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Le quatuor démoniaque
Le stade suprême de la reptation

jeudi 15 janvier 2009 - 11h:39

K. Habib - M. Saâdoune/Le Quotidien d’Oran

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L’Etat hébreu ne se serait pas engagé dans [cette] opération militaire, et surtout sans scrupule des pertes humaines qu’elle inflige à la population ghazaouie, s’il ne s’était pas assuré au préalable de l’acquiescement des pays en question et leur engagement à neutraliser toute tentative de réaction anti-israélienne solidaire du monde arabe officiel

Le quatuor démoniaque

par Kharroubi Habib

La collusion entre l’Etat sioniste et l’Egypte, approuvée par l’Arabie Saoudite et la Jordanie, est une des principales explications au refus du premier à se conformer à la résolution des Nations unies et aux appels de toutes provenances l’invitant à cesser immédiatement son agression contre la population de Ghaza, qui en est à sa vingtaine journée.

L’Etat hébreu ne se serait pas engagé dans une opération militaire de l’envergure que mène son armée, et surtout sans scrupule des pertes humaines qu’elle inflige à la population ghazaouie, s’il ne s’était pas assuré au préalable de l’acquiescement des pays en question et leur engagement à neutraliser toute tentative de réaction anti-israélienne solidaire du monde arabe officiel en mesure de mettre diplomatiquement Tel-Aviv en difficulté et au ban des accusés.

Israël en « bras armé » et le trio arabe en pompier diplomatique au sein de la Ligue arabe. Le scénario est évident depuis avant même le déclenchement de l’invasion et se vérifie avec le refus que ce dernier vient d’opposer à la convocation d’un sommet arabe extraordinaire à Doha proposée par l’émir du Qatar. Même venant tardivement, la tenue de ce sommet a été déclarée inacceptable par le trio, dont la mission est de rendre impossible tout « sursaut officiel » arabe en mesure de contrecarrer les objectifs assignés à l’opération « Plomb durci », dont il partage les finalités avec l’agresseur sioniste. C’est peu dire que le plan d’agression sioniste a eu la caution des autorités égyptiennes, saoudiennes et jordaniennes.

Israël a été expressément et fortement encouragé à entreprendre sa réalisation, l’Egypte allant jusqu’à lui fournir, par le biais de ses services secrets, des informations sur « l’état d’esprit de la population ghazaouie et les faiblesses militaires du Hamas », et plaidant de leur point de vue en sa faveur et en son « succès rapide ».

Le déroulement des évènements ayant contredit et ces informations et l’optimisme en une intervention brutale mais brève, Israël et le trio arabe ne peuvent plus masquer leur connivence. D’où leur coordination diplomatique à faire aboutir le même scénario de sortie de crise. A savoir la mise hors jeu du Hamas dans tout accord de cessez-le-feu. En ne lui reconnaissant pas le statut d’interlocuteur, qu’ils octroient à la seule Autorité présidée par Mahmoud Abbas (sans prise aucune sur les réalités dans la bande de Ghaza et même dénuée de toute légitimité en tant que telle depuis la fin de mandat le 9 janvier de son Président).

Les Israéliens, les Egyptiens et leurs deux autres alliés en crime voudraient en somme obtenir diplomatiquement ce que des semaines d’agression et de tueries n’ont pu atteindre : « le règlement de l’affaire palestinienne » aux conditions ayant cimenté leur entente. Qui sont pour l’essentiel l’élimination militaire et politique de leur ennemi commun, le Hamas, la mise sous leur tutelle conjointe du peuple palestinien et un arrangement enterrant le projet de création d’un Etat palestinien indépendant et disposant de tous les attributs de la souveraineté, notamment celle de choisir ses dirigeants.

