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Quand Israël et la Syrie étaient au bord de la paix

mercredi 17 janvier 2007 - 09h:47

Alain Gresh - Le Monde diplomatique

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Le Monde du 16 janvier titre sur « Accord secret entre Israël et Syrie, selon "Haaretz" ». Le correspondant du journal, Michel Bole-Richard écrit : « Selon le texte officieux publié par le journal, ni signé ni approuvé par les autorités politiques des deux pays, les négociateurs syriens et israéliens auraient convenu qu’Israël se retirera du plateau du Golan conquis en 1967 pour retrouver les frontières d’avant la guerre. Pour Damas, cette évacuation se déroulerait sur cinq ans alors que les Israéliens souhaitaient une période de quinze ans. »

L’article de Haaretz du 16 janvier, « Israeli, Syrian representatives reach secret understandings » a été écrit par Akiva Eldar, un des plus brillants journalistes israélien. On trouvera sa traduction et la reproduction de la carte des négociations sur le site La Paix Maintenant, sous le titre « Accord secret entre représentants israéliens et syriens ». Le texte de l’accord est publié par Haaretz.

« Le quotidien israélien indique que ces conversations ont impliqué notamment le vice-président syrien Farouk Al-Chareh, le ministre syrien des affaires étrangères, Wallid Mouallem, ainsi qu’un général des renseignements syriens. Côté israélien, les pourparlers auraient été menés par Alon Liel, ancien directeur général du ministère des affaires étrangères en compagnie de Geoffrey Aronson, un pacifiste juif américain. Alon Liel a confirmé la réalité de ces entretiens mais il s’est refusé a en indiquer la teneur. »

Rappelons que Geoffrey Aronson, qui a collaboré à plusieurs fois au Monde diplomatique, est directeur de la rechercher et des publications à la Foundation for Middle East Peace à Washington, DC. Il est directeur du bimestriel Report on Israeli Settlements in the Occupied Territories.

Ces négociations, qui ont duré entre septembre 2004 et août 2006 (guerre contre le Liban) ont abouti à ce que l’on appelle un non-document (c’est-à-dire un texte n’ayant aucun caractère officiel), mais qui résume les principes d’un éventuel accord entre les deux pays. Les principes rappelés sont ceux qui avaient déjà été définis durant les négociations de la fin des années 1990 entre le gouvernement de Ehoud Barak et Hafez El-Assad.

L’histoire de ces négociations est passionnante, car elle montre comment, contrairement aux idées reçues, les dirigeants syriens étaient prêts à accepter en 2000 un accord de paix avec Israël, accord incluant la reconnaissance diplomatique. J’ai raconté l’histoire dans un article écrit avant l’échec final des pourparlers dû, comme l’ont raconté les négociateurs américains, au refus d’Ehoud Barak de prendre les décisions courageuses qui s’imposaient et qui auraient, peut-être, conduit la région sur une autre voie que celle d’aujourd’hui. Pour comprendre mieux, on pourra consulter la carte février 2002 (avant le retrait israélien du Liban) et intitulée « Le Golan annexé et le Liban sud occupé par Israël ».
Il est clair aujourd’hui que, dans le cadre de la stratégie américaine contre l’Iran et la Syrie, ni Washington ni Tel-Aviv n’est prêt à reprendre langue avec Damas.

« La Syrie et Israël au bord de la paix », par Alain Gresh Le Monde diplomatique, janvier 2000.

Pour une petite actualisation, voilà ce que nous écrivions Dominique Vidal et moi-même dans Les Cent clefs du Proche-Orient, Hachette, 2005.

Quand il arrive au pouvoir en mai 1999, Ehoud Barak, décide de relancer la négociation avec la Syrie. Les pourparlers reprennent à Washington. Israël exige que, parallèlement au tracé des frontières, trois autres dossiers trouvent une solution : l’eau (le Golan représente un tiers des réserves d’Israël, qui demande que les flux ne soient pas interrompus) ; la sécurité (un accord de mai 1995 en a fixé les grands principes) ; la normalisation (les deux pays sont d’accord pour l’échange d’ambassadeurs et l’ouverture des frontières). La seule vraie difficulté reste le tracé des frontières. Damas exige, conformément à l’engagement de Rabin, un retrait de l’armée israélienne sur ses positions du 4 juin 1967. En décembre 1999, alors que Washington croît que l’accord est à portée de main, Ehoud Barak informe les États-Unis que, compte tenu de la situation intérieure, il ne peut pas signer un accord impliquant un retour aux frontières du 4 juin 1967. Il laisse ainsi passer une chance historique.

Alain Gresh, Le Monde diplomatique - Blog "Nouvelles d’Orient", 17 janvier 2007


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