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Obama peut mettre fin au conflit israélo-palestinien, mais relèvera-t-il le défi ?

lundi 8 décembre 2008 - 06h:33

Yinon Cohen et Neve Gordon - Counterpunch

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Nous croyons qu’il respectera sa promesse de changement et qu’il lancera une initiative courageuse qui apportera la paix aux Israéliens et aux Palestiniens. Il a à la fois l’occasion et la responsabilité de faire ainsi.

En entrant dans le Bureau ovale, Barack Obama va se retrouver confronté à une série de défis redoutables. L’un d’eux sera le vieux conflit israélo-palestinien auquel se sont attaqués, sérieusement mais en vain, tous les présidents américains depuis Jimmy Carter. Leur incapacité à parvenir à un règlement pacifique n’a pas qu’eu des répercussions fatales pour ceux qui résident en Israël et dans les Territoires occupés, elle a aussi été préjudiciable à la stabilité du Moyen-Orient et décisive pour les intérêts US dans la région.

Ces dernières années, certains des obstacles qui se sont dressés devant ces leaders politiques qui voulaient arriver à un accord pacifique basé sur la solution à deux Etats sont devenus plus difficiles. Les Palestiniens sont en pleine bataille fratricide entre la vieille garde du Fatah et les idéologues fondamentalistes du Hamas et actuellement, il n’y a aucun accord sur une direction avec laquelle il serait possible de négocier. L’arène politique israélienne s’est aussi polarisée et il serait pratiquement impossible pour n’importe quel parti vainqueur aux prochaines élections de signer un accord de paix global avec les Palestiniens, surtout que le mouvement des colons et leurs partisans contrôleront un front décisif à la Knesset.

Obama, cependant, a un avantage crucial sur ses prédécesseurs. Plusieurs années de négociations politiques (depuis la Conférence de Madrid en 1991, jusqu’à Annapolis, en passant par Oslo, Camp David, Taba) parallèlement à la publication de différentes initiatives (de l’Initiative de Genève et du Plan saoudien au projet Nussaiba/Ayalon) démontrent qu’il est possible de parvenir à un accord de paix entre les deux parties belligérantes.

La solution à deux Etats comporte trois éléments centraux :

  • 1) le retrait complet d’Israël sur la frontière de 1967 avec la possibilité d’échanges, à part égale, de territoire de sorte que toute la terre qui était occupée soit restituée.
  • 2) la division de Jérusalem selon les frontières de 1967 avec certains échanges de territoires pour garantir que chaque partie contrôle ses propres lieux saints et grands quartiers.

Ces deux clauses obligent au démantèlement des colonies israéliennes et au retour des colons juifs en Israël.

  • 3) la reconnaissance du droit au retour de tous les Palestiniens mais avec la stipulation suivante : si tous les Palestiniens pourront revenir dans l’Etat palestinien nouvellement créé, seul un nombre limité fixé par les deux parties sera autorisé à revenir en Israël ; ceux qui ne pourront pas exercer ce droit ou, qui ne le voudront pas, seront indemnisés.

Alors que les conditions à remplir pour parvenir à un accord de paix sont parfaitement connues et que la plupart des dirigeants politiques ont compris que la seule façon d’arriver à une véritable sécurité pour les deux peuples passe par un accord global, ces années de négociations n’ont donné que des résultats limités. Une ironie cruelle fait que la majorité des Juifs et des Palestiniens dans la région sont pour la solution à deux Etats mais, néanmoins, les deux parties n’arrivent pas à s’accorder car des minorités non négligeables dans les deux camps rejettent cette solution. Ces minorités ont réussi à s’emparer de leur arène politique respective et ont abouti à une impasse de laquelle on ne peut sortir que si la communauté internationale, et particulièrement les Etats-Unis, jouent un rôle plus interventionniste.

Avec une détermination et de l’audace politique, Obama peut neutraliser les minorités rejectionnistes et résoudre ce conflit sanglant une fois pour toute. Nous pensons qu’il peut atteindre cet objectif si son administration adopte la stratégie suivante : premièrement, la Maison-Blanche doit élaborer une proposition fixant les lignes directrices ci-dessus. Deuxièmement, la proposition devra être soumise aux deux parties de sorte que chacune puisse proposer de l’amender sur des points mineurs. Troisièmement, l’administration d’Obama, après maintes négociations, devra parvenir à une proposition finale (c’est-à-dire, au projet Obama). Enfin, cette proposition devra être rendue publique et soumise à référendum tant en Israël que dans les Territoires occupés, sous la pression des Etats-Unis et de la communauté internationale déclarant que les deux parties se verront récompensées si elles soutiennent cette initiative et qu’à défaut, elles seront pénalisées. Ainsi, la majorité de la population de chaque côté, et non la direction locale ou la minorité rejectionniste, pourra décider d’accepter ou de ne pas accepter le plan de paix.

La vision politique d’Obama a fait naître un espoir et pas seulement aux Etats-Unis, mais, comme sa venue à Berlin et la jubilation qui a suivi son élection le laissent penser, dans différentes populations du monde. Nous croyons qu’il respectera sa promesse de changement et qu’il lancera une initiative courageuse qui apportera la paix aux Israéliens et aux Palestiniens. Il a à la fois l’occasion et la responsabilité de faire ainsi.


Yinon Cohen est Professeur Yerushalmi d’Israël, et des Etudes juives, département de Sociologie, à l’Université Columbia de New-York.

Neve Gordon est l’auteur de L’Occupation d’Israël. Il préside le Département Politique et Gouvernement à l’Université Ben Gurion du Néguev.

De Neve Gordon :
- L’épreuve d’une refuznik, Sahar Vardi
- L’histoire passée sous silence de Ni’lin - Appel des Anarchistes contre le Mur
- Les ’Anarchistes contre le Mur’ sous le feu
- La mort de Samir Dari (avec Y. Bronner)
- Vin amer pour les Bédouins d’Israël

Counterpunch
Weekend Edition - 5/7 décembre 2008 - traduction : JPP


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