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Le Hamas renforcé à Gaza

vendredi 30 janvier 2009 - 06h:15

Juan Miguel Muñoz

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La guerre d’Israël contre Gaza et le Hamas a provoqué une secousse dans l’échiquier politique palestinien. Plus rien ne sera jamais pareil entre les rivaux acharnés.

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Malgré une énorme disproportion des forces, la résistance palestinienne a résisté avec un courage exceptionnel à l’agression israélienne - Ici une série de photos de combattants et martyrs du Hamas - Photo : AP

Convaincus que le Fatah a conspiré avec Israël et l’Egypte afin de lancer l’attaque contre la bande et que l’objectif était d’entraîner la chute du gouvernement islamiste, les dirigeants du Hamas se sentent forts au moment de négocier un Gouvernement de coalition après avoir résisté à la brutale attaque. Dans les rues de Gaza, de nouvelles sympathies voient le jour, tandis qu’en Cisjordanie, le fait de parler de la popularité du Président, Mahmoud Abbas suscite l’hilarité.

Le soutien populaire au mouvement fondamentaliste ne fait que croître. Cela ne fait aucun doute dans les territoires palestiniens.

“Je ne soutiens pas les gens du Hamas. Pourvu qu’ils meurent avant. Et je ne vais pas commencer à dire des insanités car je vais prier. Mais le Hamas sortira renforcé de cette guerre”, dit Mounir, patron d’une pêcherie, levant les bras au ciel.

Même opinion pour Rafik, chef d’entreprise, pas plus admirateur des islamistes qui abandonnent l’idée de la résistance, enracinée plus que toute autre chose dans l’esprit des Palestinens.

“Abbas a mis la pression sur Israël afin qu’il attaque Gaza. Mais le Hamas et son gouvernement s’en retrouvent aujourd’hui plus puissants. Tout est plus clair. L’Egypte, la Jordanie, Israël, y compris l’Union européenne, savent que nous n’allons pas nous écrouler”, affirme Ehab El Gosein, porte-parole du Ministère de l’Intérieur de la bande de Gaza.

Hier, les sempiternelles négociations se sont poursuivies au Caire afin d’établir un pacte pour une trève stable, former un gouvernement palestinien de coalition et afin qu’on ouvre à nouveau les frontières de Gaza, devenu un ghetto chaque jour plus déprimant. Trois objectifs difficiles à atteindre et encore plus compliqués à faire perdurer.

Le blocus économique de ce territoire de 367 kilomètres carrés dure depuis exactement trois ans.

Le 25 Janvier 2006, le Hamas remporta les éléctions législatives et le monde occidental en bloc, comme la majorité des pays arabes, considéra le résultat des urnes avec beaucoup de mépris. Bien qu’hier encore les avions de chasse israéliens survolaient Gaza, réveillant à nouveau la crainte d’une autre vague d’attaques parmi son million et demi d’habitants, le cessez-le-feu semble plus plausible que les deux autres éléments de la négociation.

Indirectement, Israël et le Hamas négocient déjà. Hier, au Caire, le représentant du gouvernement d’Ehud Olmert, Amos Gilad, a proposé une trève de 18 mois. Le Hamas a répondu que la durée de la trève ne devrait pas dépasser un an.

Le Gouvernement de coalition, qui permettrait la reconstruction de tout ce qui a été devasté et l’ouverture des passages frontaliers, est une autre affaire. “Nous n’accepterons pas la paix en échange de la paix. On doit ouvrir les frontières et nous pouvons régler ce problème avec Abbas et l’ Egypte. Mais comment le faire si l’Autorité palestinienne continue à emprisonner les nôtres en Cisjordanie ?” se demande le député du Hamas Mohamed Shihab.

Les dirigeants islamistes rencontrés quelques jours plus tôt pestent contre un président dont ils se moquent. Le député Youssef Shirafi précise : “ex président”. Le mandat d’Abbas a pris fin le 9 Janvier et le Hamas ne le reconnaît plus.

“Aujourd’hui, il est impossible de parvenir à un accord avec l’Autorité palestinienne. Ils ne sont pas disposés à libérer les centaines de prisonniers du Hamas en Cisjordanie ni à réformer les corps de sécurité qu’ils ont entraînés en Jordanie sous les ordres d’un général américain”, affirme Maslé Reqab, professeur d’économie de l’Université de Khan Younes, qui dit en plaisantant : “Abbas exigeait qu’on lui remette les quartiers de la police à Gaza. Mais le Hamas ne peut pas s’exécuter, les quartiers n’existent plus.”

Les négociations s’annoncent difficiles car le Hamas réclame également qu’Abbas mette un terme à un processus de paix avec Israël qu’ils considèrent comme une plaisanterie.

Le défi que doit surmonter le gouvernement d’Ismael Haniya est de faire face à la situation calamiteuse de Gaza après les massacres israéliens. Maintenant que la livraison du combustible a repris et que l’unique centrale électrique peut fonctionner à nouveau, des centaines de poteaux électriques sont démolis. Idem pour le réseau téléphonique.

Seize bâtiments ministériels sont réduits en décombres. Il faudra démolir le Parlement, 5 000 maisons ont été détruites par l’armée israélienne, 35 écoles sont inutilisables, les hôpitaux brûlés...

Combien de temps la population pourra-t-elle supporter une telle situation ? La reconstruction est essentielle. Mais sans gouvernement de coalition, l’arrivée à Gaza de l’énorme quantité de matières premières nécessaires afin de réparer ce qui a été détruit prendra du temps.

Les jeux politiques feront partie de ce jeu macabre. Car le Hamas ne compte pas baisser les bras. “Abbas n’a pas pu retourner à Gaza sur les tanks israéliens, et il n’y retournera pas par les marches de la reconstruction”, a écrit le professeur de sciences politiques de l’Université de Naplouse Satar Kassem.

26 janvier 2009 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Assia B.


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