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Haniya : « Pas de cessez-le-feu sans levée du blocus ! »

mardi 16 décembre 2008 - 07h:37

Khalid Amayreh

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« Vous avez l’argent, nous avons la volonté ; vous avez la puissance des armes, nous avons la puissance de la foi ; vous avez l’Amérique, nous avons Dieu. »

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14 décembre 2008 -Rassemblement monstre du Hamas à Gaza - Photo : AP/Hatem Moussa

Dans son discours triomphant et marquant le 21e anniversaire du mouvement Hamas, Ismaïl Haniya, le premier ministre du gouvernement palestinien de Gaza, a déclaré que le mouvement islamique et d’autres groupes de la résistance palestinienne ne prolongeraient pas la trêve déjà fragile en vigueur avec Israël sans que l’armée israélienne d’occupation n’ait levé son blocus sur la bande de Gaza et n’ait laissé aux Gazans une libre circulation à l’intérieur et à l’extérieur du territoire côtier.

La trêve vieille de six mois, ou « le calme, » doit expirer ce vendredi, accompagnée des craintes que la violence et un carnage à plus grande échelle n’éclatent en l’absence d’un nouvel accord ou d’un arrangement quelconque pour renouveler le cessez-le-feu.

Haniya a rappelé que le seul mois dernier, l’armée israélienne d’occupation avait assassiné plus de 20 Palestiniens tout en ayant renforcé le blocus de la bande de Gaza.

S’exprimant devant près de 250 000 partisans du Hamas portant les drapeaux islamiques de couleur verte, Haniya a salué l’énorme foule : « Vous êtes la réponse à ceux qui ont cherché à faire taire le Hamas. »

« Après tout ce qu’ils vous ont fait, le blocus sinistre, le siège diabolique, les complots criminels, l’intimidation et les sales guerres, en étant si nombreux ici vous dites à nos amis comme à nos ennemis que le Hamas est toujours aussi puissant et encore plus fort que jamais auparavant, » a dit Haniya, citant ensuite des versets coraniques.

Le premier ministre palestinien élu a ajouté que tous les centres de décision dans la région et à l’extérieur observaient le rassemblement à Gaza pour savoir si le peuple était toujours attaché au Hamas ou s’il l’abandonnait, et si les politiques d’intimidation et de coercition avaient un impact sur la popularité du mouvement islamique.

« Vous êtes la réponse à ceux qui nous assiègent. Vous êtes la réponse à ceux qui conspirent contre le peuple de Palestine. Notre exemple est le messager de Dieu, nous n’avons aucun autre exemple, » a dit Haniya, faisant référence à la persécution subie par le prophète Muhammed et la communauté musulmane dans ses débuts de la part des idolâtres de Quraish dans la Mecque des toutes premières années de l’Islam.

Haniya a expliqué que le Hamas n’était pas un « phénomène passager » mais une constante aussi profondément enracinée et établie que le sont les montagnes de Palestine. Il a ajouté que le Hamas, les forces de la résistance et l’esprit de résistance étaient à présent plus forts qu’auparavant grâce au courage, à l’obstination et au défit opposés à la sale guerre lancée contre la cause palestinienne par Israël, l’Occident et leurs marionnettes régionales.

Haniya s’est adressé au président américain sortant, George Bush, disant que Bush était sur le point de chuter, mais que le Hamas, lui, ne tombera jamais.

« Le Hamas a réaffirmé la cause palestinienne après des années de négociations futiles et absurdes. »

Haniya a dénoncé les dirigeants de l’autorité palestinienne (AP) basée à Ramallah, expliquant qu’ils devraient comprendre que les « étreintes, les embrassades et les réunions festives avec le régime sioniste ne libéreraient pas Jérusalem ni n’imposeraient les droits légitimes du peuple de Palestine. »

Haniya a insisté sur le fait que le mandat présidentiel de Mahmoud Abbas expirera le 9 janvier 2009.

Il s’est moqué de la récente élection d’Abbas par une structure de l’OLP [Organisation de Libération de la Palestine] comme « président de la Palestine, » disant ironiquement ne pas savoir « qu’il y avait un état ayant besoin d’un président. »

Selon Haniya, le Hamas representait « un miracle politique ».

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Ismaïl Haniya, premier ministre palestinien (gouvernement élu de Gaza)

« Nous avons été soumis à une immense injustice venant de toutes les directions. Ils ont assassiné nos chefs, répandu le sang de nos martyrs dans les rues de Gaza et de Cisjordanie, puis ils ont affamé notre peuple et voulu nous étrangler, nous décapiter... et en Cisjordanie ils ont traqué nos partisans... mais ils n’ont pas vaincu le Hamas. »

Haniya a dénoncé le siège de Gaza, le décrivant comme un siège appliquée contre une idée.

