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Les factions palestiniennes unies par la guerre

jeudi 29 janvier 2009 - 06h:58

Shane Bauer

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Les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, une faction armée du Fatha, avaient autrefois menacé de mort le leader du Hamas, Khaled Meshaal.

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Sommet de Doha -
Au centre : Khaled Meshaal, leader du Hamas, à droite : Ramadan Abdullah Shallah, leader du Jihad Islamique et à gauche : Ahmed Jibril du PFLP (AFP)

Cependant, selon des représentants du Fatah à Damas, depuis le début de la guerre à Gaza jusqu’au cessez-le-feu, appelé dimanche par les factions palestiniennes, les deux factions rivales luttaient côte à côte, tirant des roquettes sur Israël depuis les rives de la bande de Gaza.

Israël affirme avoir assené un coup terrible au Hamas. Mais les 22 jours d’agression, tuant 1300 civils et blessant au moins 6000, ont rassemblé les factions palestiniennes. Pourtant, dans le passé, ces mêmes factions juraient être les ennemies du Hamas.

De nombreux observateurs se demandent si la coalition alliée du Hamas sera un nouveau front contre Israël, et si le Hamas sera en mesure d’empêcher d’autres factions de lancer des attaques depuis Gaza, rompant ainsi un calme précaire.

Mohammad Nazzal, un membre du bureau politique du Hamas à Damas affirme : « L’attaque d’Israël contre Gaza a unifié les groupes palestiniens dans le but de faire face à l’agression sioniste ».

Attaques coordonnées

Plusieurs factions ont revendiqué la lutte armée à Gaza.

Des mises à jour quotidiennes sur les sites internet des factions du Fatah, du Jihad Islamique, du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), du Comité de Résistance Populaire et d’autres groupes, différemment représentés par des hommes armés de lance-grenades, de versets du Coran, illustrés d’un pseudo art communiste et de photographies de feu Yasser Arafat - ont revendiqué les attaques contre les troupes israéliennes ainsi que les tirs de roquettes sur Israël.
La plupart des groupes affirment avoir lancés des attaques coordonnées avec le Hamas.

Le site internet du Jihad Islamique prétend avoir tiré 262 roquettes sur Israël depuis le début de la guerre, dont plusieurs de concert avec le Hamas.

Des sources militaires israéliennes déclarent qu’au moins 750 roquettes ont été lancées sur Israël depuis le début de l’Opération Plomb Durci tuant trois civils. De plus, elles affirment que dix soldats ont été tués et plus de 100 blessés.

Abbas fragilisé

Selon Sameer Rifai, le représentant du Fatah à Damas, la preuve que certaines de ces roquettes aient été lancées par des membres du Fatah contredit la position officielle de Mahmoud Abbas, leader du Fatah et le président palestinien

Abbas a appelé les deux camps à un cessez-le-feu sans conditions. Plusieurs personnes pensent que cette démarche risque de coûter au Fatah une part importante du soutien dont il bénéficiait jusqu’à présent.

D’après Rifai : « Les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa ont agi sans le consentement du leader du Fatah ».

Il ajoute, que le groupe est engagé dans « une défense légitime ».

Lors d’une interview la semaine dernière, Rafai a déclaré : « Les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa font partie de la population palestinienne de Gaza ».

« Ils défendent leurs maisons, leurs vies et eux-mêmes. Ils sont des individus qui se battent contre l’occupation ».

Selon certains analystes, le fait même que des factions du Fatah se soient battues à Gaza symbolise le niveau élevé de désintégration de l’organisation.

« Une partie du peuple ne veut plus être liée à Mahmoud Abbas. Certains pensent que c’est une partie d’une organisation qui n’a pas participé à la défense de leurs compagnons palestiniens » affirme Maha Azzam, un membre associé du Centre du Proche Orient à Chatham House. Toujours selon Azzam, des membres de la faction armée du Fatah ont proclamé « notre gouvernement se trompe peut-être, mais certains d’entre nous sont prêts à défendre nos frères à Gaza ».

Cette démarche représente une délégitimation du rôle d’Abbas.

Renforcement du soutien au Hamas

Pendant ce temps, à Damas, la capitale de facto de nombreuses factions palestiniennes, le Hamas a fortifié sa légitimité.

Dimanche passé, Musa Abu Marzuq, le député du bureau politique du Hamas, s’exprimait à la télévision syrienne, parlant au nom des factions de résistance palestiniennes et non à celui du Hamas. Il a déclaré une semaine de cessez-le-feu, en insistant sur le fait que pendant cette trêve, toutes les troupes militaires doivent quitter Gaza et que les points de passages doivent être ouverts.
Selon certains analystes, malgré l’apparence d’un front unit contre Israël, Hamas ne pourra peut être pas maintenir pendant très longtemps une alliance comprenant des groupes aussi divergents.

La faction laïque PFLP a déjà marqué son différend. Maher Taher, le représentant de PFLP à Damas, a décliné tout commentaire au sujet de leur décision. Néanmoins, dans une interview avec Al Jazeera, il insiste « l’attaque d’Israël continue ».

La semaine dernière, avant le cessez-feu, il a ajouté : « Le PFLP se bat sur le terrain contre l’invasion barbare israélienne ». « Cette lutte concerne tous les Palestiniens”.

La semaine dernière à Damas, plusieurs autres factions palestiniennes ont déclaré refuser « tout arrangement sécuritaire qui affecterait la résistance et le droit légitime à lutter contre l’occupation ».

La coalition était composée des représentants du Hamas, du Jihad Islamique, du PFLP, de la faction Al Saiqa, du Front de Lutte Populaire, du Parti Révolutionnaire Communiste, de l’Organisation de Libération Palestinienne, de la faction « Intifada » affiliée au Fatah et de nombreux autres groupes palestiniens.

Ils ont catégoriquement refusé la présence de forces internationales à Gaza, une proposition mise en avant par Abbas. Ils disent également que toute initiative de paix devra inclure la cessation immédiate des attaques d’Israël, le retrait total des forces militaires israéliennes de Gaza, la fin du blocus économique et l’ouverture de tous les points de passages de Gaza, y compris celui entre Rafah et l’Egypte.

Alliance temporaire

Toujours selon Azam : « Cette alliance continuera aussi longtemps qu’il y aura une crise ». « Une fois que la stabilité sera atteinte et que le processus politique sera en route, ce qui ne semble pas être envisageable dans un future proche, alors nous verrons à nouveau les groupes se désunir ».

Pour certains observateurs, que le Hamas garde ses alliés ou pas, ne fait finalement pas grande différence pour Israël. Les diverses factions vont, soit continuer à soutenir le Hamas, consolidant la légitimité du groupe à Gaza, soit se détacher et commencer à tirer des roquettes en violation du cessez-le-feu.

Taher a déclaré la semaine passée : « Toutes les factions devront se mettre d’accord sur une position commune » afin que le conflit touche à sa fin.

Toutefois, cette position n’est en vérité pas si claire. Néanmoins la plupart des factions se réservent le droit de tirer des roquettes en violation de la semaine de cessez-le-feu, une issue finale risque d’être encore bien loin.

Taher conclut : « Nous n’allons pas abandonner notre droit de résister jusqu’à la fin de l’occupation israélienne ».

20 janvier 2009 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://english.aljazeera.net/focus/...
Traduction de l’anglais : Christine Rossetti


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