Analyse

Le stade suprême de la reptation

par M. Saâdoune

Le quorum pour la tenue d’un sommet arabe à Doha a été atteint. Péniblement et malgré les pressions des dirigeants égyptiens et saoudiens. Qu’il ait fallu passer outre le sacro-saint consensus arabe pour aller vers ce sommet est ahurissant, au vu de l’ampleur du carnage subi par les enfants, les femmes et les hommes de Ghaza. Cela fait déjà dix-neuf jours de retard et il serait difficile de contredire ce qui se dit dans la rue arabe : certains régimes arabes veulent donner tout le temps qu’il faut à Israël. Exactement comme l’exige Washington.

Bush a contraint Condoleezza Rice à s’abstenir sur la résolution du Conseil de sécurité. A la demande d’Olmert. Les démentis américains ne convainquent personne. Que Mme Rice se plie au désir de Tel-Aviv n’est guère surprenant, c’est la règle de la politique américaine au Proche-Orient. Mais que des régimes arabes n’aient plus la capacité de dire « non » quand les Palestiniens sont massacrés est d’une indignité absolue. On est dans le stade suprême de la reptation.

Comment expliquer autrement le refus des responsables égyptiens et saoudiens à la tenue d’un sommet arabe ? La crainte de voir des divergences arabo-arabes étalées au grand jour n’est pas un argument. Ces divergences interarabes ne sont pas un secret, elles touchent des questions « essentielles » et s’étalent justement à longueur de journée et à travers les médias. On aurait pu penser que les épreuves inhumaines subies par la population de Ghaza conduiraient à une pause dans l’entreprise de casse menée par l’axe dit « modéré ». Continuer à agir en soldat discipliné de Washington alors que les gens meurent par centaines et que tous les moyens de vie sont systématiquement détruits par les fascistes israéliens, est au-delà du jeu politique. On est dans des logiques de collabos.

On le sait, parce qu’on les connaît : les patriotes égyptiens sont en colère, car ceux qui tiennent aujourd’hui en main les destinées de leur pays sont une source de honte. Hassaneine Heykal s’est étonné que l’Egypte officielle n’ait même pas pris le soin de démentir des propos attribués par la presse israélienne à Sarkozy et selon lesquels Moubarak aurait dit qu’il ne fallait pas que le Hamas sorte victorieux de cette guerre. On a eu, quelques jours plus tard, un démenti assez mou.

De nombreux Egyptiens, au-delà de leur coloration politique, ne supportent pas l’indignité dans laquelle ce régime place leur pays. C’était déjà très anormal que l’Egypte joue le rôle de « médiateur impartial » - cela existe-t-il ? - entre Israël et les Palestiniens. Ce stade est désormais dépassé. L’Egypte exerce des pressions sur la résistance palestinienne et voudrait lui faire signer une reddition pure et simple. Son objection à la tenue d’un sommet arabe découle de la même attitude : maintenir la pression sur la résistance et empêcher l’expression d’une solidarité officielle effective avec la résistance.

Le sommet de Doha, quitte à ce qu’il déclare la fin même de la Ligue arabe, est nécessaire. Car les Etats arabes, contrairement à ce que beaucoup suggèrent, ont des moyens d’agir et de peser. Ghaza, où l’humanité est assassinée, leur commande de cesser dans le discours mièvre de la « paix comme choix stratégique », alors qu’Israël affirme constamment que sa guerre est permanente.

Editorial

De Kharroubi Habib :

- Les silences assourdissants de la Russie, de la Chine et d’autres puissances
- Quand un peuple veut la vie...
- Le monde arabe face à lui-même
- Ponce Pilate était au Conseil de sécurité de l’ONU
- Reconquête au prix du génocide

De M. Saâdoune :

- 384 morts, bilan provisoire au quatrième jour du massacre : Ghaza résiste, Moubarak fait diversion
- Les arabes, l’UPM et le véto israélien
- Al-Qaïda, ennemi utile
- Propagande et internet
- Bras de fer stratégique

15 janvier 2009 - Le Quotidien d’Oran


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