Il a également remercié « tous les hommes et femmes libres dans le monde » qui ont montré leur solidarité avec les habitants de Gaza dans leur épreuve.

S’adressant à Israël et aux autres ennemis du peuple palestinien, Haniya a encore dit :

« Vous avez l’argent, nous avons la volonté ; vous avez la puissance des armes, nous avons la puissance de la foi ; vous avez l’Amérique, nous avons Dieu. »

Haniya a fustigé la collusion répressive entre l’autorité palestinienne et Israël.

« N’avez-vous pas entendu [le général américain Keith] Dayton disant que les forces palestiniennes n’ont pas été formées pour combattre Israël mais pour combattre d’autres Palestiniens ? »

« Nous l’avons bien vu sur le terrain dans Hébron récemment quand les hordes de colons juifs ont incendié des maisons, profané des mosquées et attaqué des Palestiniens innocents tandis que les forces de sécurité de l’autorité de Ramallah observaient passivement les choses. »

Haniya également vertement critiqué Tzipi Livni, la ministre israélienne des affaires étrangères et chef du parti Kadima, pour avoir suggéré que les 1,5 million de Palestiniens qui sont citoyens israéliens devraient être expulsés vers un état palestinien à un certain moment dans l’avenir.

« Je dis à Livni : Ils ne viendront pas à nous, c’est nous qui irons à eux. »

Selon Haniya, il y a une conspiration contre le droit au retour pour les millions de réfugiés palestiniens chassés de leurs maisons au moment où Israël a été créé il y a de cela soixante ans.

« Je dis non à la réimplantation des réfugiés, non à une patrie alternative, oui au rapatriement des réfugiés, de tous les réfugiés, dans leurs maisons et leurs villages d’origine. »

Haniya s’est aussi moqué du « processus de paix sponsorisé par les Américains, » disant : « Il n’y a là aucun véritable processus de paix, il n’y a qu’une comédie, une parodie, une absurdité, un grand mensonge. »

Le premier ministre palestinien a réclamé « un véritable dialogue national, sérieux et sincère basé sur la résistance et l’immuabilité de notre cause, et non pas sur des négociations futiles et des conférences de paix stériles. »

Haniya a également critiqué ceux qui prétendent que le Hamas obéissait au doigt et à l’oeil de certains pays tels que l’Iran et la Syrie.

« Je vous met au défi, libèrez tous les prisonniers politiques aujourd’hui, et vous nous trouverez au Caire demain. » L’Egypte devait accueillir les entretiens de réconciliation entre le Fatah et le Hamas. Ces entretiens ont été suspendus après que le Hamas ait refusé d’y participer en raison d’une campagne massive d’arrestations de ses partisans et sympathisants en Cisjordanie par les agences de sécurité de l’AP.

Haniya a renouvelé l’engagement du Hamas à l’égard de l’accord négocié sous l’égide de l’Arabie Saoudite à la Mecque en 2007 aussi bien qu’à l’égard du document national de réconciliation formulé à l’origine par les dirigeants des prisonniers politiques palestiniens dans les prisons israéliennes, disant que toutes les questions controversées devraient être résolues en une seule fois.

Il a cependant ajouté que le Hamas n’irait pas au Caire tant que ses militants et sympathisants seraient arrêtés, traqués et pris pour cible par le gouvernement de Ramallah soutenu par les Etats-Unis.

« Nous n’irons pas au Caire tandis que des épées seront pointées contre nos gorges, » a dit Haniya qui a également exigé que la position de l’Egypte soit à distance égale du Fatah et du Hamas et pas d’un côté contre l’autre.

En conclusion, Haniya a décrit avec amertume le rôle joué par le régime égyptien qui perpétue le blocus de Gaza, disant qu’il était inacceptable que l’Egypte permette que cette situation inhumaine perdure dans Gaza.

Les observateurs en Palestine occupée sont d’avis que le massif rassemblement de dimanche à Gaza a été une preuve manifeste que le Hamas était toujours très populaire et que les récentes enquêtes d’opinion montrant un déclin significatif de la popularité du mouvement manquaient en grande partie de précision.

Du même auteur :

- La torture dans les prisons de l’autorité palestinienne - 12 décembre 2008
- Menteurs ! - 12 novembre 2008
- L’autorité palestinienne au doigt et à l’oeil d’Israël - 2 novembre 2008
- Le Fatah dans la tourmente - 30 octobre 2008
- Pogrom à la mode d’Acre - 19 octobre 2008
- Permis de tuer - 14 octobre 2008

14 décembre 2008 - Diffusé par l’auteur - [Traduction : Info-Palestine.net]


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