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« Nous vous attendons à chaque coin de rue et dans chaque maison »

mercredi 7 janvier 2009 - 16h:00

Juan Miguel Muñoz

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De maison en maison, en expulsant ses habitants, les troupes israéliennes ont pénétré hier dans les villes du nord de Gaza. Et la nuit tombée, les bombardements massifs se sont ajoutés aux premiers combats corps à corps. C’est la tactique des milices palestiniennes : ils attendent les soldats dans le labyrinthe des zones les plus peuplées. Ils promettent « feu et le fer » pour recevoir l’ennemi.

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Sort que la résistance palestinienne promet aux soldats de l’occupation - Photo : AP

Le gouvernement israélien fait également des promesses : « L’opération va se poursuivre. » En 10 jours de guerre 600 Palestiniens sont morts. Hier soir, Israël a reconnu la mort de trois soldats par le tir d’un de ses chars déployés dans la bande de Gaza, ce qui porte à quatre le nombre total de ses pertes.

En même temps que les trois soldats israéliens qui sont tombés la nuit dernière à Gaza, 20 autres, ont été blessés dont quatre grièvement, par un tir de char qui a atteint accidentellement le bâtiment dans lequel les soldats se trouvaient dans le nord de la bande Gaza, selon les informations d’un porte-parole de l’armée israélienne. Pendant ce temps, le nombre de victimes du côté palestinien s’élevait à environ 600, dont de nombreux civils. Tout le monde travaille à mettre en place une trêve. Mais tout le monde, et en premier le président George Bush donne le feu vert à Israël pour poursuivre sa brutale campagne militaire.

Des milliers de Palestiniens ont fui leurs foyers pour se réfugier dans un endroit sûr, qui n’existe pas. Les écoles de l’agence des Nations Unies sont pleines. La plupart du million et demi d’habitants de la bande de Gaza, divisée en trois parties par l’armée israélienne, vit sans électricité, sans eau, avec très peu de nourriture ... On n’avait encore jamais vu auparavant dans la bande de Gaza des personnes chercher leur nourriture dans les décharges. Les scènes filmées par les chaînes de télévision arabes sont terrifiantes : un trop grand nombre d’enfants auscultés auxquels les médecins ferment les yeux pour les envelopper en vitesse dans une couverture. Une centaine en 10 jours.

Des miliciens tués, on ne sait presque rien. Impossible de récupérer leurs corps. De sources médicales on sait que depuis l’invasion qui a commencé le samedi soir, 54 des 60 cadavres déposés dans les morgues sont des civils.

Dans le camp de réfugiés de Shati et dans l’est de Gaza, 27 innocents ont été tués dans l’effondrement de leur maison après que les bombes soit tombées dessus. Treize d’entre eux étaient membres d’une famille anéantie de Shati. Des infirmières, des petites filles qui jouaient dans la rue, des personnes âgées sont mortes. Qui que ce soit. L’aviation a lancé des tracts invitant les habitants de la capitale, en bordure de la bande et de la localité de Beit Lahia, d’évacuer leur maison et d’aller directement au c ?ur des villes.

Cette invasion est sans précédent dans la bande de Gaza. Et pourtant ses habitants, pour la plupart des réfugiés, ont vécu plusieurs boucheries. Quelques miliciens médiocrement armés font face à la super puissante machine de guerre israélienne et ont choisi de changer de tactique. Dans les dernières attaques, le Hamas et le Jihad islamique, qui ont lancé, hier, près de 40 roquettes sur Israël, ont opté pour partir à la recherche de l’envahisseur, près de la frontière et cela leur a coûté de nombreuses vies humaines. Maintenant, ils ont changé de tactique : la lutte urbaine de la guerre . « Nous vous attendons dans chaque rue et dans chaque maison avec le feu et le fer », clame Abou Obaida, porte-parole des Brigades Ezedín el Kassam .

Gaza était une prison à ciel ouvert avant l’invasion. Maintenant, elle est bombardée par la terre à l’Est, par la Méditerranée à l’ouest, et du ciel. À toutes les heures. Certains médias, disent qu’ils utilisent des bombes au phosphore, (permises dans certains cas), et des bombes à fragmentation.

L’histoire se répète. Et la brutalité de l’attaque commence à provoquer un malaise parmi les intellectuels et des analystes politiques israéliens. Le gouvernement d’Ehud Olmert, à leur avis, a dépassé les limites. Il fait dans la bande de Gaza ce qu’il a fait en Cisjordanie en 2002, en pleine vague d’attentats-suicide, pendant l’opération Bouclier défensif : détruire l’infrastructure civile palestinienne. Outre les ministères, qui ne sont pas les domaines du Hamas, l’école américaine a été bombardée, les centrales de téléphonie, les cliniques, les ambulances, ainsi que les ponts et les routes. Plus de 1000 bâtiments sont en ruines ou menacés de démolition. Le gouvernement d’Israël, nie cependant la catastrophe humanitaire.

Beaucoup pensent que cette guerre a des objectifs autres que ceux annoncés par le gouvernement israélien : la destruction de la puissance militaire du Hamas dans le sud pour que l’Etat sioniste ne subisse plus les lancements de roquettes. L’analyste Akiva Eldar a écrit hier : « La grande force a été envoyée à Gaza non seulement, ni même principalement, pour frapper l’infrastructure du Hamas. L’objectif principal dont le gouvernement a chargé l’armée est de démanteler l’infrastructure civile de la seule organisation qui défie l’autorité du président Mahmoud Abbas. »

Bien qu’une partie de cette infrastructure devrait être encore debout elle est considérée comme une cible légitime. Les destructions massives déjà causées ne sont pas suffisantes. Gaza se transforme en Somalie. Et personne ne semble faire assez d’efforts pour arrêter le carnage. « Le Hamas a reçu un coup très dur, mais nous avons encore à réaliser nos objectifs et l’opération continue », a déclaré le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak.

Le Hamas s’est montré, par l’intermédiaire de ses dirigeants à Damas, disposé à examiner les propositions de trêve. Il ne renoncera sûrement pas à ses exigences d’ouvrir tous les postes frontières pour mettre fin au blocus économique. Et cette fois, cela démontre que la campagne agressive peut adoucir le mouvement islamiste. Mais le cessez-le-feu n’est pas pour le moment à l’ordre du jour.

« Une guerre nécessaire contre le terrorisme ne se termine pas par un accord. Nous ne signons pas d’ accord avec des organisations terroristes, nous combattons le terrorisme », a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni. Elle a oublié qu’avec l’organisation du Hezbollah chiite libanais, (organisation considérée également comme terroriste) une trêve a été convenue en 2006 et on a négocié deux ans après l’échange de deux cadavres de soldats contre des corps de militants palestiniens et libanais et de « terroristes » vivants.

6 janvier 2009 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Charlotte


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