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Israël ignore la résolution et lance la troisième phase - Enquête sur d’éventuels crimes de guerre ?

samedi 10 janvier 2009 - 10h:23

S. Dumont - F. Koller/Le Temps

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« Israël n’accepte pas qu’une influence extérieure décide de son droit à assurer la sécurité de ses citoyens. »

Le « nettoyage » des villes et des camps pourrait durer plusieurs semaines.

Serge Dumont, Tel-Aviv

« Israël n’accepte pas qu’une influence extérieure décide de son droit à assurer la sécurité de ses citoyens. » Au terme de six heures de discussions, les trois « superministres » du cabinet de la sécurité de l’Etat hébreu ont décidé vendredi de poursuivre l’opération « Plomb durci ». Cela malgré le vote d’une résolution 1860 du Conseil de sécurité appelant Israël et le Hamas à un cessez-le-feu immédiat et durable (lire ci-dessus).

Dès l’adoption de ce texte, la diplomatie israélienne l’a estimé «  non contraignant [...] peu en phase avec la réalité ». Le premier ministre Ehoud Olmert l’a ensuite proclamé « impraticable ». « Les nouveaux tirs de roquettes sur Israël démontrent qu’il est irréaliste », a-t-il notamment déclaré.

Quant au Hamas, il a lui aussi estimé que la résolution 1860 « ne répond pas à ses demandes et aux intérêts du peuple palestinien ». L’organisation islamiste a donc accentué ses tirs de roquettes sur le sud de l’Etat hébreu pendant que son commandement militaire appelait ses miliciens « à rester en état d’alerte maximale ».

A Tel-Aviv, le chef de l’état-major de Tsahal, Gaby Ashkenazi, pressait depuis quelques jours les décideurs politiques de l’autoriser à passer à la troisième étape de son plan de guerre. Parce qu’il estime que les deux premières phases ont été achevées « dans les délais » et parce que les troupes qui ont envahi la bande de Gaza il y a deux semaines sont désormais plus statiques. Elles se transforment donc en cibles plus faciles pour les combattants palestiniens.

« Phase la plus critique »

Concrètement, la troisième étape de « Plomb durci » prévoit l’entrée dans la bande de Gaza des dizaines de milliers de réservistes mobilisés à la fin de novembre ainsi que la reconquête des villes et des camps de réfugiés à des fins de « nettoyage ». «  Si cela se concrétise, nous vivrons la phase la plus critique de cette guerre, puisqu’il s’agit cette fois de mener des combats rue par rue et maison par maison. Ceux-ci se dérouleront dans des zones surpeuplées. Un terrain parfaitement connu des miliciens du Hamas, qui attendent les unités spéciales israéliennes de pied ferme », affirme le chroniqueur militaire Yoav Limor.

Selon les estimations des stratèges israéliens, cette troisième étape devrait durer « plusieurs semaines ». Ce qui signifie que les élections législatives du 10 février prochain pourraient être retardées si l’opération « Plomb durci » prenait un tour inattendu ou s’allongeait outre mesure. En attendant, un sondage publié par le quotidien Maariv confirme le soutien massif de la population israélienne (91,4%) à son armée et à la poursuite de l’opération contre le Hamas.

Sur le terrain, les violences se sont d’ores et déjà accentuées puisque, outre la « liquidation » d’un responsable militaire du Djihad islamique et d’un autre du Hamas, la journée de vendredi a été marquée par une quarantaine de bombardements israéliens dont certains ont touché des immeubles. Au moins dix civils ont alors été tués. Mais des combats rapprochés ont également eu lieu à Cheikh Radwan, l’un des quartiers populaires de Gaza-City. L’artillerie israélienne a également pilonné la banlieue pendant plusieurs heures.

Depuis le début de cette guerre, au moins 780 Palestiniens ont été tués et de 3250 blessés. Du côté israélien, 13 personnes - dont dix militaires - ont perdu la vie et deux cents autres ont été blessées.

Enquête sur d’éventuels crimes de guerre ?

La haut-commissaire aux droits de l’homme appelle à faire la lumière.

Frédéric Koller

Violations du droit humanitaire, interrogation sur d’éventuels crimes de guerre, la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navanathem Pillay, a dénoncé vendredi à Genève une « situation intolérable » en préambule d’une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme consacrée à la bande de Gaza. Dans une interview à la BBC, elle s’est faite plus explicite en constatant que les dénonciations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la veille, sur l’impossibilité qui lui était faite de porter secours à des civils durant quatre jours, comportaient « tous les éléments de ce qui constitue un crime de guerre ». La Sud-Africaine a ainsi appelé à la création d’une enquête « indépendante et transparente » sur les violations du droit international. Elle demande également le déploiement d’observateurs humanitaires en Israël et dans les territoires occupés palestiniens ainsi que l’accès sans limites des rapporteurs spéciaux de l’ONU à la bande de Gaza.

Le rapporteur spécial pour les territoires palestiniens, Richard Falk, avait été expulsé d’Israël le 14 décembre dernier après une détention de quinze heures dans une cellule de l’aéroport Ben Gourion. Ce dernier recommande lui aussi une enquête sur les allégations de crimes de guerre dans les deux camps.

La Suisse a suivi la même ligne en appelant à une enquête notamment sur les attaques israéliennes sur deux écoles gérées par l’ONU qui se sont soldées par la mort d’une quarantaine de civils. Cette question, au-delà des condamnations d’usage, faisait l’objet d’intenses négociations dans les coulisses du Conseil, qui doit à nouveau se réunir lundi pour l’adoption d’un texte.

Selon le projet de résolution qui circulait vendredi soir, le Conseil chargerait le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de n’évaluer que les violations commises sur les Palestiniens par la puissance occupante israélienne sans faire mention des tirs de roquettes du Hamas. Une formulation déséquilibrée loin de faire le consensus.

10 janvier 2008 - Le Temps


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