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« Nous mourons à petits feux »

mardi 9 décembre 2008 - 07h:40

Sameh A. Habeeb - Live from Palestine

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L’UNRWA étant maintenant dans l’incapacité de distribuer l’aide alimentaire à ses centaines de milliers de bénéficiaires, la question n’est plus de savoir s’il y aura une famine, mais plutôt quand...

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Rafah : frontière fermée avec l’Egypte.

Israël a encore renforcé son blocus sur Gaza, où certains secteurs ont été complètement plongés dans l’obscurité depuis que le manque de fuel a arrêté l’unique centrale électrique de Gaza il y a de cela 25 jours.

Les coupures électriques affectent toutes les activités qui dépendent de cette énergie car les autres sources d’électricité venant d’Israël et d’Egypte ne peuvent pas répondre aux besoins de la totalité de la bande de Gaza.

L’accès à l’eau potable et pour l’irrigation est affecté, aussi bien que le traitement des eaux sales, ce qui risque de propager des maladies. Déjà, le résultat est que des millions de litres d’eaux usées polluent tous les jours la mer Méditerranée.

Israël refuse également la nourriture à 1,5 million de Palestiniens dans la bande de Gaza. Selon le Comité Populaire Contre le Siège, les produits alimentaires de base dont le lait, la farine, l’huile de cuisine, la viande, le riz et les légumineuses ne sont pas disponibles en quantités suffisantes. Quelques chiffres indiquent que seulement 15% des besoins en nourriture de Gaza entrent par les frontières sous contrôle israélien.

Les Palestiniens à Gaza se voient refuser le droit à un traitement médical. Les médicaments de base ont disparu du territoire, dont ceux pour le traitement du diabète, des maladies de coeur, de l’asthme et d’autres maladies chroniques.

Il y a également des pénuries de médicaments pour traiter les cancers, les affections hépatiques rénales et d’autres maladies pouvant être mortelles. Les approvisionnements en stérilisants et désinfectants aussi bien que d’autres produits nécessaires à un traitement sûr des patients sont à court d’approvisionnement.

Les machines dont le fonctionnement signifie la vie ou la mort pour des patients de Gaza se détériorent parce qu’Israël n’autorise pas le transfert de pièces de maintenance. Les médecins ont même des difficultés à diagnostiquer les maladies parce que les coupures électriques ont endommagé les équipements de radiographie dans les hôpitaux de Gaza.

La population de Gaza dépend en grande partie de l’aide humanitaire car Israël lui a refusé le droit de travailler depuis que le bouclage a été imposé sur le territoire il y a des années. Mais à présent même l’aide humanitaire est en grande partie bloquée, et Israël a sévèrement limité l’aide fournie par l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine. L’UNRWA étant maintenant dans l’incapacité de distribuer l’aide alimentaire à ses centaines de milliers de bénéficiaires — la majorité des habitants de Gaza sont les descendants des réfugiés qui étaient il y a 60 ans les véritables propriétaires des maisons et propriétés dans ce qui est maintenant Israël — la question n’est plus de savoir s’il y aura une famine, mais plutôt quand...

Israël s’est assuré que ce n’est pas seulement la population humaine de Gaza qui sera affamée, mais aussi bien les animaux. Depuis quatre semaines Israël n’a pas permis l’importation de fourrage alors que l’agriculture de Gaza en exige 150 tonnes par jour. Le secteur agricole de Gaza, souffrant déjà du fait qu’Israël empêche l’exportation de ses productions agricoles depuis une année et demie, est sévèrement touché par le manque de vaccins pour les animaux d’élevage, de graines, d’insecticides et d’engrais.

Gaza est devenu un lieu où toute vie normale est impossible. « Je suis nourri comme un animal en cage, » a dit Khalil Barakat, un réfugié entre deux âges et sans emploi, du camp de réfugiés de la plage. « A Gaza nous sommes en cage comme des animaux . Si j’avais une chance d’émigrer pour vivre dans la paix les années qui me restent, alors je le ferais. »

J’ai demandé à une vieille amie, une jeune mère qui se nomme Um Muhammad Abu Ouf, comment sa famille a été touchée par le siège. Alors que l’obscurité descendait sur la rue Omar al-Muktar dans la ville de Gaza, elle a répondu, « le siège est devenue un cauchemar quotidien, jour et nuit. L’électricité est coupée et cela effraye mon petit enfant âgé de 11 mois. Cela rend les conditions de vie peu sûres pour lui. J’essaye aussi de trouver pour lui de la nourriture enrichie. Je suis allée dans beaucoup de magasins et d’échoppes mais en vain. Je ne peux trouver ni produits alimentaires complémentaires ni approvisionnements pour mon fils car il y a une pénurie de beaucoup de produits de base nécessaires aux enfants en bas âge, comme le lait, les couches-culottes et ainsi de suite. »

En attendant, Nahed Deeb, qui craint que la famine ne s’approche, ressent une semblable frustration : « Nous mourons lentement et personne ne réagit. J’ai perdu mon travail il y a huit ans et je dépends de l’aide qui est de plus irrégulière. Cela s’applique aux centaines de milliers de personnes dans des conditions similaires. Et les pauvres personnes comme moi n’obtiennent plus aucune sorte d’appui. »

Il est peu probable que les habitants de Gaza aient un répit face à la punition collective que représente le siège israélien : le ministère israélien de la défense a récemment annoncé que les frontières de Gaza demeureraient fermées jusqu’à nouvel ordre.

Cette semaine les forces israéliennes d’occupation ont empêché un bateau libyen chargé de trois mille tonnes de produits alimentaires d’atteindre les rives de Gaza, sous le prétexte que le bateau pouvait transporter des armes.

Un bateau qatari est programmé pour naviguer depuis Chypre jusqu’à Gaza afin de tenter de fournir une aide humanitaire au territoire assiégé, et des bateaux de Turquie, du Koweit, du Yémen et de Jordanien vont également tenter de briser le siège ; des responsables de la communauté palestinienne en Israël se sont engagés à faire de même ce week-end.

Si le siège a pour objectif de faire pression sur les Palestiniens de Gaza pour qu’ils abandonnent leurs droits, Israël ne rencontrera que de la résistance, comme l’a affirmé un habitant du nom de Muhammad : « Nous avons été patients durant 60 années. Nous avons traversé des périodes plus cruelles que celle-ci. Alors pourquoi abandonner cette année ? Nous devons être résolus et patients et le siège finira par être levé. »

3 décembre 2008 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : APRales


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