L’armée israélienne envisage les options d’une attaque contre les installations nucléaires iraniennes sans coordination avec les Etats-Unis, d’après The Jerusalem Post.

Bien que la préférence aille à une coordination avec les Etats-Unis, les hauts responsables de la Défense ont déclaré qu’Israël était en train de préparer tout un ensemble d’options pour une telle opération.

« Il est toujours préférable de se coordonner, » expliquait un fonctionnaire du ministère de la Défense la semaine dernière. « mais nous préparons aussi des options sans coordination. »

Selon les officiels israéliens, il serait difficile, mais pas impossible, de lancer une attaque contre l’Iran sans posséder les codes de l’US Air Force qui contrôle l’espace aérien iraquien. En 1991, Israël avait aussi demandé les codes pendant la première Guerre du Golfe, mais les USA avaient refusé.

« On prend tout un ensemble de risques en s’engageant dans une telle opération » dit un haut responsable israélien.

Plusieurs rapports ont affirmé récemment que le président américain George W. Bush avait refusé de donner le feu vert à Israël pour une attaque sur les installations iraniennes. Selon l’un de ces rapports, publié en septembre par le Guardian de Grande-Bretagne, le Premier ministre Ehud Olmert avait demandé le feu vert pour attaquer l’Iran en mai, mais il lui a été refusé par Bush.

En septembre, un article du Defense News, sur un système radar d’alerte précoce que les USA ont installé récemment en Israël, citait une source gouvernementale américaine selon laquelle le déploiement d’un radar en bande X et les activités dans le cadre d’une alliance de soutien mutuel envoyaient deux significations parallèles : « D’abord, nous voulons faire savoir à l’Iran que nous renforçons nos moyens dans toute la région, et spécialement en Israël. Mais, et c’est tout aussi important, nous disons ausssi aux Israéliens "Calmez-vous ! Nous faisons tout ce que nous pouvons pour nous tenir à vos côtés et renforcer les défenses car en ce moment, nous ne voulons pas vous précipiter dans une option militaire." »

« Le commandement des Etats-Unis en Europe (EUCOM) a déployé en Israël un radar en bande X de grande puissance pour soutenir les hommes et l’équipement nécessaires à une défense coordonnée contre une attaque de missiles iraniens, marquant la première présence militaire US permanente sur le sol israélien. » indique le Defense News. Le radar va permettre de réduire de plusieurs précieuses minutes le temps de réaction d’Israël à un lancement de missiles iraniens.

Dans un récent article et à peu près au même moment, le magazine Time a évoqué que, par ce déploiement du radar, il était possible que l’Amérique cherchait à garder un ?il sur l’espace aérien israélien, de façon à ne pas être surprise si, et quand, les forces armées israéliennes étaient envoyées bombarder l’Iran, un scénario que Washington voudrait éviter.

L’armée américaine a envoyé 120 membres d’EUCOM sur la base aérienne Nevatim en Israël, au sud-est de Beersheba, pour servir le nouveau radar.

La semaine dernière, le responsable du nucléaire en Iran, Gholam Reza Aghazadeh, a révélé que le pays exploitait plus de 5 000 centrifugeuses dans son usine d’enrichissement d’uranium de Natanz, et qu’il continuerait à installer des centrifugeuses et à enrichir l’uranium pour produire du combustible nucléaire pour les futures centrales nucléaires du pays.

« A l’heure actuelle, plus de 5 000 centrifugeuses sont en fonctionnement à Natanz » dit Ahazadeh, qui est aussi le responsable de l’Organisation de l’Energie atomique de l’Iran. Cela représente une augmentation significative par rapport aux 4 000 que l’Iran avaient dit en fonctionnement en août dans cette usine.

La république islamique a dit qu’il était envisagé de s’orienter vers un enrichissement à grande échelle impliquant 54 000 centrifugeuses.

Des responsables israéliens ont déclaré la semaine dernière que la baisse du prix du pétrole et les sanctions continues contre l’Iran avaient produit leur effet, même si elles n’avaient pas encore bloqué le programme nucléaire de Téhéran. Selon ces officiels, même si l’Iran faisait des avancées sur le plan technologique, il n’aurait pas la quantité d’uranium enrichi nécessaire pour une bombe nucléaire avant 2009.

« Il y a encore le temps et il n’est pas utile de se précipiter vers une opération dès maintenant » dit un autre responsable israélien. « Le régime est prêt de s’effondrer et ne sera probablement plus au pouvoir dans les 10 ans. »

Les Forces armées israéliennes préparent tout une palette d’options, a déclaré récemment le général commandant les forces aériennes, Ido Nehushtan, ajoutant que tout ce qu’il faudra pour lancer l’opération, ce sera une décision à prendre au niveau politique.

« L’armée de l’air représente une force très solide et très souple » a-t-il déclaré au Der Spiegel. «  Nous sommes prêts à faire tout ce qui nous sera demandé ».

Lundi, Téhéran écartait la possibilité d’une attaque israélienne, disant ne pas prendre Israël au sérieux.

D’après le site web Press TV, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Hassan Qashqavi, aurait déclaré aux journalistes en Iran : « Nous pensons que le développement régional et international ainsi que la situation compliquée auxquels Israël lui-même est confronté ne lui permettra pas de s’engager dans une attaque militaire contre d’autres pays », « Israël profère des menaces pour faire valoir, psychologiquement et médiatiquement, son esprit guerrier. » dit-il.

4 décembre 2008 - The Jerusalem Post - traduction : JPP