en détention administrative depuis huit mois dans un centre du Néguev.

Selon Issa Qaraqe, prisonnier et député Fatah au Conseil législatif, Sarahin est décédé au matin à l’hôpital Soroka à Beer Sheva, sa santé s’étant détériorée. Selon Qaraqe, les autorités pénitentiaires israéliennes avaient refusé de lui donner les soins médicaux d’urgence et avaient seulement tenu compte des demandes réitérées pour le transférer à l’hôpital de la prison, et par la suite, à l’hôpital, quand son état s’est dangereusement dégradé.

Naturellement, les prisonniers et les gens en général tiennent les autorités pénitentiaires israéliennes du centre de détention du Néguev responsables de la mort de Sarahin. Les prisonniers, furieux, ont pris à partie les gardes dans la prison du désert et tous les prisonniers palestiniens se sont mis en grève de la faim ce matin pour protester contre la mort de Sarahin.

Saharin n’est certainement pas le seul prisonnier palestinien à être décédé dans les geôles israéliennes. Tout au long de ces seules six années d’Intifada Al Aqsa, le Club des prisonniers palestiniens a relevé la mort de 14 hommes derrière les barreaux israéliens.

L’inutilité évidente de cette mort et la fin tragique qu’elle représente pour un homme qui avait pratiquement la vie devant lui vont-elles déclancher un sursaut parmi nos dirigeants et la communauté internationale quand on voit l’urgence de la question des prisonniers et à quel point il est impératif de lui trouver une solution ?

Comme nous l’avons tous remarqué, la question des prisonniers - c’est-à-dire le sort d’environ 10 000 prisonniers politiques palestiniens purgeant des peines dans les prisons israéliennes - a été à différentes reprises placée au centre des négociations, mais pour être mise en veilleuse à chaque fois. Les politiciens se sont servis de ces hommes et de ces femmes qui ont sacrifié leur propre vie et leur propre famille pour une cause toujours noble à leurs yeux, ils s’en sont servis comme de simples pions sur l’échiquier. A chaque fois que la question des prisonniers ne servait pas les meilleurs intérêts de ces politiciens, tous sans exception l’ont écartée pour satisfaire des gains plus immédiats et plus personnels.

Et à chaque fois que le contexte s’est trouvé réellement favorable pour ce problème des prisonniers, les dirigeants l’ont encore saboté pour des raisons partisanes et des jeux de pouvoirs mesquins qui leur font toujours perdre la notion des perspectives claires.

Par exemple, rappelons-nous le moment où les groupes palestiniens ont capturé le caporal Gilad Shalin en juin dernier. Une chance tirée sur un million pensions-nous pour la plupart car chacun savait qu’Israël tient à la vie de ses soldats et se donnerait beaucoup de mal pour garantir leur retour chez eux et dans leur famille en Israël.

Pendant des mois, des négociations se sont poursuivies pour savoir quand et dans quelles conditions Shalit devait être libéré. A part sur des détails comme la médiation égyptienne, en fin de compte les négociations ont raté. C’est en partie en raison de l’intransigeance d’Israël à propos des prisonniers qu’il libérerait. Mais surtout, nos dirigeants, à savoir le Hamas puisqu’il porte au premier chef la responsabilité directe de la capture de Shalit, n’ont pas vraiment assimilé l’idée que c’était réellement une occasion en or qu’ils ne devaient pas laisser échapper. Pendant des semaines, le public a entendu qu’un échange de prisonniers était imminent, nous avons entendu des chiffres et des noms, et malgré nous, nous nous sommes laissés espérer une fois encore.

En tous cas, le soi-disant échange de prisonniers, c’est juste du passé. C’est aussi le résultat d’une somme de négligences, pendant des années, à l’égard de nos prisonniers. Nos dirigeants, de toutes les factions, doivent revoir leurs priorités de façon à mettre en premier ces prisonniers. N’est-il pas assez scandaleux que lorsqu’ils ont purgé leur peine et reviennent dans notre société, les libérés n’aient aucun travail qui les attende ni aucune indemnité pour le temps qu’ils ont sacrifié pour leur pays ?

Pour le moins, leur situation désespérée devrait toujours être dans notre mémoire, la pensée de leurs conditions misérables devrait être le rappel vivant d’une tâche ardue qu’il nous faut accomplir. Faire connaître à la communauté internationale les noms de ces prisonniers et les conditions de vie qu’il sont obligés d’endurer, les actes de résistance dans lesquels ils se sont engagés et les rêves qu’ils ont gardés vivants devraient être une litanie permanente sur nos lèvres.

Il ne faut pas laisser les autorités israéliennes croire que la mort d’un prisonnier palestinien par leur propre négligence médicale puisse rester impunie. Même une mort gratuite est une mort de trop et le décès de Sarahin ne doit pas être inutile. Nous sommes à nouveau à un carrefour. Ou nous laissons notre colère pour la mort de Sarahin s’atténuer et disparaître, ou nous nous levons et faisons savoir à Israël et au monde qu’elle est inacceptable et ne sera jamais oubliée. Sans oublier de rappeler que le manque de traitement médical par Israël pour les prisonniers est une violation flagrante du droit international et du droit humanitaire. En tant qu’occupant, Israël a l’obligation de protéger le bien-être du peuple occupé, prisonniers politiques inclus.

Il est important de se rappeler que tous les prisonniers sans exception qui dépérissent actuellement dans les prisons lugubres d’Israël ont un nom et une histoire qu’il faut faire connaître.

Jamal Sarahin avait seulement 38 ans. Même les autorités israéliennes qui l’ont arrêté ne pourraient indiquer le « crime » pour lequel elles l’ont enfermé en détention administrative, une mesure arbitraire qui vise à garder les prisonniers sans jugement. Son épouse maintenant est veuve, et ses enfants orphelins de leur père.

N’est-ce pas une histoire qui vaut d’être racontée ?

Joharah Baker pour le Miftah - 17 janvier 2007 - Joharah Baker peut être jointe à l’adresse : mip@miftah.org
http://www.miftah.org/Display.cfm?D... - trad. : JPP


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