Au moins 43 Palestiniens ont été tués et plusieurs dizaines d’autres blessés dans le bombardement par l’aviation israélienne d’une école située à Jabaliya (nord de la bande de Gaza). Cet établissement dirigé par l’Unwra, l’agence des Nations unies chargée d’aider les réfugiés palestiniens, abritait les civils effrayés par les combats en cours dans la zone.

Nouvelle bavure : 43 morts. Tsahal veut obtenir des résultats rapidement.

Les témoignages provenant du camp de réfugiés sont horribles puisque l’école abritait surtout des femmes et des enfants. Pourquoi a-t-elle été visée ? Le porte-parole de Tsahal (l’armée de l’Etat hébreu) ne fournit aucune explication. Quant aux médias israéliens, ils affirment qu’aucun combattant du Hamas ne se trouvait dans le bâtiment. Ils présentent ce drame comme une « bavure » en expliquant qu’il s’agit peut-être d’un « nouveau Kfar Kana » (un village libanais bombardé « par erreur » au cours d’une opération israélienne contre le Hezbollah en 1995).

Cette tuerie illustre en tout cas la nouvelle stratégie israélienne consistant à durcir le ton et à ne plus prendre de gants dans l’espoir de réussir à briser le Hamas. Dans ce cadre, Tsahal multiplie aussi les incursions dans les zones urbaines habitées et dans les camps de réfugiés tels Deir el-Balah, Chaati, El Bourej et Jabaliya. Là, ses unités spéciales tentent également de capturer des cadres du Hamas et d’en « liquider » d’autres.

Des combats s’y déroulent quotidiennement rue par rue et maison par maison. A en croire les officiels israéliens, « plus de 135 terroristes auraient ainsi été capturés et une centaine tués ». Si l’information est impossible à vérifier, il est certain que les pertes civiles sont toujours importantes puisque ces attaques sont précédées par des bombardements aériens et par des « tapissages » d’artillerie. Mardi matin, dans le quartier de Zeitoun (Gaza-City), une famille de 12 personnes (dont sept enfants) a ainsi été ensevelie sous un immeuble soufflé par une bombe. Au même moment, à Khan Younès et à Gaza-City, au moins sept civils sont morts dans l’attaque de deux autres écoles dépendant de l’Unwra.

Raids terrestres nocturnes

Les raids aériens israéliens se déroulent à toute heure du jour et de la nuit alors que les attaques terrestres ont surtout lieu la nuit. Lorsqu’ils pénètrent dans un camp de réfugiés, les soldats sont précédés de bulldozers blindés chargés d’enfoncer les barrages érigés par les miliciens. Ils sont accompagnés de chars Merkava et par des hélicoptères.

Cité par plusieurs chroniqueurs militaires, un officier israélien de haut rang a reconnu que les miliciens du Hamas se battent pied à pied et que ses hommes affrontent quotidiennement des kamikazes désireux de se faire exploser dans leurs rangs. « Ils ont tout piégé, a-t-il déclaré. Ils sortent de tunnels creusés pour relier un bloc de maisons à un autre. »

Eviter le fiasco du Liban

Ces précisions associées à la bavure de Jabaliya risquent d’influer sur l’opinion israélienne, donc sur le cours de la guerre. « La tuerie va accentuer les pressions internationales pour exiger un cessez-le-feu et l’état-major de Tsahal en est conscient  », explique le commentateur Allon Ben David. « Sachant que le temps de l’opération "Plomb durci" lui est désormais compté, il va sans doute accentuer le mouvement, multiplier les raids et les opérations "coup de poing" . Il faut qu’il obtienne des résultats rapidement s’il ne veut pas que cette guerre se termine avec le même résultat que celle du Liban il y a deux ans ».

7 janvier 2009 - Le Temps