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Iraq : Un blocage qui inquiète

jeudi 25 décembre 2008 - 21h:04

Abir Taleb - Al-Ahram/hebdo

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Iraq. Une crise parlementaire a retardé lundi le vote d’une résolution mandatant le gouvernement pour signer des accords permettant aux troupes étrangères non américaines de rester après l’expiration du mandat de l’Onu le 31 décembre.

Il ne reste plus que quelques jours avant que ne prenne fin le mandat de la Force multinationale (FMN) sous commandement américain en Iraq. Le Conseil de sécurité de l’Onu a en effet entériné lundi, dans sa résolution 1859, la fin au 31 décembre du mandat de la FMN, à la demande du gouvernement iraqien. La résolution, adoptée à l’unanimité des quinze membres du Conseil de sécurité, s’accompagne en annexe d’une lettre du premier ministre iraqien, Nouri Al-Maliki, dans laquelle celui-ci rappelle que la dernière prorogation du mandat de la FMN, effectuée pour un an en décembre 2007, avait été requise par Bagdad « pour la dernière fois ».

Washington et Bagdad ont déjà signé officiellement en novembre dernier un accord bilatéral, qui fixe le cadre du retrait total des 146 000 soldats américains d’Iraq d’ici à la fin 2011. Cet accord mettra donc fin à 8 ans de présence militaire américaine en Iraq, les Américains constituant 95 % de la FMN. Selon ce pacte, les unités de combat de l’armée américaine devront avoir quitté les villes, villages et localités d’ici au 30 juin 2009.

Cependant, au moment où le Conseil de sécurité votait à l’unanimité la résolution 1859, le Parlement iraqien a été incapable de discuter de l’avenir de la présence en Iraq après le 31 décembre 2008 des troupes étrangères non américaines, en raison d’une crise parlementaire sans précédent. Des désaccords ont entraîné le report du vote d’un texte permettant aux soldats britanniques et australiens, de 3 autres pays, ainsi qu’au contingent de l’Otan, de rester en Iraq après l’expiration du mandat de l’Onu, un vote initialement prévu lundi.

En effet, le président du Parlement, Mahmoud Al-Machhadani, a suspendu la séance jusqu’au 7 janvier 2009 après que des députés lui eurent demandé de quitter son poste. Une autre séance devait donc se tenir mardi, non pas sur la présence des forces étrangères, mais sur la question du sort du président du Parlement. Selon Jamal Al-Boutikh, chef du groupe parlementaire de la Liste nationale iraqienne (liste laïque), « la crise est à son summum car la majorité des députés iraqiens veulent le limogeage de Machhadani qui les avait offensés la semaine dernière ». Le Parlement est ainsi davantage préoccupé par le sort de son président que par la présence des troupes étrangères, une affaire reléguée au deuxième plan. Lundi, les députés ont ainsi discuté de la pétition anti-Machhadani présentée par 54 signataires appartenant aux deux principaux groupes parlementaires : les chiites de l’Alliance unifiée iraqienne (AUI, 85 sièges) et l’Alliance Kurde (AK, 53 sièges) ainsi que des députés indépendants. « Les députés ne parlent que de cette affaire et ont totalement oublié l’histoire des forces étrangères », a affirmé un fonctionnaire du Parlement qui se trouve dans la salle.

Or, sans le vote d’une résolution mandatant le gouvernement pour signer des accords permettant aux soldats de la Coalition - exception faite des troupes américaines - de rester en Iraq, leur présence est illégale après le 31 décembre, notamment après le vote du Conseil de sécurité. Une véritable course contre la montre est donc lancée puisque le Parlement iraqien aurait dû se réunir pour la dernière fois ce lundi et ne tenir une nouvelle séance que le 30 décembre. Le texte en suspens doit permettre à Londres de maintenir ses effectifs en Iraq jusqu’à la fin juillet 2009, et couvrir le statut des forces australiennes, estoniennes, roumaines et salvadoriennes, ainsi que celles sous mandat de l’Otan.

Samedi, les députés avaient rejeté un projet de loi prolongeant la présence dans le pays de ces contingents étrangers. Ils estimaient que cette décision relevait non de l’Assemblée législative, mais du gouvernement de Bagdad appelé à conclure des traités ou des accords avec les pays concernés, comme cela a été le cas avec les Etats-Unis en novembre dernier. Les députés n’ont pas paru de s’opposer aux termes du calendrier présenté dans le projet de loi, mais plutôt à la forme de l’accord de retrait. Ils disent rechercher un accord similaire au pacte bilatéral de sécurité conclu entre l’Iraq et les Etats-Unis.

Avant la réunion du Parlement qui a tourné au vinaigre, le premier ministre britannique, Gordon Brown, avait déclaré que son pays commencerait à retirer ses troupes d’Iraq au plus tard le 31 mai 2009, confirmant ainsi les propos tenus mercredi dernier en Iraq, à l’occasion de sa quatrième visite dans ce pays en tant que chef du gouvernement, une visite qui l’a conduit à Bagdad et à Bassorah, ville du Sud où sont déployés les 4 000 derniers soldats britanniques.

Chaos au Parlement

Mais le sort des forces étrangères reste imprécis vu la crise interne. Un véritable chaos a régné lundi au Parlement. Ce chaos fait suite à une première crise, qui a eu lieu le 17 décembre, lorsque M. Machhadani, excédé par la tournure des discussions au Parlement, s’était levé et avait annoncé sa démission en déclarant que les députés qui voteraient contre étaient « des chiens, des fils de chiens ». Il s’était ensuite rétracté et avait présenté samedi ses excuses mais une majorité de députés ne les avait pas acceptées. Deux heures de discussions houleuses, au cours desquelles M. Machhadani a lancé à un député kurde « Tu ne décideras pas de mon avenir, rentre au Kurdistan » et a accusé un autre parlementaire d’être un « agent d’Israël », ont témoigné de l’ampleur des différends inter-iraqiens.

Des différends politiques, confessionnels et ethniques qui laissent nombre d’Iraqiens perplexes sur leur avenir, ne sachant s’il vaut mieux renvoyer chez elles les troupes étrangères, dont la présence est considérée comme une atteinte à la souveraineté nationale, ou si leur départ plongerait le pays dans un chaos plus général, et surtout dont les conséquences risquent d’être bien plus graves.

Du même auteur :

- Escalade dangereuse
- Course contre la montre
- Livni au premier rang
- Syrie-Israël : La nouvelle voie
- Iraq : Jeux d’influence

Al-Ahram/hebdo- Semaine du 24 au 30 décembre 2008, numéro 746 (Monde arabe)


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