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Dans la Bande de Gaza, l’enfer des équipes médicales

dimanche 11 janvier 2009 - 19h:04

AP

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Les équipes médicales de la Bande de Gaza risquent leur vie chaque jour pour se rendre sur les lieux des combats, bravant les tirs et les heures d’attente pour atteindre les lieux des frappes, où parfois les animaux ont déjà commencé à dévorer les cadavres.

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Petit garçon blessé lors d’une attaque israélienne - Photo : AP/Khalil Hamra

Depuis deux semaines, ces quelque 400 professionnels et volontaires enchaînent de longues journées de travail et de courtes heures de repos sous le feu israélien sans avoir le temps de penser aux horreurs qu’ils voient, ou aux parents, aux amis qu’ils ont perdus.

"Mon esprit est comme une vidéo de membres arrachés et de blessés", confie Haïtham Adgheir, 33 ans. Il a transporté cinq cadavres, en a vu six autres dans un hôpital, et l’un des chauffeurs a été légèrement blessé par des éclats de verre jeudi quand un tir de char israélien a atteint son convoi médical. Les ambulances ont rebroussé chemin.

L’offensive lancée le 27 décembre a tué plus de 800 Palestiniens, dont la moitié des civils, selon les autorités médicales locales. Treize Israéliens ont été tués par les roquettes du Hamas sur le sud de l’Etat hébreu.

Israël affirme ne viser que des sites du Mouvement de la résistance islamique, mais partout dans l’étroit territoire surpeuplé des mosquées et des immeubles d’habitation ont été touchés. L’Etat hébreu accuse le Hamas de lancer des attaques depuis des écoles, des mosquées ou des maisons en se servant de la population civile comme d’un bouclier humain.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait état de 21 Palestiniens tués parmi le personnel médical, 30 blessés et onze ambulances endommagées.

La coordination avec Israël ralentit les secours, dont certains affirment avoir trouvé des gens restés plusieurs jours bloqués chez eux en attendant de l’aide, ou des cadavres gisant dans les rues faute de ramassage. "Dégoûtant n’est pas le mot", lâche Shaouki Saleh, 24 ans, volontaire à l’hôpital Kamal Adouane de Beit Lahya. "Si ce n’est pas un chien, ce sont les rats autour des corps... Je suis volontaire depuis deux ans mais je n’aurais jamais imaginé voir cela. Qui sait combien de personnes sont toujours sous les gravats ?"

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est sorti de sa réserve pour dénoncer les délais "inacceptables" qu’imposent les autorités israéliennes aux déplacements des secours. Du personnel de l’organisation dans la Bande de Gaza affirme en outre que des soldats tirent parfois sur les ambulances.

Jeudi, après quatre jours d’attente, des ambulances du CICR ont pu atteindre le quartier de Zeitoun, dans l’est de Gaza, où ont été découverts 12 morts et quatre enfants rescapés gisant à côté des corps de leurs mères.

Ahmed Abou Sal, un volontaire de 26 ans, raconte comment il a trouvé une fillette d’environ neuf ans accrochée à sa mère sans vie, incapable de parler à cause de la déshydratation. Dans les ruines du bâtiment, une femme pleurait silencieusement, tenant encore dans ses bras les corps de deux jeunes hommes, apparemment ses fils.

Les responsables de la Croix-Rouge coordonnent leurs interventions avec l’armée israélienne par téléphone mobile, explique Simon Schorno, porte-parole au siège du CICR à Genève. Il arrive cependant que des combats éclatent près des équipes, les mettant en danger. Une coordination similaire existe avec les combattants palestiniens, précise M. Schorno, mais ces derniers sont moins organisés.

"C’est une zone de combat, alors évidemment le danger pour les secours travaillant dans une zone de combat vient du fait que cela tire des deux côtés", déclare le capitaine Benjamin Rutland, porte-parole de l’armée israélienne, qui nie que des soldats visent intentionnellement des sauveteurs.

Haïtham Adgheir, qui travaille pour le Croissant-Rouge à l’hôpital Al-Qods, à Gaza, assure pourtant que des militaires ont tiré dans sa direction quatre fois la semaine passée, malgré la coordination de la Croix-Rouge. Mardi, il a attendu plus de 12 heures avant de pouvoir atteindre une voiture bondée touchée par les tirs d’un char israélien sur une route près de la ville de Khan Younès. A la nuit tombée, Haitham a pu arriver à la voiture, mais il affirme que l’armée a tiré sur son ambulance.

Le personnel médical n’a pas le temps de s’occuper de son propre état, même si beaucoup disent souffrir de cauchemars et d’énervement ou être traversés par des sentiments allant de la paralysie à la fureur. Ils n’ont guère le temps de faire des pauses ou même de prier. Vendredi, les médecins et infirmiers éclaboussés de sang de l’hôpital gazaoui de Shifa se sont joints aux familles pour prier quelques instants.

Pour Mohammed Azayzeh, qui intervient dans le centre de la Bande de Gaza, le plus dur n’est pas de tomber sur des morts, mais de s’occuper des blessés, parfois horriblement atteints, qui hurlent à l’aide. "Qu’est-ce qu’on peut faire ?", s’interroge-t-il. "Je voudrais me frapper la tête contre les murs."

11 janvier 2009 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://fr.news.yahoo.com/3/20090111...


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