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Sarkozy a fait le mauvais choix

mercredi 7 janvier 2009 - 05h:41

Abdel Bari Atouan
Al-Quds Al-Arabi

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En réservant au Hamas ses critiques les plus acerbes, le président français, qui a entrepris une tournée au Moyen-Orient, a fortement irrité les milieux nationalistes arabes. Comme en témoigne cet article d’Al-Quds Al-Arabi.

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Sarkozy, petit télégraphiste de Washington et Tel Aviv, fait en même temps son show médiatique...

Le président français Nicolas Sarkozy a déçu les espoirs de centaines de milliers d’Arabes et de musulmans, le 5 janvier, quand il a révélé sa partialité et son soutien total au massacre israélien en cours à Gaza. Il a confirmé la déchéance morale de l’Occident démocratique et civilisé quand il a blanchi le bourreau et blâmé la victime.

Il est consternant que le pays des libertés et des valeurs de justice et de défense des faibles soit tombé si bas, alors qu’on voit sur les écrans du monde entier les images de dizaines d’enfants déchiquetés par les missiles israéliens.

Sarkozy n’est pas venu dans la région pour chercher un cessez-le-feu. Il est venu pour offrir à Israël une couverture européenne et pour permettre de poursuivre l’holocauste d’une population isolée, assiégée et affamée. Chaque jour, les éléments de la conspiration apparaissent un peu plus clairement.

Après le silence occidental et le blocage de toute résolution condamnant Israël par les Etats-Unis et les membres permanents européens du Conseil de sécurité, voici le président français qui s’exprime à Ramallah, le siège de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, pour déclarer que "le Hamas porte une grande responsabilité dans les souffrances des Palestiniens à Gaza". Voilà l’hypocrisie de l’Occident, qui a conduit le monde dans la situation dramatique dans lequel il se trouve, pris entre la montée de la violence et du terrorisme d’une part, l’effondrement économique de l’autre.

Il est évident que le gouvernement français soutient ce massacre. Depuis la visite surprise de la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni, le 1er janvier à Paris, la position officielle de la France ne consiste plus à chercher un cessez-le-feu mais à avaliser la poursuite des opérations israéliennes.

Le véritable objectif n’est pas de faire cesser les tirs de roquettes, mais de produire un changement de régime, c’est-à-dire de faire tomber le Hamas et de remettre Gaza sous la tutelle de l’Autorité de Mahmoud Abbas. Israël suit l’exemple de son maître américain.

George Bush a réussi des changements de régime en Irak et en Afghanistan. Pourquoi donc Israël se priverait-il d’essayer d’en faire autant avec le gouvernement de Gaza, même s’il a été librement élu ? Tel-Aviv prend prétexte des tirs de roquettes, à défaut de fosses communes, de liens avec Al-Qaida ou d’implication dans les attentats du 11 septembre 2001 que la CIA avait inventés à propos de l’Irak.

Les Israéliens ont eu recours au siège pour affamer les Gazaouis, les mettre à genoux et les pousser à se dresser contre le gouvernement du Hamas. Cela n’ayant pas eu les effets escomptés, ils ont lancé des raids aériens. Cela n’ayant toujours pas suffi à briser la Résistance, ils ont entrepris une opération terrestre.

Or, comme les Américains en Irak et en Afghanistan, les Israéliens vont s’embourber à Gaza, après avoir fait des milliers de morts. Israël est toujours sorti affaibli de ses dernières guerres.

Il en sera de même à Gaza, qui est pourtant le maillon le plus faible de l’"axe du mal". Mahmoud Abbas a confirmé, le 5 janvier, qu’il ne reviendrait pas à Gaza sur des chars américains. Cela ferait de son gouvernement une sorte de régime de Vichy, ce régime de collaboration installé en France par les nazis. Pourtant, il se pourrait bien que Sarkozy tente de promouvoir une telle idée.

6 janvier 2009 - Courrier international


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