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384 morts, bilan provisoire au quatrième jour du massacre : Ghaza résiste, Moubarak fait diversion

mercredi 31 décembre 2008 - 09h:19

M. Saâdoune

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Alors que les Occidentaux continuent de développer un discours justifiant les massacres israéliens, les officiels arabes, décidément lamentables, ne parviennent toujours pas à trouver un « minimum de foi » pour agir contre le carnage des Palestiniens.

384 morts depuis le déclenchement, samedi, de l’agression aérienne massive contre la population de Ghaza. Le chiffre est provisoire car parmi les 1.700 blessés on enregistre des dizaines de cas graves ou désespérés.

L’Organisation mondiale de la santé qui a demandé un arrêt immédiat des hostilités s’inquiète de l’incapacité des hôpitaux palestiniens - qui manquent des médicaments essentiels - à prendre en charge les centaines de blessés notamment des femmes, des enfants et des personnes âgées. L’aviation israélienne a poursuivi hier ses raids faisant de nombreux morts parmi les civils. Les attaques ont ciblé aussi bien des bâtiments officiels que des habitations civiles. Les résistants palestiniens ont continué à défier la machine de guerre israélienne en tirant des roquettes sur des objectifs israéliens qui ont atteint pour la première fois des zones proches de Bir Sheba.

Dans le monde arabe et ailleurs, l’indignation est à son comble devant ce carnage autorisé par les soi-disant Etats civilisés. Les responsables de l’Etat sioniste parlent de la poursuite des opérations pendant de « longues semaines » et ont massé des blindés le long de la frontière avec Ghaza. En début de soirée, l’AFP rapportait que les dirigeants israéliens allaient examiner une proposition française en vue d’un cessez-le-feu de 48 heures. Le Hamas, par le biais de son porte-parole, Faouzi Barnhoum, a appelé les Palestiniens à répliquer par « tous les moyens disponibles », y compris par des « opérations de martyrs ».

Les officiels arabes incapables du « minimum de la foi »

Alors que les Occidentaux continuent de développer un discours justifiant les massacres israéliens, les officiels arabes, décidément lamentables, ne parviennent toujours pas à trouver un « minimum de foi » pour agir contre le carnage des Palestiniens. La Ligue arabe est totalement paralysée. Le président égyptien Hosni Moubarak, lui, a parlé hier et il a été l’expression caricaturale de l’état arabe officiel. Faisant montre d’un souci très déplacé et peu crédible de l’unité palestinienne à un moment où les habitants de Ghaza se font massacrer, le chef de l’Etat égyptien a rejeté la réouverture permanente du terminal de Rafah en l’absence de l’Autorité palestinienne et d’observateurs de l’Union européenne. « Nous, en Egypte, n’allons pas contribuer à la consécration de la division (entre l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas et le Hamas) en ouvrant le terminal de Rafah en l’absence de l’Autorité palestinienne et des observateurs de l’Union européenne, et en contravention avec l’accord de 2005 », a-t-il déclaré.

Il faut pourtant rappeler que l’Union européenne n’a pas été « renvoyée » par le Hamas. Elle n’a pas supporté les résultats des urnes qui ont démocratiquement donné la majorité au Hamas et a participé à l’embargo destiné à punir les Palestiniens pour leur « mauvais choix ». Quant à l’Autorité palestinienne - donc le Fatah -, son refus du résultat des urnes et son entêtement à « négocier » du vent font qu’elle n’incarne plus l’unité palestinienne. Cela est archiconnu.

Régimes tenus en laisse par Washington

Le discours de Moubarak est surtout l’expression accomplie de la situation d’un pouvoir égyptien tenu en laisse par les Américains et ne disposant d’aucune marge sur le dossier palestinien. L’opinion égyptienne, très sensible à ce qui se passe à Ghaza, n’est pas dupe des accusations lancées aux « autres », à commencer par le Hamas qui serait coupable de ne pas avoir reconduit la trêve. Hosni Moubarak et les dirigeants arabes « modérés » ont un problème : leurs opinions savent que la guerre contre Ghaza a connu une escalade depuis samedi, mais qu’elle a commencé depuis des mois par le blocus qui lui était imposé avec la complicité passive des voisins.

Le pseudo-souci de l’unité de Ghaza et de la Cisjordanie - réduite à un morceau de gruyère par l’extension des colonies de peuplement - ne masque pas que les responsables arabes « modérés » sont partie prenante d’une démarche destinée à briser la résistance palestinienne. Mettre à l’index l’Iran, la Syrie et le Hezbollah et donner la priorité à contrer une problématique « menace perse » n’y change rien. L’ouverture du passage de Rafah ne met pas en cause l’unité des Palestiniens. Les dirigeants politiques sont divisés sur des questions fondamentales et le pouvoir égyptien, aliéné aux Américains, est partie prenante de ces divergences. Il n’est pas un médiateur entre les factions palestiniennes, il joue pratiquement au parrain de Mahmoud Abbas.

« Petitesses »

La question de l’ouverture du passage de Rafah n’est pas une question politicienne mais quelque chose de vital pour la population palestinienne. Mais il est clair que les objectifs politiques des raids aériens actuels et du siège de Ghaza sont fondés sur un ciblage direct de la population civile afin de la pousser à se retourner contre la résistance. Ouvrir Rafah en permanence nuirait à cet objectif et ne manquerait pas de susciter des remontrances d’Israël et des Etats-Unis.

Ceux-ci comptent beaucoup plus que les Egyptiens qui, dans leur écrasante majorité, sont pour l’ouverture de la frontière. « Nous disons haut et fort que l’Egypte restera au-dessus des petitesses et ne permettra à personne d’étendre son influence sur son compte », a affirmé Hosni Moubarak. L’histoire retiendra pourtant que son régime et ceux des Arabes « modérés » - quelle plaisanterie ce qualificatif des agences occidentales - auront, par leur passivité, laissé se commettre un carnage dont le but est de briser la volonté des Palestiniens de rétablir leurs droits nationaux.


Du même auteur :

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31 décembre 2008 - Le Quotidien d’Oran - Evènement


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