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Objectif : détruire

lundi 12 janvier 2009 - 09h:56

Ahmed Loutfi - Al-Ahram/hebdo

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L’offensive terrestre israélienne se poursuit avec le maximum de violences et de bombardements, provoquant mort et destruction dans le secteur. Une action diplomatique hétéroclite se déroule, mais sans résultat tangible.

L’escalade est l’aspect le plus évident de ce qui se passe. Mardi, Israël a rejeté tous les appels à un arrêt de son agression qui a, jusque-là, coûté la vie à 560 Palestiniens [plus de 850 au 11 janvier], en majorité des civils, y compris femmes et enfants, et mène des raids aériens, navals et des attaques terrestres. Un véritable massacre dans ce territoire pauvre et surpeuplé. L’offensive israélienne a provoqué une grave pénurie de denrées, de l’aveu même des agences de l’Onu. Des combats et des bombardements continuent à être signalés mardi dans plusieurs secteurs de Gaza.

Les chars israéliens, épaulés par des hélicoptères de combat, sont entrés à Khan Younès, la grande ville du sud, pour la première fois depuis le début de l’offensive terrestre de samedi dernier. Les blindés se sont heurtés dans cette ville aux tirs des combattants palestiniens. De violents combats se sont également déroulés dans les quartiers de Choujaïya et de Zeitoun. Le feu a ravagé plusieurs installations et les flammes sont restées vives pendant plusieurs heures. La ville a été encerclée par les chars israéliens et en appui, l’artillerie israélienne a pilonné massivement plusieurs positions palestiniennes, et des hélicoptères ont mené des attaques aériennes. Rien n’échappe à la vindicte israélienne : bombardement à l’artillerie du camp de réfugiés de Boureij, où 3 personnes ont été tuées, et la localité de Deir Al-Balah, dans le centre de Gaza, est désormais coupée en deux.

La résistance palestinienne ne semble pas pour autant baisser les bras. L’armée israélienne a annoncé que 3 de ses militaires ont été tués et 24 autres blessés, prétendant qu’un char de Tsahal avait fait feu « par erreur » sur leur position. Ceci porte le bilan des pertes israéliennes à 4 morts militaires et 79 blessés. La branche armée du Hamas, les Brigades Ezzeddine Al-Qassam, a affirmé de son côté avoir tué « 10 soldats » et blessé 30.

De manière énergique, le plus influent chef du Hamas à Gaza, Mahmoud Al-Zahar, et lors de sa première intervention télévisée depuis le début de l’offensive israélienne, a promis la « victoire » palestinienne face à Israël : « La victoire arrive, grâce à Dieu », a-t-il affirmé. Les Brigades Ezzeddine Al-Qassam, « ont donné le plus beau des exemples lors de la confrontation avec une armée que le monde croyait invincible », a-t-il lancé. « Les douleurs éprouvées aujourd’hui nous aideront à réaliser nos objectifs nationaux de demain », a-t-il ajouté.

Discours enflammé. Difficile jusqu’à présent de prévoir si l’attaque israélienne subira un échec comme cela s’est passé au Sud-Liban, ou si elle réalisera ses objectifs. Les observateurs militaires estiment que le Tsahal aurait commis une erreur stratégique en se lançant dans une guerre terrestre. Investir tout Gaza, un territoire d’un million et demi de personnes, ne constituerait-il pas finalement un bourbier pour Tsahal ? Le premier ministre israélien Ehud Olmert a déclaré : « Israël ne peut pas stopper ses activités militaires avant d’avoir atteint les objectifs qu’il s’est fixés ». Israël ne pourra pas désormais crier victoire, d’autant plus que ces objectifs n’ont pas encore été révélés de manière complète. Seul l’aspect destruction et massacre est évident. Les Israéliens ont toujours parlé d’étapes, et celle qui a commencé samedi dernier n’est que la deuxième.

Pour les analystes, l’étape actuelle serait la frontière sablonneuse entre l’Egypte et la bande côtière, longue de 14 km, qui a longtemps été traversée par un réseau de tunnels qui ont permis aux Palestiniens de cette enclave de se procurer clandestinement armes et marchandises en contournant le blocus israélien. Depuis le commencement de son offensive, Israël a largué des bombes antiblindage sur le secteur dit du « corridor de Salaheddine ». Ces bombes ont la faculté d’exploser en profondeur et de propager des ondes de choc destinées à faire effondrer les passages secrets.

Une diplomatie incertaine

A l’heure où se déroule la campagne militaire, une diplomatie aux contours flous tente d’arrêter la guerre. Les pays arabes comptent soumettre au Conseil de sécurité un nouveau projet de résolution réclamant la fin immédiate de « l’agression israélienne ». Une résolution qui appelle à un cessez-le-feu permanent et immédiat, à la levée du blocus, à l’ouverture des points de passage entre Gaza et Israël et également « entre Gaza et l’Egypte ». De plus, une délégation du Hamas est arrivée lundi au Caire pour discuter avec des responsables égyptiens des moyens de mettre fin à la guerre et de lever le blocus israélien. Le président Hosni Moubarak avait exclu la réouverture permanente du terminal de Rafah en l’absence de représentants de l’Autorité palestinienne et d’observateurs de l’Union européenne à ce point de passage entre l’Egypte et la bande de Gaza. Car, selon lui, ceci « va contribuer à la consécration de la division palestinienne ».

La troïka européenne, avec le président français Nicolas Sarkozy, sont en tournée dans la région. Ils ont rencontré des responsables égyptiens dans le cadre de ces tentatives. « Il faut que cette guerre s’arrête absolument, tout le monde le sait. On sait ce qu’il faut faire et personne n’y parvient, mais nous nous obstinons », a affirmé le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner. Karel Schwarzenberg, chef de la diplomatie tchèque, dont le pays assure désormais la présidence de l’Union européenne, a paru une fois de plus bien du côté israélien : « On ne peut proclamer un armistice d’un seul côté. Nous n’arriverons à rien sans l’aval des deux côtés ». Les Européens semblent être plutôt en mission de reconnaissance, plus d’une dizaine de jours après l’agression israélienne. Ils ne sont menus d’aucun plan ou d’idées précises qui permettraient d’obtenir un arrêt des opérations militaires, même pour des raisons humanitaires.

George Bush, dont le mandat expire dans quelques jours, a rejeté même cette pause humanitaire. « Je sais que les gens disent : il faut un cessez-le-feu. C’est une noble ambition », a-t-il déclaré en maintenant son ferme soutien au grand allié israélien et en rejetant toute trêve qui ne serait pas assortie de conditions garantissant la sécurité d’Israël. Dans tous les cas, la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, a rejeté un nouvel appel de la troïka européenne à un cessez-le feu immédiat, soulignant qu’Israël était déterminé à « changer la donne dans la région ».

Détruire, dit-elle. Les Israéliens excellent à le faire. Ils l’ont fait à Deir Yassine, à Jénine et ailleurs. Aujourd’hui, ils font avec le Hamas ce qu’ils avaient fait avec le Fatah. Ils veulent neutraliser la résistance comme ils ont isolé Yasser Arafat pendant deux ans jusqu’à sa mort. Hugo Chavez, le président vénézuélien, a bien qualifié les choses en déclarant : « Il faut dénoncer le gouvernement d’Israël comme un gouvernement assassin, un gouvernement génocidaire ».

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 7 au 13 janvier 2009, numéro 748 (Evènement)


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