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Le Hamas dit non à une autre trêve

mercredi 17 décembre 2008 - 09h:56

Rania Adel - Al-Ahram/hebdo

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Khaled Méchaal, le chef du Hamas, a annoncé à Damas qu’il ne reconduirait pas la trêve de six mois conclue le 19 juin avec Israël dans la bande de Gaza, mais d’autres responsables du mouvement islamiste ont été moins catégoriques.

Même si la trêve entre l’Etat hébreu et le mouvement islamiste qui contrôle Gaza depuis un an et demi a été maintes fois ébranlée par des accrochages à la frontière et des raids de Tsahal dans la petite bande côtière, théoriquement elle devrait prendre fin vendredi prochain. Et la réponse à qui se posait des interrogations sur sa reconduction est venue assez tôt et d’une façon tranchante. Dimanche, le chef en exil du Hamas Khaled Méchaal a affirmé qu’elle ne serait « pas renouvelée » le 19 décembre. Et pour cause : la poursuite du blocus de la bande de Gaza, territoire contrôlé par le mouvement islamiste palestinien. Un refus qui a donc sa raison d’être.

« La trêve était limitée à six mois et s’achève le 19 décembre. Sachant que l’ennemi ne respecte pas ses engagements et que le siège est toujours en place contre notre peuple, pour le Hamas, et je pense que pour la majorité des forces, la trêve prend fin après le 19 décembre et ne sera pas renouvelée », a affirmé M. Méchaal à Damas lors d’un entretien avec la télévision satellitaire Al-Quds du Hamas.

Il a toutefois ajouté que les discussions au sein du mouvement et avec les autres groupes palestiniens se poursuivaient et qu’une réponse officielle serait donnée à Israël « dans les prochains jours ». Une réponse qui sera certes à la négative.

Le chef du bureau politique du Hamas a par ailleurs mis en garde Israël contre le déclenchement d’une opération dans la bande de Gaza en cas de non renouvellement de la trêve, mise à mal par un récent regain de violence.

« Les menaces israéliennes ne sont pas nouvelles » mais « le prix de toute incursion sera très élevé », a-t-il menacé, prenant exemple d’une opération menée en avril et lors de laquelle trois soldats israéliens avaient été tués dans une embuscade de combattants palestiniens, dans l’est de la ville de Gaza.

Toujours à Damas, un responsable du bureau de presse du Hamas, Oussama Abou-Khaled, a déclaré à l’AFP que « la trêve ne sera probablement pas renouvelée alors que l’agression israélienne se poursuit contre la Cisjordanie et Gaza et que le blocus sur Gaza est maintenu ».

« Le Hamas et les autres organisations ne reconduiront la trêve que si elle est dans l’intérêt du peuple palestinien. Le non respect de la trêve par Israël et la fermeture des points de passage à Gaza jetteront de l’ombre sur la reconduction de la trêve », a-t-il ajouté. Israël a fermé hermétiquement les points de passage par où sont acheminés nourriture et produits de première nécessité dans la bande de Gaza, où vivent 1,5 million de Palestiniens dans des conditions misérables.

L’Etat hébreu n’a jamais caché son intention de maintenir l’embargo sur la bande de Gaza, au moins jusqu’à pouvoir déloger à terme le Hamas du pouvoir à Gaza.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser Gaza sous le contrôle du Hamas », a déclaré la chef du parti Kadima (centre-droit), en course pour le poste de premier ministre lors des législatives du 10 février.

Un renouvellement sans « aucun sens »

Certes, la vision du Hamas est la même que ce soit à Damas ou à Gaza, où le mouvement islamiste organisait un grand rassemblement pour célébrer l’anniversaire de sa fondation. Le Premier ministre du gouvernement Hamas, Ismaïl Haniyeh, a accusé Israël de violer la trêve, sans toutefois indiquer ouvertement si son mouvement allait la reconduire ou non.

« Après les (six) mois de trêve, les factions ont tenu plusieurs réunions à Gaza et à l’étranger pour évaluer la situation et son respect par Israël. L’évaluation a été négative », s’est-il borné à déclarer devant plusieurs dizaines de milliers de partisans réunis sur une grande place de Gaza, couverte de drapeaux verts du mouvement islamiste.

« L’ennemi ne cesse ses agressions, poursuit son siège, laisse fermés les points de passage (de la bande de Gaza), et n’étend pas la trêve à la Cisjordanie », a-t-il indiqué.

Si Israël « a l’intention de mener une nouvelle agression, nous lui disons : Nous nous défendrons, nous défendrons notre terre et nos droits », a-t-il ajouté.

En organisant un rassemblement de masse, le Hamas entendait montrer son assise populaire dans la bande de Gaza, face à Israël mais aussi au parti rival Fatah, dirigé par le président palestinien, Mahmoud Abbass.

Malgré le blocus israélien contre la bande de Gaza, « l’argent et les armes (fournis) aux séditieux (le Fatah, ndlr) pour mener un coup d’Etat contre le Hamas », le mouvement « est plus fort et restera plus fort car il tire sa force de Dieu », a martelé Ismaïl Haniyeh.

Le mouvement a été créé le 14 décembre 1987 après le début de la première Intifada par un groupe de militants se réclamant des Frères musulmans, dont le cheikh Ahmad Yassine. Plus tôt, un porte-parole du mouvement avait indiqué que renouveler un cessez-le-feu, qui a constamment été violé n’avait « aucun sens ». Avec cette position hamasie qui paraît justifiée, les luttes entre le Hamas et le Fatah qui n’en finissent pas, l’approche de la fin du mandat du président palestinien avec tout ce qu’elle suscite de polémique et les élections israéliennes prévues en février, il est sûr qu’il faut attendre longtemps avant de voir une décrispation de la situation dans les territoires occupés.

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 17 au 23 décembre 2008, numéro 645 (Evènement)


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